ÉLÉMENTS BIOGRAPHIQUES ET BIBLIOGRAPHIQUES

Copyright © Patrick Émile Carraud, 2003 

Alexandre DUMAS (PÈRE)


BIOGRAPHIE :

(1802 - 1870)
Né à Villers-Cotterêts le 24 juillet 1802. Mort à Puys le 5 décembre 1870.
Romancier. Dramaturge.

Écrivain très prolifique (son œuvre totalise environ trois cents titres : quatre-vingt-onze pièces de thèâtre, une centaine de romans, des récits de voyages, des essais historiques, des mémoires… ; ainsi qu'un grand nombre d'articles de presse), que, tant par la quantité de sa production que par le succès qu'elle a remporté auprès du public, l'on peut considérer, avec Honoré de Balzac et Victor Hugo, comme l'un des trois géants de la littérature du XIXe siècle.

Le grand père paternel d'Alexandre Dumas, le marquis Davy de La Pailleterie, eut, d'une esclave noire, Louise Cessette Dumas, un fils qui fut prénommé Thomas-Alexandre. En 1786 Thomas-Alexandre, sous le nom de Dumas, entreprit une carrière militaire. Il s'illustra pendant les campagnes de la République. Devenu général, Thomas-Alexandre Davy de La Pailleterie, dit Dumas, le père d'Alexandre, tomba en disgrâce sous l'Empire. Quand en 1806 il mourut, sa famille ne disposa plus que de maigres ressources.

Après de courtes études, à l'âge de quinze ans à peine, en 1816, Alexandre fut contraint de trouver un emploi. Il obtint un poste de clerc de notaire. Il s'intéressait assez peu à son travail, qui n'était en somme qu'une activité alimentaire ; il préfèrait la chasse à l'étude du droit.

En 1819 il fit une rencontre déterminante, celle d'Adolphe de Leuven qui l'aidera à produire ses premières œuvres.

En 1802 le Général Brune avait été son parrain. En 1823, à vingt et un ans, Alexandre monta vers la capitale, doté d'une utile lettre de recommandation destinée à un autre général, le général Foy. C'est à la Chancellerie du duc d'Orléans qu'un emploi d'expéditionnaire lui fut trouvé.

En parfaisant alors sa culture trop lacunaire, il rêvait déjà de gloire littéraire. Il écrivit des poèmes, des nouvelles ; puis bientôt des pièces de théâtre. Et il eut, d'une maîtresse, un fils, qui fut prénommé Alexandre (et qui deviendra Alexandre Dumas fils), qu'il reconnaîtra ensuite.

Dès 1825, en collaboration avec Adolphe de Leuven, il écrivit et fit représenter une de ses pièces (La Chasse et l'amour). Mais il fallut attendre 1829 pour que le succès de son drame historique (en prose !) Henri III et sa cour, avant celui de l'Hernani de Victor Hugo (1830) et l'annonçant, annonçant le succès de la nouvelle littérature romantique, récompensât ses efforts. Assez peu assidu dans son service, l'employé Alexandre Dumas avait subit une diminution de ses appointements. Il n'hésita pas pourtant à inviter le duc d'Orléans à la première de cette pièce. Le duc accepta l'invitation. Le 11 février 1829 donc, le duc assistait effectivement à la représentation, qui fut un immense succès.

Et alors que le public s'enthousiasmait, comme Dumas le rapporta dans ses mémoires : le duc d'Orléans écoute, debout, découvert, le nom de son employé qu'un succès, sinon des plus mérités, du moins des plus retentissants de l'époque, venait de saluer poète.

En 1830 avait lieu la première représentation de Christine (l'héroïne éponyme de la pièce est Christine de Suède), écrite pourtant avant Henri III et sa cour.

Dès ses débuts en littérature Dumas avait perçu quel gigantesque réservoir de thèmes, de sujets dramatiques constituait l'histoire, et plus particulièrement l'histoire de France. Et dans toute la suite de sa carrière il s'inspira de l'histoire nationale, sans toujours se montrer dans ses adaptations, très respecteux de la réalité historique. Dumas ne retenait de l'Histoire que les éléments les plus extraordinaires, les plus exaltants, les plus propres à émouvoir.

Ses revenus lui permirent de bientôt s'adjoindre le concours de collaborateurs, auquels il confiait notamment, à ce qu'il semble, au moins le soin de procéder aux recherches historiques proprement dites.

En 1839 commence sa collaboration avec Auguste Maquet (dont le nom, selon certains, le prédestinait à subir le sort qui fut le sien), alors jeune professeur au lycée Charlemagne. La part de Maquet, dans ce qu'il convient d'appeler l'œuvre de Dumas (pendant leur collabaration qui durera de 1839 à 1851), semble relativement importante selon les critiques.

En 1845 Dumas engagea un procès contre Eugène de Mirecourt qui avait osé écrire un pamphlet intitulé : Frabrique de romans, Alexandre Dumas et Cie.

Après le théâtre Alexandre Dumas et Cie s'attaqua à la production de romans (Les Trois Mousquetaires…). Ces romans obtinrent un immense succès. Ensuite on entreprit de tirer de ces romans des pièces de théâtre ! Les Trois Mousquetaires fut pour la première fois donné, sur la scène de l'Ambigu, le 27 février 1845 (à cette occasion rappelons que ce fut là peut-être la seule fois où le travail de Maquet fut publiquement reconnu ; en effet, Mélingue, qui avait tenu le rôle de d'Artagnan fit, à la demande de Dumas, l'annonce suivante : La pièce que nous avons eu l'honneur de représenter devant vous est de MM. Alexandre Dumas et Auguste Maquet). Le succès fut là encore immense. Le duc de Montpensier, qui avait assisté à la première, jugea qu'une telle pièce méritait un autre cadre que celui de l'Ambigu. Dumas, à qui le duc s'était ouvert de son opinion répondit que lorsque l'on a pas de théâtre à soi on fait jouer ses pièces où l'on peut. Le duc de Montpensier proposa alors à Dumas de s'entremettre pour lui obtenir l'autorisation d'ouvrir son propre théâtre. Le duc de Montpensier tint son engagement. Le 14 Mars 1846 le gouvernement délivrait l'autorisation.

Le 20 février 1847 le Théâtre Historique ouvrit au public (cinq étages, deux mille places, une scène équipée d'une machinerie des plus élaborée…). Pour son ouverture Dumas fit donner La Reine Margot : cinq actes, quatorze tableaux, un épilogue ; huit heures de spectacle.

En juillet 1847 les travaux du château de Monte-Christo, que Dumas s'est fait construire à Port-Marly, sont achevés.

Le public qui se pressait au Théâtre Historique était nombreux. Les recettes se montrèrent excellentes les premières années. Mais si Dumas gagnait beaucoup d'argent, il en avait dépensé beaucoup pour la construction du théâtre, beaucoup pour son château, beaucoup pour ses appartements. Il en dépensait beaucoup pour satisfaire un train de vie royal. Il en dépensait plus qu'il n'en gagnait. Il en dépensait trop !

Il ne paya bientôt plus les acteurs qui, en septembre 1850, imposèrent des relâches non prévues par l'affiche. Le 16 octobre 1850 l'on ne put faire autrement que fermer le Théâtre Historique.

Dumas dut vendre, avec des pertes énormes, son château (Monte-Christo) et son mobilier.

En 1851, sa très féconde collaboration avec Auguste Maquet, auquel il n'avait plus les moyens de verser une rémunération, prit fin. Il s'en suivit de longues procèdures judiciaires, Maquet estimant avoir été lésé par Dumas.

En 1848 Dumas avait déjà créé, dans la perspective de se faire élire député, une revue politique intitulée Le Mois. Mais ni en mars, ni en juin 1848 il n'avait été élu… Dumas se tourna vers le journalisme. Il fonda Le Mousquetaire, un quotidien, journal de M. Alexandre Dumas ! Il parvint à réunir une équipe rédactionnelle de premier plan : T. de Banville, R. de Beauvoir, O. Feuillet, G. de Nerval, H. de Rochefort, A. Scholl, P. Audebrand. Mais, selon ce dernier, on ne comptait pas un centime, on se contentait de promettre de l'or et de la gloire. Et la rédaction finit par démissioner, collectivement ! Dumas s'employa alors à remplir seul les pages de son journal. Mais Le Mousquetaire ne put survivre ainsi. En 1857, Dumas créa un hebdomadaire Le Monte-Christo, à la courte vie (un an environ).

Alexandre Dumas ne s'est pas contenté, pour remplir sa vie, d'écrire ou de corriger les écrits de ses collaborateurs, d'y imprimer la marque de sa patte.

Il a aimé, et ce jusqu'en son vieil âge. Mentionnons son aventure avec Adah Isaac Menken, danseuse et actrice, auteur de poèmes, et infatigable amoureuse ayant consommé déjà quatre époux avant de le rencontrer. Elle avait conçu le projet d'être son amante, l'amante de cet homme extraordinaire, si elle venait en Europe. Elle tint parole, en 1867. On peut voir une photographie les représentant tous deux : Dumas dans un fauteuil, en chemise, obèse, ses cheveux crépus gris, la tenant, elle, en tenue légère, serrée contre lui.

Il a rencontré les grands esprits de son temps (Chateaubriand, Hugo…).

Il a voyagé en Suisse, Russie, Espagne, Afrique du Nord, Italie, Prusse… Il voyagea même pour la France et au frais de la France ! En 1846 on lui demanda de faire une relation d'un voyage (que lui offrirait le gouvernement) en Afrique du Nord ; ceci afin de promouvoir l'Algérie, colonie de peuplement exerçant semblait-il peu d'attrait aux yeux des Français (il traversa l'Espagne, où, à Madrid, il assista au mariage du duc de Monpensier avec l'Infante ; le 18 novembre il embarqua à Cadix sur un navire de guerre français mis à sa disposition ; il fera modifier l'itinéraire et les activités prévus, et paressera à Tanger (longues parties de pêche…), fera des escales supplémentaires, s'attirant des remarques du Maréchal Bugeaud).

Il a connu l'exil, pour fuir ses créanciers ; après négociation avec eux, un terrain d'entente trouvé, il rentra en France.

En 1830, en 1848 il participa activement à la révolution, allant même jusqu'à démissionner de sa sinécure de bibliothècaire du duc d'Orléans (il avait été promut à ce poste, chose qui facilitait ses recherches histoiriques en le faisant bénéficier des ressources de la bibliothèque de son employeur).

Il fut trafiquant d'armes pour le compte de Garibaldi, qui le remercia en lui confiant en 1860, après la prise de Naples, la charge de conservateur de musée dans cette ville et la responsabilité de fouilles à Pompéi. Mais Dumas, qui avait fondé un journal pro-garibaldien, ne sut pas se faire apprécier des Italiens qui voyaient en lui un profiteur. Les Napolitains en vinrent à manifester contre lui. Quatre ans après son établissement à Naples il quitta donc l'Italie.

En 1866, après la bataille de Sadowa (3 juillet ; triomphe inattendu de la Prusse sur l'Autriche), Dumas parcourt les états de l'Allemagne, et rédige un roman historique, un roman de politique contemporaine, La Terreur Prussienne. Ce roman, quelque peu prémonitoire, on s'en rendra compte ultérieurement, ne rencontra pas un grand succès.

Dumas finit ses jours à la charge de ses enfants. En août 1870 il se trouve chez son fils, à Puys (près de Dieppe). C'était la guerre franco-prusienne (le 2 septembre, la défaite de Sedan). En octobre il ne quittait pratiquement plus sa chambre. Et on évitait de l'informer des événements, du déroulement de la guerre. Le 5 décembre les Prussiens entraient à Dieppe. Le soir, ce 5 décembre, vers vingt-deux heures, Alexandre Dumas mourait.

 

BIBLIOGRAPHIE :

Quelques titres : Henri III et sa cour (1829), Antony (1831), La Tour de Nesle (1832), Le Chevalier d'Harmenthal (1843), Les Trois Mousquetaires (1844), Vingt ans après (1845), La Reine Margot (1845), Le Vicomte de Bragelonne (1848), Les Mille et un fantômes (1849)…



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