ÉLÉMENTS BIOGRAPHIQUES ET BIBLIOGRAPHIQUES

Copyright © Patrick Émile Carraud, 2003 

Arthur de GOBINEAU


BIOGRAPHIE :

(1816 - 1882)
Né à Ville-d'Avray le 14 juillet 1816. Mort à Turin le 13 octobre 1882.
Diplomate. Orientaliste. Philologue. Romancier. Nouvelliste. Journaliste. Sculpteur.

Il s'agit de l'un des plus talentueux de nos auteurs, et peut-être de l'un des plus méconnus.

« … Au début du siècle, vingt ans après la mort de Gobineau, Anatole France pouvait encore s'étonner : « Je l'ai connu, il venait chez la princesse Mathilde. C'était un grand diable, parfaitement simple et très spirituel. On savait qu'il écrivait des livres, mais personne ne les avait lus. Alors il avait du génie ? Comme c'est curieux ! »

Il faut attendre trente ans pour que Jean Prévost écrive : « Les deux plus grands prosateurs, les plus prompts et les plus fermes du XIXe siècle : Stendhal et Gobineau… »

[…]

Enfin voici peu, Roger Nimier écrivait : « Faut-il l'égaler à Stendhal ? Sans doute. Je le crois même supérieur parce qu'il est inimitable… » » 1

Sans doute. Et sans doute la sombre réputation de son Essai sur l'inégalité des races (première partie en 1853, seconde en 1855), que les idéologues du nazisme revendiquèrent, dont ils adaptèrent les théses, poussant les conséquences de ses déductions jusqu'en des extrémités que Gobineau ne pouvait avoir soupçonnées lors de la rédaction de l'ouvrage, a-t-elle indisposé, indispose-t-elle, et peut-être indisposera-t-elle encore, ceux-là mêmes qui se découvraient, ou qui se découvrent, ou découvriront, ses admirateurs.

Il est formé au collège de Bienne (Suisse). Là l'enseignement se déroule en langue allemande. Là il découvre la culture germanique, sa littérature, sa mythologie, ses légendes. Ensuite il rejoint son père en Bretagne, à Lorient. Là il découvre la culture celtique, le vieux fond mythologique derrière le folklore. Mais très tôt, dès ses études au collège de Bienne s'est-il passionné pour l'étude de l'Orient, ses mœurs et ses coutumes exotiques. Ce goût pour l'exostisme oriental le suivra en Bretagne, où ses études des langues de l'orient, ses déguisements le feront surnommé le Pacha de Lorient.

En 1837 il s'installe à Paris, où, sans fortune, quand bien même il est issu de l'aristocratie, il ne trouve que des emplois subalternes à la Compagnie du Gaz, aux Postes. Néanmoins il s'adonne au journalisme et parvient à placer différents articles dans des publications diverses telles la Revue des Deux Mondes, ou La Quotidienne… Le voilà donc journaliste, journaliste politique, ou critique littéraire, aussi feuilletoniste… En 1838, c'est un article sur les poètes persans, publié dans France et Europe, qui le fait plus spécialement remarquer. Mais il reste pauvre, fréquente toujours Les Compagnons d'Isis, un groupe de jeunes gens au sein duquel il peut continuer à jouer au Pacha oriental et fumer le narguilé. Il s'essaie à la rédaction de romans d'aventures (Le Prisonnier chanceux, Ternove…). Il reste pauvre, mais il continue de fréquenter les salons dont son nom, sa condition, sa qualité de royaliste et de légitimiste, lui ouvrent les portes. Ainsi se forgent-ils de bonnes relations. Et quelques amitiés ; et notamment, longue et profonde amitié, celle d'Alexis de Tocqueville.

Et en 1848 éclate la révolution ! Tocqueville se retrouve bientôt, assez curieusement, ministre des affaires étrangères.

Le 15 juin 1849 Gobineau devient le chef de cabinet de son ami Alexis de Tocqueville. Tocqueville est bientôt évincé ; mais Gobineau reste. Il entame une longue carrière diplomatique qui le conduira à Berne (dès 1849), à Hanovre (1851), à Francfort (1854).

En février 1855, membre d'une mission auprès du shah de Perse, il part pour Téhéran, où il restera trois ans.

Il revient à Paris en 1858. Il achète un château. Il refuse un poste à Pékin. Il est envoyé à Terre-Neuve (pour une mission de délimitation des zones de pêche).

Mais en 1861, il retourne en Perse, cette fois comme ministre de France.

En 1864 il est nommé ministre à Athènes, en 1868 à Rio de Janeiro.

Il est de retour en France en mai 1870. Le voilà, avec le changement de régime consécutif à la guerre franco-prussienne, en disponibilité. Servir la République lui répugne quelque peu… Mais l'inaction lui est lourde à supporter près d'une épouse qui vieillit mal, alors que sa fille aînée, mariée, vit en Grèce, loin de lui. Mais il a besoin de refaire une fortune sérieusement entamée lors de ses pérégrinations au bout du monde. Il souhaite reprendre une carrière diplomatique. En 1872 on l'envoie à Stockholm. Il y restera jusqu'en 1877.

C'est à Stockholm qu'il écrit ses ouvrages les plus importants, du moins ceux qui assureront sa notoriété, Les Pléiades, Les Nouvelles asiatiques, La Renaissance.

Séparé de son épouse il connaîtra l'amour auprès de la comtesse de La Tour.

Il quitte la diplomatie en 1877.

Il fréquentera Wagner, rencontré à Rome en 1876, l'empereur du Brésil dom Pedro avec qui il voyagera…

Malgré sa relation avec madame de La Tour, la présence de celle-ci à son côté, il sembla ressentir dans ses vieux jours une certaine amertume. Il avait pu aimer, connaître l'amour, rencontrer et fréquenter de grands esprits de son temps, il avait beaucoup voyagé, il avait pu voir, connaître ce qu'il était donné à peu d'Occidentaux de découvrir, il avait beaucoup travaillé, pensé. Que pouvait-il espérer connaître de plus, alors que sa fin approchait, qui lui parût suffisemment exaltant pour lui faire retrouver comme le souffle de sa jeunesse ?

 

BIBLIOGRAPHIE :

Quelques titres : Le Prisonnier chanceux (1846), Ternove (1847), Nicolas Belavoir (1847), Mademoiselle Irnois (1847), L'Abbaye de Thyphaines (1848), Essai sur l'inégalité des races (1853 ; 1855), Trois ans en Asie, de 1855 à 1858 (1859), Traité des écritures cunéiformes (1864), Les Religions et les philosophies dans l'Asie centrale (1865), Histoire des Perses (1869), Les Pléiades (1874), Nouvelles asiatiques (1876), La Renaissance (1877).


• 1 —

R. Gérard-Dosco in Gobineau et l'Orient, postface à Gobineau : Nouvelles asiatiques, U.G.E., collection Le Monde en 10/18, 1963.



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