ÉLÉMENTS BIOGRAPHIQUES ET BIBLIOGRAPHIQUES

Copyright © Patrick Émile Carraud, 2003 

Théodore Claude Henri HERSART DE LA VILLEMARQUÉ


BIOGRAPHIE :

(1815 - 1895)
Né à Quimperlé le 6 (ou le 7) juillet 1815. Mort le 8 décembre 1895.
Essayiste. Poète. Membre de l'Institut (élu le 21 mai 1858 membre libre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres).

Théodore Hersart de La Villemarqué naît dans une famille aristocratique de Bretagne. Il est le benjamin d'une famille de huit enfants. Son enfance se déroule à proximité de Pont-Aven, à Nizon, au manoir familial du Plessix.

Il fréquente les cours du collège des jésuites à Auray, les cours du Petit-séminaire de Guérande, et obtient son baccalauréat à Rennes en 1833. Puis il poursuit ses études à Paris, à l'école des Chartes 1.

À Paris il fréquente certains des salons où se retrouvent les intellectuels de son temps. Chez A. Gourcuff il rencontre notamment Auguste Brizeux, Jean-François Le Gonidec et Émile Souvestre.

Théodore Hersart de La Villemarqué avait appris à parler breton lors de son enfance dans son pays natal. Mais c'est à Paris en fait, auprès de Le Gonidec, qu'il découvre le patrimoine culturel breton, prend réellement conscience de sa richesse, c'est auprès de Le Gonidec qu'il va parachever la connaissance qu'il a pu acquérir de la langue bretonne étant enfant (auprès des enfants de son âge, auprès de sa mère, bretonnante, qui s'intéressait aux récits, aux légendes, aux chants du folklore breton), et en maîtriser l'écriture.

Théodore Hersart de La Villemarqué publie le Barzaz Breiz le 24 août 1839 2, à Paris. Le Barzaz Breiz est un recueil, un florilège de chants traditionnels bretons, contant diverses légendes, diverses fables, illustrant divers événements historiques — de la petite ou de la grande histoire.

Le Barzaz Breiz rencontre un immense succès chez le public cultivé, non seulement en France, mais également à l'étranger, où il est souvent traduit. Du vivant de Hersart de La Villemarqué, une seconde édition en paraît en 1845, une troisième en 1867 3 ; chacune de ces éditions se voit enrichie par rapport à la précédente.

Dès après la publication de 1867 du Barzaz Breiz, on remettait en cause son authenticité.

Comme d'autres auparavant l'avait reproché, en Grande-Bretagne, à James Macpherson 4 à propos de sa publication de Fragments de poésie ancienne, l'on reprocha au vicomte Hersart de La Villemarqué à propos du Barzaz Breiz, de s'être livré à une mystification, d'avoir inventé, rédigé de toutes pièces les textes, ou certains des textes, qui le composaient.

Jamais le vicomte ne daigna répondre à ses détracteurs (mais justice lui fut rendu en 1989, lorsque, après avoir découvert en 1964, dans les archives familiales des Hersart de La Villemarqué, trois épais carnets manuscrits où le vicomte avait prit des notes au cours de ses collectes de chants, Donatien Laurent 5 fit publié son ouvrage Aux Sources du Barzaz Breiz – La Mémoire d'un peuple).

Théodore Hersart de La Villemarqué se marie en 1846. Il épouse Clémence Tarbé qui lui donne quatre enfants.

En 1870, au décès de son épouse, il se fixe à Keransker.

Il meurt en 1895.

Le vicomte Théodore Hersart de La Villemarqué mérite que l'on se souvienne de lui, pour avoir sauvé de l'oubli des éléments parmi les plus beaux de la culture bretonne, comme de l'un des précurseurs du renouveau culturel celtique, et druidique, sur le continent (à l'image d'un Iolo Morganwg, ou d'un John Toland en Angleterre 6), comme de l'un des principaux initiateurs du renouveau régionnaliste, voire indépendantiste, breton.

« Au début de 1837, Théodore Hersart de La Villemarqué entra, par l'intermédiaire de Le Gonidec, en relation avec Thomas Price. Celui-ci dirigeait la Cymdeithas Cymreigyddion y Fenny, « Société des galloisants d'Abergavenny ». Le Breton Alexis-François Rio (1797-1874), historien d'art, catholique et royaliste militant, qui avait épousé une galloise et résidait en Galles, avait pris part à la formation de cette société. Le Gonidec et La Villemarqué y furent bientôt admis, ainsi qu'Auguste Brizeux, comme membres d'honneur. À l'occasion du cinquième anniversaire de la création du groupe, Abergavenny fut choisi pour recevoir l'eisteddfod annuelle. Sur le conseil de Rio, la Cymdeithas Cymreigyddion invita aux festivités plusieurs personnalités bretonnes. » 7

« La prise de conscience culturelle en Bretagne commença avec Jean François Marie Le Gonidec († 1838). Réfugié au Pays de Galles au moment de la Révolution française, il avait été le témoin du réveil culturel gallois. […] Il fut suivi en particulier par Auguste Brizeux et Hersart de La Villemarqué. […]

« Cependant le vicomte Hersart de La Villemarqué (1815-1895) fut le premier Breton des temps modernes à assister à une eisteddfod galloise, à Abergavenny, en 1838, et à s'y faire initier. Il était accompagné de deux autres Bretons : du Marc'hallac'h et un certain Rio. […]

« Hersart de La Villemarqué prit le nom bardique de Hersaty Kervarker. […]

« La Villemarqué ne tenta pas de fonder tout de suite l'équivalent de la Gorsedd galloise qui était alors loin d'être aussi bien structurée qu'actuellement. Néanmoins il fonda en 1855 une Breuriez Barzed Breiz, c'est à dire une Fraternité des Bardes de Bretagne regroupant des hommes de lettres décidés à publier en langue bretonne, tels François-Marie Luzel, Milin, Le Scour, Jean-Marie Lejean, sans toutefois que cette Breuriez ne tint des « assises » comparables à celles de la Gorsedd galloise. » 8.

Une statue de Théodore Hersart de La Villemarqué est visible à Quimperlé, rue Terre de Vannes, à proximité du Pont Fleuri.

 

BIBLIOGRAPHIE :

Quelques titres : Essai sur l'histoire de la langue bretonne (1837), Barzaz Breiz – Chants populaires de la Bretagne (1839, 1845, 1867), Contes populaires des anciens Bretons (1842), Dictionnaire français-breton, Nouvelle grammaire bretonne — Prosodie (1847), Notices sur les principaux manuscrits des anciens Bretons (1850), La Légende celtique en Irlande, en Cambrie et en Bretagne — suivie des textes originaux en irlandais, gallois et breton (1859 - 1864), Les Bardes bretons. Poèmes du VIe siècle (1860), Myrdhinn ou l'Enchanteur Merlin (1862), Les romans de la Table Ronde et les Contes des anciens Bretons (1861), Le Grand Mystère de Jésus (traduction d'une pièce de l'an 1530, suivie d'une étude sur Le Théâtre chez les nations celtiques — 1865), Poèmes bretons du Moyen Âge (1879), La Légende de saint Gurthiem, fondateur de Quimperlé (1880)…


• 1 —

Fondée en 1821, l'École nationale des chartes est un établissement d'enseignement supérieur destiné à la formation d'archivistes, de paléographes.

• 2 —

1838 selon certaines sources.

• 3 —

Cette édition (comportant une longue introduction, les traductions en français des chants, les textes en breton, et des notes abondantes relatives à chaque chant, leurs partitions musicales, un enrichissant épilogue) a fait l'objet d'un reprint, à la présentation avantageuse (la qualité — hélas !— n'en est toutefois pas tout à fait exemplaire — surexposition—, mais néanmoins relativement acceptable), de la part des éditions Librairie Académique Perrin, en 1963 (Barzaz Breiz – Chants populaires de la Bretagne).
En 1997 les éditions Coop Breiz – Spezet, ont publié, avec une préface de Per Denez, une version du Barzaz Breiz qui n'est malheureusement pas bilingue (Le Barzhaz Breizh – Trésor de la littérature orale de la Bretagne).

• 4 —

James Macpherson (1736-1796) en 1760 publia Fragments de poésie ancienne, dont le succès fut immense et dont l'influence sur la littérature romantique relativement importante.
Ces Fragments de poésie ancienne étaient inspirés de textes originaux en gaélique (irlandais) et en erse (écossais, autre langue gaélique). Ces textes originaux étaient attribués à Ossian, un barde mythique de l'Écosse ancienne (IIIe siècle).
D'aucuns, les poèmes épiques originaux étant demeurés inconnus jusque-là en Angleterre, estimèrent que Macpherson était un mystificateur.
Les poèmes originaux furent publiés en 1807.
Toutefois prenez connaissance de ce commentaire que fait Philippe Le Stum dans une note de bas de page (note 1, page 15) de son ouvrage Le Néo-druidisme en Bretagne – Origine, naissance et développement, 1890-1914 (éditions Ouest-France, 1998) à propos de l'ouvrage de Macpherson : « À partir de fragments authentiques traduits, liés entre eux et très considérablement augmentés, Macpherson avait composé une longue épopée qu'il attribuait à un barde du IIIe siècle. Sur cette supercherie littéraire et son extraordinaire « fortune » artistique, voir le catalogue de l'exposition Ossian, Paris, Grand Palais, 1974.»

• 5 —

LAURENT, Donatien. Aux Sources du Barzaz Breiz – La Mémoire d'un peuple. Douarnenez : Armen - Le Chasse-Marée, 1989.

• 6 —

« […] « Du moins, ce que j'ai lu, ou ce qu'on m'a raconté, c'était assez approchant. Mais ça se passait plus tard. Quelques décennies plus tard. Pendant la Révolution française. Une colline à Londres. Une cérémonie. Druidique. Au début de l'été. Au solstice 6 ! Célébrée par un Gallois ; un nationaliste gallois ! Je pense me souvenir : un type du Pays de Galles, oui. Auquel les autorités ont enjoint de quitter la ville peu après !
— Iolo Morganwg.
— Pardon ?
— Iolo Morganwg. C'est à dire : Iolo de Clamorgan 7. Son nom… de baptême, assez banal pour le pays, je l'ai oublié 8. Iolo Morganwg : c'est le nom du Gallois en question. Un pseudonyme qu'il s'était choisi. Son nom initiatique si on veut.
« Un maçon. Un autodidacte de génie ! Qui a prit conscience, lors de son séjour à Londres, de la richesse que constituaient toute la tradition bardique, les chants traditionnels appris dans sa jeunesse, au Pays de Galles. Cette prise de conscience sans doute l'a-t-il due à la fermentation druidique provoquée par John Toland et ses amis. John Toland, l'Irlandais libre-penseur favorable à l'Ancienne Religion. John Toland à l'origine du court cérémonial de l'équinoxe de 1716, à Primrose Hill.
« Ce court cérémonial c'est la proclamation dont je parlais tout à l'heure : « sous le soleil, œil de lumière », la proclamation, selon la forme traditionnelle, « selon les anciens usages », annonçant, un an et un jour auparavant, la réunion à laquelle étaient conviés tous les Bosquets de Grande-Bretagne !
« L'Ancienne Religion, la vieille religion des druides avait été interdite par les empereurs Auguste et Tibère. Et les chrétiens, dont la religion sera elle aussi interdite, la seule autre interdite, par les Romains, s'emploieront activement dès le quatrième siècle, avec alors l'appui de l'autorité impériale, à lutter contre ses survivances, celles du paganisme. John Toland voulait fédérer les cercles s'inspirant encore et toujours de l'Ancienne Religion malgré le temps et les événements. Il voulait donner un nouvel élan au druidisme, le faire sortir de son ghetto de happy few.
— De happy few, dites-vous… de heureux et rares élus ! De heureux et rares initiés !
— Voilà, tout à fait. J'ajoute, car il faut bien le dire, que si l'époque de Iolo Morganwg connaissait une certaine fermentation dans les milieux favorables à l'Ancienne Religion, elle devait nécessairement aussi en connaître dans tous les niveaux de la société.
« Au niveau politique. Cromwell ça ne faisait pas si longtemps, après tout. L'exécution de Charles Ier. Les cahiers de doléances des soldats de certains régiments de la révolution anglaise, qui mirent dans l'embarras leurs leaders. Et les maîtres de ces révolutionnaires trop en avance sur leur temps, avaient étouffé dans un bain de sang l'aspiration à plus de liberté de ces hommes trop fiers, aspirant à trop de liberté ! Ces maîtres avaient restauré la monarchie ! Tout ça, c'était relativement récent.
« Et, sur l'autre rive de la Manche, ici, en France, c'était la Révolution, vous l'avez dit. Et les principes prônés par les révolutionnaires français, héritiers des révolutionnaires les plus révolutionnaires de Grande-Bretagne du siècle précédent, ces principes ne déplaisaient pas au Gallois Iolo Morganwg ! Il n'est pas très étonnant que le brave Iolo, ce provincial, ce Gallois indépendantiste, ait été expulsé, comme vous vous en souvenez, de la capitale anglaise. […] »
 
« 6.  Le 21 juin 1792. Il s'agit là de la célébration de la première « Gorsedd » druidique moderne.
« 7.  Il était originaire du Clamorganshire.
« 8.  Edward Williams (1747-1826).
[…] » ; in : RAUDRAC DU BRAY, Émile. Privilège de Nécessité (roman). Fondettes : Carraud-Baudry Éditions, 2000. N.B. : livre électronique au format PDF.

• 7 —

In : LE STUM, Philippe. Le Néo-druidisme en Bretagne – Origine, naissance et développement, 1890-1914. Rennes : éditions Ouest-France, 1998. Ouvrage excellent et particulièrement bien documenté (comportant de plus de très intéressantes photographies, et des reproductions de gravures anciennes).

• 8 —

In : RAOULT, Michel. Les Druides – Les Sociétés initiatiques celtiques contemporaines. Monaco : Éditions Du Rocher, 1992. Autre ouvrage excellent, et également fort documenté.


N.B. : Sachez qu'une biographie de Le Gonidec, publiée en 1949, fut rédigée par Louis Dujardin ; quant à Hersart de La villemarqué, une biographie détaillée le concernant fut écrite par Francis Gourvil, et publiée en 1959 ; et, plus récemment, Donatien Laurent a publié Aux Sources du Barzaz Breiz, aux éditions Ar Men – Le Chasse Marée, en 1989.



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