ÉLÉMENTS BIOGRAPHIQUES ET BIBLIOGRAPHIQUES

Copyright © Patrick Émile Carraud, 2003 

Johann Wolfgang von GŒTHE (GOETHE)


BIOGRAPHIE :

(1749 - 1832)
Né à Francfort-sur-le-Main le 28 août 1749. Mort à Weimar le 22 mars 1832.
(Auteur de langue allemande.)
Romancier. Poète. Homme politique.

Le père de Johann Wolfgang von Gœthe était un homme rigoureux et peu communicatif. Il était juriste renommé et conseiller impérial. Mais il était aussi un amoureux des arts. Il avait rapporté d'un voyage en Italie une collection de gravures de qualité qui intéressèrent fort son fils quand celui-ci fut en âge de les apprécier et qui contribuèrent à construire et développer son goût. La mère de Gœthe, beaucoup plus jeune (de vingt ans) que son époux, possédait une nature assez différente de celle de ce dernier. Elle était vive et d'un caractère particuliérement gai. Johann Wofgang von Gœthe hérita du meilleur des tempéraments opposés de chacun de ses parents.

Son père lui fit donner une éducation couvrant de larges domaines. Les précepteurs du jeune Johann Wolfgang lui apprirent langues anciennes, langues vivantes, histoire, géographie, sciences, arts ; et la danse ; mais aussi l'escrime et l'équitation…

En 1759, les Français occupèrent Francfort-sur-le-Main. Et une troupe de comédiens français se produisit au théâtre de la ville. Le jeune Gœthe put ainsi parfaire sa connaissance de notre langue et de nos auteurs.

De 1765 à 1768, conformément à la volonté de son père, il fit des études de droit, à Leipzig. Mais le droit ne le passionna pas autant que la peinture et la littérature vis-à-vis desquelles son intérêt allait grandissant. De graves ennuis de santé le contraignirent à revenir dans sa famille à Franfort-sur-le-Main. En 1770 il put reprendre ses études de droit. Mais c'est à Strasbourg qu'il les termina.

À Strasbourg il fit principalement deux rencontres qui lui apportèrent beaucoup, celle d'un homme, et celle d'une femme.

L'homme, fils d'un simple maître d'école, était Johann Gottfried Herder, théologien, philosophe, qui résida à Strasbourg de septembre 1770 à avril 1771, avant que d'être nommé pasteur à Bückeburg. Herder fit découvrir au jeune Gœthe la poésie populaire, il lui révèla les beautés cachées du vieux fond folklorique du monde germanique, le Moyen Âge allemand (architecture, etc.), certains auteurs étrangers, de différentes époques tels Homère, Shakespeare, Macpherson-Ossian 1.

La femme, la deuxième rencontre enrichissante de Gœthe à Strasbourg, était la fille d'un pasteur, celui de Sesenheim, et se nommait Frédérique Brion. Elle fut la première femme, semble-t-il, à lui inspirer un amour particuliérement intense, et contribua à exalter en lui des sentiments plus personnels, et passionnés, à faire apparaître ainsi, ou à développer son lyrisme.

Ses études achevées il quitta Strasbourg et s'en revint à Francfort. Commença alors, en 1772, sa carrière littéraire, sa carrière poétique. En quelques œuvres remarquables il devint le plus représentatif des auteurs du courant connu sous le vocable de « Sturm und Drang » : Prometheus, Götz von Berlichingen, Die Leiden des jungen Werthers (1774). À cette période il débuta la rédaction de Faust.

Surtout Götz von Berlichingen et Die Leiden des jungen Werthers provoquèrent sa brusque célèbrité. Il reçut une abondante correspondance, des personnages illustres vinrent le visiter, et de fort loin, afin de faire la connaissance du génie qu'il était tout à coup devenu. En 1775 le duc Charles-Auguste l'invite à se rendre à Weimar pour le rencontrer.

Le 7 novembre 1755, Johann Wolfgang von Gœthe arriva à Weimar. Il pensait ne demeurer en cette ville que quelques semaines, au plus. Il y demeurera, en s'autorisant toutefois une longue escapade, jusqu'à la fin de ces jours.

Le jeune duc Charles-Auguste retint le jeune génie à sa cour d'abord par les plaisirs, puis par de généreuses prébendes. Ainsi Gœthe devint-il conseiller privé, administrateur et premier ministre ! Ses charges, les connaissances qu'il dut acquérir pour leur exercice, son expérience grandissante et très différente de celle qui avait pu être la sienne jusqu'alors, influencèrent grandement sa vision du monde. Également sa fréquentation et l'influence de madame la baronne von Stein, épouse du Grand écuyer de la cour ducale, l'incitèrent à modérer ses ardeurs, à tempérer sa fougue, à maîtriser ses élans naturels, à se dominer. Désormais il ne s'inscrira plus vraiment, moins idéaliste, moins impétueux, dans le « Strurm und Drang ».

Ses fonctions officielles l'empêchèrent d'écrire autant qu'il l'aurait pu s'il avait pu dégager plus de temps pour des activités personnelles. Il poursuivit son travail sur Egmont, commencé avant son arrivée à Weimar. Il écrivit plusieurs versions d'Iphigenie. Il entama la rédaction de Torquato Tasso, celle de Wilhelm Meister.

En septembre 1786 cela faisait bientôt onze ans que Johann Wolfgang von Gœthe à l'appel du duc Charles-Auguste s'était rendu à Weimar. Mais, Gœthe, au début de septembre, n'était pas à proprement parler à Weimar. Il se trouvait en fait en villégiature à Karlsbad. Et, brusquement, le 3 septembre, sa résolution fut prise, il partit, il s'échappa ! pour l'Italie.

Il traversait sans y séjourner la Bavière, s'arrêtait environ deux semaines à Venise, et arrivait à Rome le 29 octobre (1786). Il s'intéressa à l'art romain antique, ses admirables monuments, simples, beaux, grands et nobles. Il gagna le sud de l'Italie, découvrit la campagne méditerranéenne ensoleillée, il visita Naples, rencontrant un peuple exubérant bien différent des populations allemandes et nordiques. Il put s'instruire sur la Sicile hellénique, ses vestiges. Ce voyage l'induisit à se rapprocher plus encore de l'idéal classique qui déjà à Weimar l'avait marqué, vers lequel déjà il évoluait.

En juin 1788 Gœthe revint en Allemagne, à Weimar, où il ne semble pas qu'on lui tint grande rigueur de son insouciante et impromptue soustraction à ses obligations. Il publia les drames, d'inspiration « classique », Egmont et Iphigenie in Tauris auxquels il avait mis la dernière main lors de son voyage italien. En 1789 il faisait paraître, à nouveau un drame classique alors achevé, Torquato Tasso. Mais ces dernières publications ne connurent pas le succès, pas même auprès de son entourage.

À la suite de ces déconvenues Gœthe traversa un temps de morosité, de relative solitude. Sa confiance en lui, dans les autres se voyait paticulièrement altérée. Ce fut pendant cette période de crise morale qu'il rencontra Christiane Vulpus, issue d'un milieu particulièrement humble, avec qui il eut une liaison. Cette liaison avec une ouvrière lui valut de perdre quelques amitiés à la cour, et notamment celle de la baronne von Stein, évidemment ! Néamnoins il épousera Christiane Vulpus. Et le duc lui maintiendra sa sympathie, et sa pension, tout en le déchargeant d'une bonne part de ces charges devenues si oppressantes…

En 1792 Gœthe, conséquence de la Révolution française, se trouvait dans l'entourage du duc Charles-Auguste, qu'il accompagnait à la guerre (Verdun, Valmy — où il assista à la fameuse canonnade —, Mayence). Il écrira ultérieurement des récits rapportant cette expérience : Kampagne in Frankreich, Belagerung von Mainz.

En 1794 Gœthe rencontra Friedrich Schiller (1859-1805), de dix ans son cadet. Naquit alors une amitié qui dura jusqu'à la mort de Schiller, onze ans. Ces onze années, de collaboration et de saine émulation, furent pour l'un et l'autre une époque heureuse et de grande fécondité littéraire. Gœthe mena à bien Wilhelm Meisters Lehrjahre (1795-1796), fit paraître Hermann und Dorothea (1797), ainsi que de nombreux autres textes. Il continua à travailler sur son Faust.

La mort de Schiller laissait Gœthe replié sur lui-même, plus ou moins indifférent à la marche du monde, à l'occupation de la nation allemande par l'étranger. Il ne se défendit pas d'être francophile ; et Napoléon à ses yeux incarnait ce principe d'ordre auquel il était particulièrement sensible.

Il écrivait. Il étudiait. Il publia la première partie de Faust (1808), puis un roman intitulé Die Wahlverwandtschaften (1809), et des mémoires : Dichtung und Wahrheit (1811-1814). Il laissa la poésie accaparer son esprit. Il s'absorba plus spécialement dans l'étude de la poésie orientale et publia Der Westöstliche Divan (1814-1816). Il fit paraître le récit de son voyage en Italie, Italienische Reise (1816-1829), aussi Wilhelm Meister Wanderjahre (1820-1829), et enfin la seconde partie de Faust, en 1831, heureusement mené à terme peu avant sa mort (1832).

 

BIBLIOGRAPHIE :

Quelques titres : Die Leiden des jungen Werthers (1774), Wilhelm Meisters Lehrjahre (1795-1796), Die Wahlverwandtschaften (1809), Dichtung und Wahrheit (1811-1814), Der Westöstliche Divan (1814-1816), Wilhelm Meister Wanderjahre (1820-1829), Faust (1808-1831)…


• 1 —

James Macpherson (1736-1796) en 1760 publia Fragments de poésie ancienne, dont le succès fut immense (ce fut longtemps, par exemple, l'un des livres de chevet de Napoléon Bonaparte) et l'influence sur la littérature romantique relativement importante.
Ces Fragments de poésie ancienne étaient inspirés de textes originaux en gaélique (irlandais) et en erse (écossais, autre langue gaélique). Ces textes originaux étaient attribués à Ossian, un barde mythique de l'Écosse ancienne (IIIe siècle).
D'aucuns, les poèmes épiques originaux étant demeurés inconnus jusque-là en Angleterre, estimèrent que Macpherson était un mystificateur (comme plus tard certains pensèrent que Hersart de La Villemarqué le fut lorsqu'il publia son Barzaz-Breiz).
Les poèmes originaux furent publiés en 1807.
Toutefois prenez connaissance de ce commentaire que fait Philippe Le Stum dans une note de bas de page (note 1, page 15) de son ouvrage Le Néo-druidisme en Bretagne – Origine, naissance et développement, 1890-1914 (éditions Ouest-France, 1998) à propos de l'ouvrage de Macpherson : « À partir de fragments authentiques traduits, liés entre eux et très considérablement augmentés, Macpherson avait composé une longue épopée qu'il attribuait à un barde du IIIe siècle. Sur cette supercherie littéraire et son extraordinaire « fortune » artistique, voir le catalogue de l'exposition Ossian, Paris, Grand Palais, 1974.»



HYPERLIEN VERS LA PAGE D'ACCUEIL

Copyright © Carraud-Baudry, 2001-2016 

HYPERLIEN VERS LE PLAN DU SITE