ÉLÉMENTS BIOGRAPHIQUES ET BIBLIOGRAPHIQUES

Copyright © Patrick Émile Carraud, 2003 

MIRABEAU (Honoré Gabriel RIQUETTI ou RIQUETI, comte de)


BIOGRAPHIE :

(1749 - 1791)
Né au château de Le Bignon (dénomination actuelle : Le Bignon-Mirabeau ; dans le Gâtinais — département du Loiret) en 1749. Mort à Paris le 2 avril 1791.
Homme politique (orateur de grand talent). Écrivain.


Nous vous proposons ci-dessous une notice consacrée au comte de Mirabeau,
extraite de l'édition de 1875 de l'épais ouvrage de Louis Grégoire intitulé
Dictionnaire encyclopédique d'Histoire, de Biographie,
de Mythologie et de Géographie
.


« Mirabeau (HONORÉ-GABRIEL Riquetti, comte DE), orateur, […], né au Bignon près de Nemours, 1749. Élevé durement par son père, il fut incorporé par lui dans le régiment de Berri-Cavalerie, 1767 : enfermé à la suite d'une intrigue, dans le fort de l'île de Ré, il y écrivit l'Essai sur le despotisme. Il partit ensuite avec le régiment Royal-Comtois pour la Corse, où ses chefs obtinrent pour lui le brevet de capitaine de dragons. Marié en 1772 et retiré dans le château de Mirabeau, il s'y endetta, se fit interdire, et, par l'ordre de son père, fut enfermé de nouveau au château d'If, d'où on le transporta au fort de Joux, près de Pontarlier. Il s'échappa, enlevant Mme de Monnier, femme d'un ancien président de la cour des comptes de Dôle. Il se réfugia avec elle en Suisse et en Hollande. Découvert et arrêté, il subit, au donjon de Vincennes, une captivité de 42 mois, 1777-1780, entretenant avec Mme de Monnier une correspondance, publiée plus tard sous ce titre : Lettres originales de Mirabeau, 4 vol. in-8o, 1792. Il y écrivit aussi divers ouvrages, parmi lesquels est un Essai sur les lettres de cachet. Mis en liberté, il plaida, à Pontarlier pour faire révoquer un arrêt capital porté contre lui, et, à Aix, contre une demande de séparation présentée par sa femme : celle-ci, défendue par Portalis, obtint gain de cause, 1783. Il voyagea ensuite en Angleterre, où il publia ses Considérations sur l'ordre de Cincinnatus, 1784, et en Allemagne où il rassembla les matériaux de son livre intitulé la Monarchie prussienne, 1788. Répudié par la noblesse de Provence lors de l'élection aux États-généraux de 1789, il se fit élire député du tiers-état à Aix. Dès l'origine il publia le Courrier de Provence, résumé des débats de l'Assemblée, 1789-1791, et prit son rang dans la fameuse séance du 23 juin, où il adressa à M. de Brézé l'apostrophe qui se termine, selon le Moniteur, par ces mots : « Nous ne quitterons nos places que par la puissance des baïonnettes. » Le 26 décembre il prononça son fameux discours Contre la banqueroute, où il fit voter la contribution du quart du revenu, proposé par Necker. Éloquent organe de la Révolution, mais en même temps homme d'État, il défendit la prérogative royale dans la question du veto, et dans celle du droit de guerre et de paix : il l'emporta, non sans peine, sur ce dernier point. Son influence, décisive désormais sur l'Assemblée, apparut encore dans la discussion de la loi sur l'émigration, qu'il fit rejeter, 28 fév. 1791. Depuis le mois de mai 1790, il était devenu le conseiller secret, mais indépendant, de Louis XVI, qu'il servait à sa manière et selon ses vues propres, bien qu'il en reçut 6,000 livres par mois. Il mourut épuisé par tous les genres d'excès, le 2 avril 1791. — On a édité ses Œuvres, 1825-1827, 9 vol. in-8o, mais l'édition est incomplète. — V. Mémoires de Mirabeau par Lucas de Montigny, son fils adoptif ; Correspondance de Mirabeau et de La Marck, 1851. » ; in : GRÉGOIRE, Louis. Dictionnaire encyclopédique d'histoire, de biographie, de mythologie et de géogrpaphie. Paris : Garnier Frères, libraires-éditeurs, 1875. IV et 2074 p. ; et 77 p. (supplément). P. 1353 (col. 1).

 


Nous vous proposons en outre, ci-dessous,
des extraits de l'ouvrage, au ton vif et rapide, de Louis Madelin, intitulé
Les Hommes de la Révolution — Conférences prononcées à la « Société des Conférences » en 1928
(Paris, Librairie Plon, 1928).
Ces extraits sont issus du chapitre II : Mirabeau ou Le Révolutionnaire malgré lui.


« On l'a dit versatile et impressionnable. Sous ses apparentes variations, sa pensée au fond restera cependant la même. C'est en ce sens qu'il dira qu'il n'a jamais été payé pour desservir ses idées, mais pour les servir. Et son ennemi, La Fayette, avouera qu'« il ne s'est jamais fait payer que dans le sens de ses opinions. »

« Ces opinions, nous les connaissons. Je n'y reviendrai pas. Elles resteront constantes : la Révolution a été nécessaire, non pour ruiner l'autorité royale, mais pour la libérer. Rien d'un cardinal de Retz, qui ne cherche d'instinct qu'à troubler un État, pour y faire sa place, mais bien plutôt des tendances à se faire le Richelieu d'une monarchie affranchie — ce Richelieu dont le nom revient constamment sous sa plume et dans sa bouche »

« […] L'envoyé du roi se croisa, à son seuil, avec celui du club des Jacobins. Le tragique malentendu dont il mourait subsistait.

« Le 2 avril, il se sentait à bout : « Mon ami, dit-il à Cabanis, je mourrai aujourd'hui. Quand on en est là, il ne reste plus qu'une chose à faire, c'est de se parfumer, de se couronner de fleurs et de s'environner de musique afin d'entrer agréablement dans ce sommeil dont on ne se réveille plus. »

« […] Il mourait en partie du désespoir que lui causait une révolution qu'il avait tant contribué à déchaîner et qui, maintenant, il le prévoyait plus clairement que personne, allait ruiner un pays qu'il paraît avoir aimé : « Je vois si clairement que nous sommes dans l'anarchie et que nous nous y enfonçons tous les jours davantage, avait-il écrit un an auparavant au roi. Je suis si indigné de l'idée que je n'aurais contribué qu'à une vaste démolition. »

« Il n'avait décidément contribué « qu'à une vaste démolition. » Il avait eu le mérite du moins de voir la faute et — même avec l'espoir de la réparer —d'en faire l'aveu. »

« Le soir de la mort de Mirabeau, le ministre de Louis XVI , Montmorin, disait à Malouet : « Je suis désespéré. Nous serons tous massacrés. » Et ils le furent en effet.

« Je suis convaincu que Mirabeau, s'il eût vécu, eût été massacré avec eux. Mais je dirai avec un de ceux qui l'ont beaucoup connu : « C'est le seul homme auquel on ait pu faire l'honneur de croire que, s'il eût vécu, les destinées de la France auraient pu prendre un cours différent » »


Ajoutons quelques citations de Gabriel Honoré Riquetti, comte de Mirabeau (citations relevées dans l'ouvrage de Louis Madelin, mentionné ci-dessus), et quelques précisions :
• Après son échec à se faire élire par la noblesse de Provence aux états généraux : « Dans tous les temps, dans tous les âges, les aristocrates ont implacablement poursuivi les amis du peuple. Si, par je ne sais quelle combinaison de la fortune, il s'en est élevé quelqu'un dans leur sein, c'est celui-là surtout qu'il ont frappé… Ainsi périt le dernier des Gracques, de la main des patriciens. Mais atteint du coup mortel, il lança de la poussière vers le ciel en attestant les dieux vengeurs ; et de cette poussière nacquit Marius, Marius moins grand pour avoir exterminé les Cimbres que pour avoir abattu dans Rome l'aristocratie de la noblesse. »
• Le 15 juillet 1789, Mirabeau prend la parole devant l'Assemblée, après trois jours de silence, et ne s'y être pas présenté la veille, pendant les événemments, et dénonce très vivement les manœuvres de la reine et de la cour. Ensuite, alors que le roi Louis XVI avait fait prévenir de sa venue, Mirabeau déclare : « Le sang de nos frères coule à Paris. Qu'un morne respect soit le premier accueil fait au monarque par les représentants d'un peuple malheureux. Le silence des peuples est la leçon des rois. »
• Dans l'ambiance entourant la nuit du 4 août 1789, où l'Assemblée vota l'abolition des privilège, l'abolition du régime féodale : « Nous ne sommes pas des sauvages arrivant des bords de l'Orénoque pour former une société ; nous avons un gouvernement préexistant, des préjugés préexistantstant. Il faut autant que possible assortir toutes ces choses à la Révolution et sauver la soudaineté du passage. »
• « On ne connaît pas toute la puissance de ma laideur. »
• Pour soutenir le droit de veto du roi : « Je ne connaîtrais rien de plus terrible que l'aristocratie souveraine de six cents personnes. »
• « Je suis l'homme du rétablissement de l'ordre, mais non du rétablissement de l'ordre ancien. »

Mirabeau fut le principal « instigateur de la mise à la disposition de la nation des biens du clergé » (in Dictionnaire Hachette multimédia encyclopédique, 1998).


BIBLIOGRAPHIE :

Quelques titres : Essai sur le despotisme (rédigé en captivité), Erotika Biblion (rédigé en captivité probablement lors des années 1779-1780 — publié pour la première fois en 1783), Considérations sur l'ordre de Cincinnatus (1784), Essai sur les lettres de cachet (????), L'Histoire secrète de la cour de Prusse (????), Lettres sur l'Administration de M. Necker (plusieurs « lettres » furent publiée ; la première fut interdite par arrêt du Conseil, la deuxième fut publiée depuis les Pays-Bas autrichiens où Mirabeau jugea prudent de se retirer un temps ; ces lettres fort critiques firent l'objet de dix brochures), La Monarchie prussienne (trois tomes, 1788), Lettres originales de Mirabeau ou Lettres à Sophie (4 volumes in-8o, 1792 — il s'agit de lettres écrites avec l'aimable autorisation du Général de Police Lenoir à Sophie de Ruffey, épouse du marquis de Monnier, avec laquelle, en 1776, il avait prit la fuite), Œuvres (1825-1827 — publication posthume — réputée incomplète), Correspondance de Mirabeau et de La Marck 1 (1851 — publication posthume). Mirabeau écrivit aussi Ma Conversion, et rédigea en outre pour sa maîtresse Sophie de Ruffey de nombreuses traductions, de Boccace, de Tibule, des Baisers de Jean Second


• 1 —

Auguste Marie Raymond d'Aremberg, comte de la Marck (La Marck, ou Lamark, parfois, selon les auteurs ; ne pas le confondre avec Jean-Baptiste Pierre Antoine de Monet de Lamarck [1744-1829] le naturaliste, ou avec Maximilien comte Lamarque [1770-1832]). Petit-fils de Léopold Philippe de Ligne, prince d'Aremberg, duc d'Aerschot et de Croy, feld-maréchal, gouverneur du Hainault, protecteur un temps du poète Jean-Baptiste Rousseau.

Auguste Marie Raymond d'Aremberg, comte de la Marck ; «  il était né à Bruxelles en 1753 ; mais il servit la France à la tête d'un régiment allemand de ce nom pendant la guerre d'Amérique. Député aux états généraux, comme propriétraire dans la Flandre française, il se déclara d'abord en faveur du tiers état ; puis il chercha à réconcilier avec la cour son ami, Mirabeau, qui mourut entre ses bras et qui lui confia sa correspondance et ses papiers. Il servit l'Autriche, comme général, après 1793, entra à la création du royaume des Pays-Bas, en 1815, dans l'armée néerlandaise, et mourut en 1833. » (in Dictionnaire encyclopédique d'Histoire, de Biographie, de Mythologie et de Géographie de Louis Grégoire, Paris, Garnier Frères libraires-éditeurs, 1875).



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