ÉLÉMENTS BIOGRAPHIQUES ET BIBLIOGRAPHIQUES

Copyright © Patrick Émile Carraud, 2003 

Maria EDGEWORTH


BIOGRAPHIE :

(1767 - 1849)
Née le1er janvier 1767. Morte le 22 mai 1849.

(Auteur de langue anglaise.)
Nouvelliste.


Nous vous proposons ci-dessous l'intégralité d'une notice de J. Motheré 1,
placée en exergue d'une traduction de Contes choisis
de Miss Maria Edgeworth publiée en 1880.


« NOTICE SUR MISS EDGEWORTH.

« Maria Edgeworth naquit le 1er janvier 1767, près de Reading, dans le comté de Berks. La famille Edgeworth, d'origine anglaise, était fixée en Irlande depuis le règne d'Élisabeth, possédait des domaines considérables dans ce pays, et y faisait une assez grande figure. Tout d'ailleurs rattache Maria Edgeworth à l'Irlande et en fait sa véritable patrie : sa longue carrière, qui s'y écoula presque sans interruption ; l'affection qu'elle portait à ce pays, les efforts qu'elle a faits pour le servir, et enfin les sujets où son talent s'est exercé avec le plus de succès.

A l'âge de six ans, Maria Edgeworth perdit sa mère. Son éducation fut surveillée avec une sollicitude intelligente par son père, M. Richard Lovell Edgeworth, qui sut distinguer en elle les germes du talent, et s'appliqua de bonne heure à les développer. M. Edgeworth, lui-même écrivain de quelque mérite, assista sa fille dans toute sa carrière littéraire, fut pour elle un conseiller et un critique éclairé, et exerça sur elle un tel ascendant qu'elle écrivit peu, après qu'elle l'eut perdu.

En 1782, M. R. Edgeworth fixa définitivement sa résidence à son château d'Edgeworth-Town, situé au centre de l'Irlande, dans le comté de Longford. Après avoir vécu d'une vie jusqu'alors assez errante, à Lichfield, à Londres, à Lyon, en Irlande, occupé à des inventions de tout genre, excellentes, si elles avaient pu être réalisées, il prenait « la résolution de se consacrer désormais à l'administration de ses domaines et à l'éducation de sa famille, avec l'espoir de rendre des services au pays d'où il tirait ses revenus. » Il s'imposa en effet, pour l'intérêt du public et le sien, des travaux considérables et variés, qui durèrent tant qu'il vécut, et auxquels sa fille aînée fut associée autant que l'âge de celle-ci le permettait. Maria commença ainsi, sous la direction de son père, un véritable apprentissage de la vie.

Un grand propriétaire irlandais est aussi un administrateur public et un magistrat. M. Edgeworth paraît avoir été, dans ces fonctions diverses, singulièrement actif et heureux. Juge intègre, ne sachant pas distinguer entre l'Anglais conquérant et le Celte conquis, entre le catholique et l'anglican, son impartialité passa en proverbe, et l'on disait dans son district : « Allez devant M. Edgeworth, et vous aurez justice. » Administrateur zélé, il était sans cesse occupé d'améliorations, telles que chemins à rendre praticables, et surtout écoles à construire. Mais il ne fut nulle part plus utile que par la conduite de ses affaires privées. Alors que les propriétaires irlandais, abandonnant leurs terres et leurs paysans à des intendants rapaces, menaient en Angleterre une vie de luxe et de frivolité, M. Edgeworth, résidant sur son domaine, répandait la prospérité autour de lui, et ne laissait pas de travailler à la sienne. Il nous reste un témoignage authentique du bien qu'il a fait. Quelques années après sa mort, Edgeworth-Town était visité par sir Walter Scott. « Nous ne trouvâmes pas ici 1, comme partout en Irlande, des paysans demi-nus, logés dans des cabanes de boue. Dans le village était une école fort nombreuse ; maîtres et élèves appartenaient en proportion presque égale aux cultes catholique et protestant, et le seigneur protestant 2 venait lui-même chaque jour appuyer de sa présence l'autorité des maîtres. » La juste popularité qui récompensa le zèle et la sagesse de M. Edgeworth nous est prouvée par un fait touchant. En 1798, des paysans de l'Irlande se révoltèrent contre le gouvernement anglais, qui ne fut jamais aimé d'eux. Nombre de bourgs et de villages furent dévastés ; tous les châteaux qui tombèrent aux mains des révoltés furent pillés ou détruits, à l'exception d'un seul : le château d'Edgeworth-Town, d'où la famille avait dû fuir précipitamment, fut retrouvé intact en tout point, jusqu'aux livres laissés ouverts sur une table au moment du départ. Plus de vingt ans après, Maria Edgeworth, dans les Mémoires de son père, raconta avec émotion ce trait qui honorait à la fois le caractère de M. Edgeworth, et le naturel généreux de cette race irlandaise qu'elle aimait tant.

Cette race, elle eut, mieux que personne, l'occasion de la connaître et de l'apprécier. M. Edgeworth, fort peu secret, aimait à rendre sa famille témoin de la justice patriarcale qu'il rendait à ses tenanciers, de ses discussions d'affaires avec ses voisins ou ses fermiers. Par là il initiait les esprits de ses enfants au sentiment et à la pratique de l'équité, et aussi à cette connaissance des hommes et des affaires qui est le secret de toute honnête prospérité. Maria, l'aînée et sans doute la plus intelligente de ses enfants, prenait plus de part qu'eux tous à ces choses. Elle servait souvent de secrétaire à son père, et, en l'absence de celui-ci, recevait les fermages, ou traitait quelques affaires de seconde importance. Elle prenait ainsi ce tour d'esprit quelque peu positif qu'on remarque dans ses ouvrages ; surtout elle exerçait son talent d'observation, et recueillait en foule les traits dont elle a su peindre ses admirables tableaux de la vie irlandaise.

Tandis que ces relations avec le monde extérieur mûrissaient l'esprit de Maria, la vie intérieure de la maison paternelle servait aussi d'école à son talent. Là son concours était utile pour l'éducation d'une nombreuse jeunesse. M. Edgeworth, qui se maria quatre fois, n'eut pas moins de vingt et un enfants. En se vouant à l'éducation de sa famille, il s'était proposé, comme on le voit, une tâche fort étendue. Il y apportait non-seulement le même esprit actif et ardent qu'en toute chose, mais encore une vocation spéciale, et des théories quelquefois plus ingénieuses que solides. Chez lui, le désir d'instruire et d'éclairer, de rendre les hommes meilleurs, plus sages et plus heureux, était presque une passion : noble passion assurément, qu'il communiqua à sa fille et qui respire dans les écrits de l'un et de l'autre. Mais son zèle aspirait à suivre des chemins nouveaux. C'est ainsi qu'il s'engoua des méthodes de L'Émile de Jean-Jacques, et eut la hardiesse de les expérimenter à sa manière sur un de ses fils. Il éleva cet enfant sans le contraindre en quoi que ce fût et le laissa développer sa nature en toute liberté. Nos jeunes lecteurs apprendront sans surprise que ce jeune homme fut toujours ignorant et volontaire. Il était, par bonheur, doué d'un naturel droit, fier et courageux, en sorte que, s'il ne fut jamais un homme distingué, du moins il ne devint pas un méchant homme. Son corps, naturellement robuste, avait acquis dans ses libres jeux une souplesse et une vigueur extrêmes, et c'était le seul résultat heureux de son éducation. Avant l'âge de vingt ans, le jeune Edgeworth voulut se faire marin ; rien ne put l'en détourner, et, n'étant capable que d'un travail manuel, il fut en effet matelot.

Tout n'était pas aussi hasardé dans l'éducation des jeunes habitants d'Edgeworth-Town. Sous la direction de son père, Maria acquit, dans la pratique de l'enseignement et les soins de l'éducation, des qualités également utiles à l'écrivain et à l'instituteur : la netteté de l'exposition, la profonde connaissance des caractères, sans laquelle il est impossible d'en diriger le développement. Ce fut pour l'amusement et le profit de ses jeunes élèves qu'à l'âge de vingt-quatre ans elle écrivit ses premiers contes 3 avec les encouragements et les conseils de son père, à qui tous ses essais étaient soumis. « Quand je songeais à écrire, nous dit-elle, je traçais plusieurs plans de l'ouvrage et je les lui communiquais ; invariablement, avec l'instinct d'un critique sûr, il s'arrêtait d'abord au plan qui devait le mieux atteindre le but. « Esquissez cela, et montrez-le-moi, » disait-il. « Ces paroles, par l'expérience que j'avais de sa sagacité, ne manquaient jamais de m'inspirer l'espoir du succès. » C'était seulement quand la première esquisse avait été approuvée par son père que Maria s'appliquait à la développer. Puis le travail subissait une nouvelle épreuve ; il était lu par Maria à ses sœurs, ou même devant toute la jeune famille assemblée. Ce grave aréopage ne jugeait pas toujours en dernier ressort. « Mon père, dit Maria, me conseillait quelquefois de mettre de côté ce que j'avais fait et d'occuper ailleurs mon esprit, afin que nous pussions relire le manuscrit, après quelques mois, avec des yeux reposés. »

Pendant toute sa carrière littéraire, Maria fut ainsi dirigée, conseillée par son père, à qui elle dut l'apprentissage du métier d'écrivain, comme elle lui devait les occasions d'observer la vie et d'amasser les matériaux de ses ouvrages. Ce fut encore M. Edgeworth qui encouragea sa fille à affronter la publication, lorsqu'il la vit en pleine possession de son talent, et qui vainquit en elle les hésitations et la timidité naturelles à son sexe et à son inexpérience. Un premier ouvrage, Letters for literary ladies (1795), fut suivi de près par un recueil de contes à l'usage de la jeunesse : The Parent's Assistant 4 (1796). A partir de cette époque, et pendant plus de vingt ans, sa plume fertile ne cessa pas de produire. En 1798, l'année même de cette insurrection qui obligea la famille Edgeworth à une fuite précipitée, paraissaient les Essays on Practical Education (Essais sur l'éducation pratique), fruit du travail commun de Maria et de son père, et où toutes les questions qui touchent à l'éducation étaient étudiées dans un esprit consciencieux et libre de tout préjugé. Ce traité pédagogique commença d'appeler l'attention du public sur le nom d'Edgeworth. Ce nom arrivait définitivement à la célébrité deux ans plus tard par la publication de Castle Rackrent (1800), le plus populaire et le plus original des ouvrages de Maria, que suivaient de près Belinda et Moral Tales (Contes moraux, 1801).

Ces trois ouvrages peuvent à eux seuls résumer le talent de l'écrivain. Les Contes moraux sont le développement des principes pédagogiques exprimés dans les Essais sur l'éducation pratique, et, quoique destinés aux parents et aux maîtres, sont une lecture attrayante et utile pour la jeunesse.

Dans Belinda, l'enseignement moral revêt la forme plus ambitieuse du roman. Les personnages appartiennent à la société anglaise la plus brillante et la plus frivole. L'inanité des plaisirs mondains, le vide qu'ils laissent dans le cœur, la corruption qu'ils engendrent à la longue, le remords d'une vie remplie par les seuls triomphes de la vanité, voilà ce que l'auteur nous montre dans une peinture spirituelle et énergique.

Castle Rackrent (littéralement le Château de Saisie-Gagerie) offre l'histoire tour à tour triste et comique d'une grande famille irlandaise qui, par ses folies et ses vices, dissipe en quatre générations un vaste patrimoine et, de chute en chute, arrive à la misère et à la dégradation. Ce sujet, emprunté à la triste réalité des temps et du pays, eût pu, en plus d'un endroit, porter l'auteur jusqu'au tragique. Maria Edgeworth se contenta d'effleurer ce côté, en relevant par une forte satire le pathétique que les situations lui offraient naturellement.
D'autres avaient mis en scène des seigneurs dissipateurs, ou processifs, ou tyranniques ; l'intendant fripon qui ruine le maître et lui achète son château : le vieux valet plus fidèle à ce maître que la fortune. Ces types connus, Maria sut les rajeunir par un coloris local et les traits propres du caractère national ; elle rencontrait une création absolument nouvelle dans la peinture des paysans irlandais. Mille détails d'une observation juste et spirituelle lui servirent à peindre le caractère et les mœurs de ces populations opprimées et sympathiques ; leur cœur chaud, n'oubliant ni le bienfait ni l'injure ; leur humeur joviale, égayant la misère par les saillies d'un esprit caustique.

Avec Castle Rackrent, Maria Edgeworth commençait la série de ses tableaux de la vie irlandaise, qui sont peut-être le fondement le plus durable de sa renommée. Elle leur doit l'honneur d'avoir montré la voie à un génie supérieur. Walter Scott nous apprend, en effet, que c'est en lisant les romans irlandais de Maria Edgeworth qu'il songea pour la première fois à faire entrer dans des fictions en prose la peinture des paysages et des mœurs de l'Ecosse; et lorsque parut Waverley, le premier des chefs-d'œuvre du grand romancier, le public voulut y reconnaître un « Castle Rackrent écossais ».

Lorsqu'elle vit la popularité acquise au type nouveau qu'elle venait de créer, Miss Edgeworth voulut la faire tourner au profit des populations d'où elle l'avait tiré. De concert avec son père, elle fit paraître un Essai sur les naïvetés irlandaises, où, sous couleur de moquerie, on appelait la sympathie du public anglais sur l'intelligence, l'esprit et l'éloquence naturelle du peuple de l'Irlande.

La réputation de miss Edgeworth était fondée par le succès de trois ouvrages importants, lorsque les événements offrirent un nouveau champ à son observation. La paix d'Amiens venait, après dix ans de guerre, d'ouvrir la France aux étrangers ; ils y accouraient en foule, les Anglais surtout : de ce nombre était M. Edgeworth avec sa famille. Maria vit à Paris la meilleure société et la jugea avec indulgence, car elle assure dans ses lettres qu'elle « n'y entendit jamais causer de toilettes ni de modes, et fort peu de médisances. » Après quelques mois de séjour, M. Edgeworth reçut inopinément l'ordre de quitter Paris : la police française, trompée par le nom, croyait expulser le frère du célèbre abbé Edgeworth de Firmont, le confesseur de Louis XVI. M. Edgeworth fit entendre que l'abbé de Firmont appartenait à une branche cadette et n'était que son petit cousin ; il ne laissa pas néanmoins, sur un avis secret, de regagner l'Angleterre en toute hâte : peu après son départ les hostilités éclataient, et son fils aîné, revenant de Genève, était retenu à son passage en France, où il demeura prisonnier de guerre pendant onze ans.

Après son retour en Irlande, en 1803. Maria reprit ses travaux littéraires. Les Contes populaires parurent en 1804. Les Scènes de la Vie élégante furent publiées, en deux séries, en 1809 et 1812. Les Protégés 5 (1813) furent suivis, à long intervalle, par Harrington et Ormond (1817), ouvrage destiné à combattre les préjugés du peuple anglais contre les juifs. Peu de mois après la publication de ce dernier ouvrage, M. Edgeworth mourut. La perte de ce père dévoué, de cet ami vrai, de ce guide éclairé, arrêta Maria dans sa carrière littéraire. Elle termina, il est vrai, et publia deux ouvrages que son père avait laissés inachevés : ses Mémoires et les Premières leçons 6, commencés plus de trente ans auparavant. Mais pendant les trente-deux ans qu'elle survécut à son père elle ne produisit qu'un seul ouvrage original : Hélène (1834).

Les dernières années de Maria Edgeworth furent paisibles comme sa vie entière. Elle quittait parfois l'Irlande pour venir en Angleterre, ou même à Paris, se mêler à la société la plus distinguée de son temps, et recueillir les hommages de ses contemporains. En 1823, elle parcourut l'Écosse et visita, au château d'Abbotsford, sir Walter Scott, alors au comble de la gloire et de ta prospérité. L'admiration mutuelle des deux écrivains, la gratitude de l'un d'eux, devinrent une cordiale amitié. Deux ans plus tard, Scott à son tour, accompagné de Lockhart, son gendre et son biographe, venait en Irlande et visitait avec un égal intérêt le château où Castle Rackrent avait été écrit, et, sur le même domaine, le hameau de Pallasmore, où le plus aimable écrivain de l'Irlande, Olivier Goldsmith, avait vu le jour près d'un siècle auparavant.

Maria Edgeworth, après une vieillesse singulièrement exempte d'infirmités, s'éteignit doucement dans sa quatre-vingt-troisième année, le 22 mai 1849.

Dans ses nombreux ouvrages, Maria Edgeworth est, avant tout, moraliste ; elle observe et peint les mœurs, et elle aspire à les réformer. Son but est pratique ; elle ne nous propose point des vertus grandes et difficiles, un idéal sublime dont la contemplation élève sans doute les âmes, mais décourage par l'impossibilité de l'atteindre. Les voies où elle veut nous engager sont accessibles au grand nombre. Elle ne dédaigne point, pour nous gagner à la vertu, de nous montrer les récompenses que celle-ci peut remporter en ce monde ; chez elle la droiture est le plus sûr chemin de la prospérité, comme le vice mène à la ruine. On prête à Mme de Staël ce mot : que « Miss Edgeworth était digne de l'enthousiasme, mais qu'elle s'est perdue dans la triste utilité. » Il nous semble que Miss Edgeworth eût accepté ce jugement ; elle se fût fait gloire d'avoir contenu l'enthousiasme en elle même et de le tempérer chez les autres ; elle se fût fait gloire de son utilité.

En effet, elle ne nous enseigne pas seulement le prix de la vertu : elle nous prêche aussi la sagesse humaine. Elle pense, avec Mme de Maintenon, que « l'on n'est malheureux que par sa faute », et elle nous recommande la prudence, la prévoyance, l'exactitude dans les affaires, toutes les qualités qui fondent et conservent la prospérité. Elle veut que la raison gouverne jusqu'aux plus louables mouvements de l'âme : c'est ainsi qu'un dévouement spontané, soudain et entier, lui plaît moins qu'une générosité calculée qui proportionne le sacrifice à ses forces et ne s'expose point aux regrets tardifs.

Dans la composition de ses ouvrages, Maria est donc sans cesse préoccupée d'un enseignement moral. La marche du récit en est parfois gênée : on voudrait les événements plus piquants, plus naturellement enchaînés, quelquefois même plus vraisemblables. « Rappelez-vous, s'il vous plaît, que nous avions notre moralité à mettre en lumière » : c'est ainsi que Maria défendait son roman, Les Protégés, contre une critique de Mme Inchbald. Ses meilleurs ouvrages sont ceux où la moralité ressort du sujet sans effort, comme dans Castle Rackrent, the Absentee, Ennui. Dans tous, l'intérêt se soutient moins par la fable que par la peinture vraie du cœur, par les détails d'une observation juste et par les mérites du style. Toutes les classes de l'Angleterre et de l'Irlande fournissent à Miss Edgeworth les caractères les plus variés, qu'elle peint d'une touche délicate et ferme. Le plus souvent, elle laisse la parole à ses personnages, et, par le langage qu'ils tiennent, nous fait pénétrer jusqu'au fond de leur nature. Le dialogue est varié à l'infini, selon les personnages et les lieux. Dans les scènes de la vie élégante, la conversation a le ton de la bonne compagnie ; elle est aisée, vive, naturelle, et, dans la bouche des gens d'esprit, assaisonnée par de fines moqueries ou de spirituelles méchancetés : les sots montrent à nu leur sottise avec une sincérité inconsciente qui est du plus parfait comique. Ailleurs, le langage et les saillies populaires sont reproduits avec une vérité qui n'affaiblit pas l'intérêt, et dans plus d'une scène le pathétique est rehaussé par l'adroit contraste d'un sentiment profond et de l'expression trivialement comique. Partout le style est net et franc ; également éloigné de la négligence et de la recherche affectée, il témoigne d'une étude patiente et mûre qui a manqué à un très-grand nombre d'écrivains anglais.

Dans les ouvrages de Miss Edgeworth que cet éminent écrivain n'a pas dédaigné de composer pour l'adolescence, on trouve réunis une morale sévère, un sens droit, de l'intérêt, un style simple et correct, une langue pure et en même temps conforme à l'usage commun, en un mot, presque tous les mérites du genre. »

« 1.   Vie de sir Walter Scott, par son gendre E. G. Lockhart.
2.   C'était alors M. Lovell Edgeworth, l'aîné des frères de Maria, héritier des biens, des traditions et de l'autorité de son père.
3.   Notamment Fidèle le bon chien et L'enfant honnête et le petit voleur, qui furent écrits en 1791, quoique publiés beaucoup plus tard, et que nous avons insérés dans notre recueil.
4.   Nous avons emprunté à cet ouvrage les charmants contes intitulés Le Pigeon blanc, La Marchande de paniers, Laurent le paresseux, Tarlton.
5.   En anglais : Patronage.
6.   Early lessons : nous avons emprunté à cet ouvrage divers extraits. Le célèbre ouvrage de Day, Sandford et Alerton, devait, selon le dessein primitif, faire partie de ces Premières leçons. »


BIBLIOGRAPHIE :

Quelques titres : Le Verger aux cerises, Le Marchand d'oranges ou L'Enfant honnête et le petit voleur, Fidèle le petit chien ou L'Enfant menteur et l'enfant sincère, Henrie et Lucie, Rosamonde, La Marchande aux paniers, Le Jugement prématuré, Le Pigeon blanc, Tarlton, Laurent le paresseux, Les Collégiens de Westminster, Simple Suzanne, Mademoiselle Panache


• 1 —

La notice figurant plus haut, biographie de Miss Maria Edgeworth, a été rédigée par Joseph Désiré Alexandre Motheré (né le 27 février 1837 à Woolwich, en Grande-Bretagne ; mort à Paris le 30 janvier 1890), agrégé de l'Université, qui fut professeur au lycée Charlemagne.
J. Motheré obtint l'agrégation d'anglais en 1865.
Notons qu'il traduisit, outre Miss M. Edgeworth, le célèbre poète Alexander Pope…



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