ÉLÉMENTS BIOGRAPHIQUES ET BIBLIOGRAPHIQUES

Copyright © Patrick Émile Carraud, 2003 

Charles NODIER


BIOGRAPHIE :

(1780 - 1844)
Né à Besançon le 29 avril 1780. Mort à Paris le 27 janvier 1844.
Romancier. Nouvelliste. Essayiste. Journaliste. Académicien français.

Charles Nodier est le fils d'un avocat, Antoine-Melchior Nodier, président du tribunal criminel du Doubs pendant la Révolution (de 1790 à 1799). Sa mère se nomme Suzanne Paris. Charles Nodier ne sera officiellement reconnu par son père, qu'à l'âge de onze ans.

Pendant la Terreur on le confie à un ami de son père, le naturaliste Girod de Chantrans, habitant à Novillars ; ensuite à l'accusateur public E. Schneider, à Strasbourg. Peu après, Schneider est guillotiné ; aussi, en 1793 le jeune Nodier est de retour à besançon. Mais un peu plus tard on juge préférable de lui faire quitter encore une fois la ville. Il n'y revient qu'en 1796, alors que la vie politique, et judiciaire sans doute, est plus calme, plus stable. Il y fréquente l'École centrale.

Bientôt il écrit. Il rédige une autobiographie (Moi-même). Et il publie, en 1798, Dissertation sur l'usage des antennes chez les insectes. Il ne tarde pas à écrire dans la presse locale.

Après le coup d'état du 18 brumaire par lequel Bonaparte met en place le Consulat, Nodier, royaliste, affiche ses convictions politiques. Il a fondé un club, la chose était à la mode alors, celui des Philadelphes (Société des Philadelphes). Il participe à un ouvrage collectif publié par cette société (Essais littéraires par une société de jeunes gens).

Nodier effectue plusieurs séjours à Paris. Il y passe même l'hiver 1800-1801.

Il revient ensuite à Besançon, y devient bibliothècaire adjoint de l'École centrale, et publie Petite bibliographie des insectes, et aussi Pensées de Shakespeare.

En octobre 1801 il retourne vivre à Paris. Il écrit ses premiers romans : Les Proscrits, Le Peintre de Salzbourg, Les Méditations du Cloître, Le Dernier Chapitre de mon roman (ouvrage libertin). Il publie aussi un Dictionnaire des onomatopées françaises ; et La Napoléone, un texte d'opposition (en vers) à Napoléon Bonaparte. Le 23 décembre 1803 il est arrêté et incarcéré pendant plus d'un mois. Libéré, il est assigné à résidence à Besançon. Il écrit les Essais d'un jeune barde.

Mais son engagement politique lui vaut de bientôt participer à une conspiration contre Napoléon Bonaparte (conspiration de l'Alliance). La plupart des conspirateurs sont arrêtés. Il parvient à passer au travers des mailles du filet napoléonien, et gagne la clandestinité dont il ne sortira que vers le milieu de l'année 1805. Alors, bénéficiant de la protection du préfet Jean Debry, il peut à nouveau s'établir à Besançon.

En 1806, il publie Les Tristes, ou Mélanges tirés des tablettes d'un suicide.

En 1808 il crée un cours de philosophie et d'histoire naturelle. Il épouse la fille du juge Claude Charve, Désirée 1. Nodier devient, à Amiens, le secrétaire d'un riche et érudit Anglais, sir Herbert Croft. Riche, cet Anglais ne le demeure pas longtemps, et ne peut garder Nodier à son service. Les Nodier viennent vivre alors dans la famille de Désirée, à Quintigny (près de Lons-le-Saulnier). En 1809 Nodier publie Archéologue, ou Système universel et raisonné des langues. En 1810 naît sa fille Marie, qui, plus tard, sera la lumière éblouissant nombre des romantiques fréquentant le salon de son père à l'Arsenal. Nodier écrit Questions de littérature légale.

En 1812, mettant sous le boisseau ses convictions royalistes, il parvient à obtenir un poste de bibliothécaire, à Laibach (de nos jours Ljubljana). En service dès janvier 1813 dans cette capitale de provinces relevant de l'Empire napoléonien, Nodier édite donc Le Télégraphe officiel des Provinces Illlyriennes 2. Devant l'avancée des troupes autrichiennes les Nodier doivent quitter l'Illyrie dès le mois de septembre suivant.

Ils gagnent d'abord Quintigny, puis Paris. Nodier participe au Journal de l'Empire (futur Journal des débats). Il fait la connaissance de quelques écrivains (Ballanche, Millevoye…).

Après Waterloo, la chute de Napoléon (avril 1814), Nodier manifeste son allégeance au roi Louis XVIII. Mais Napoléon revient au pouvoir (les Cent-Jours, de mars à juin 1815), et Nodier doit chercher refuge chez le duc de Caylus.

Nodier publie, de façon anonyme, Les Philadelphes. Histoire des sociétés secrétes de l'armée.

Après les Cent-Jours Nodier peut revenir à Paris.

Il collabore au Journal des débats et publie en 1818 un roman remarqué, Jean Sbogar.

Ne parvenant pas à obtenir un passeport qu'on lui refuse, en mesure d'obtenir un poste à l'université d'Odessa, il doit y renoncer. Il se consacre donc à une activité de journaliste, donnant des textes à différents journaux, à son activité de romancier ; il publie Thérèse Aubert, Adèle, Lord Ruthwen ou les Vampires. Il rédige les deux volumes de Mélanges de littérature et de critique.

En 1821 il publie Smarra ou les Démons de la nuit. Ensuite il publie Promenade de Dieppe aux montagnes d'Écosse.

Il rédige de nombreuses préfaces, un recueil d'histoires d'horreur (Infernalia), un conte : Trilby ou le Lutin d'Argail (1822).

Les romantiques rassemblés autour de Victor Hugo vouent à Nodier une certaine estime, surtout depuis qu'il a défendu dans un article de La Quotidienne le Han d'Islande de Hugo. Une amitié naît entre Hugo et Nodier.

En 1824, le 3 janvier, Nodier est nommé bibliothécaire du comte d'Artois, à l'Arsenal. C'est à l'Arsenal que va loger Nodier, là qu'il tiendra salon, recevant les auteurs de son temps.

Cette année 1824 le comte d'Artois devient Charles X. Nodier et Hugo assistent au sacre du roi. Ils accompliront ensuite ensemble plusieurs voyages.

En 1828 Nodier publie Examen critique des dictionnaires de langue française. À partir de 1829 il écrit dans La Revue de Paris, où il publie sous forme de feuilleton Souvenirs et portraits de la Révolution.

En 1830, après la révolution de juillet (journées des 27, 28 et 29 juillet, les Trois Glorieuses), Louis-Philippe monte sur le trône, mais Nodier conserve son poste à l'Arsenal. C'est en 1830 qu'il publie un texte étrange, Histoire du roi de Bohême et de ses sept châteaux (les développements de l'Histoire y sont sans cesse différés ; l'ouvrage est émaillé de complications typographiques…).

Nodier produit des essais, tels que De quelques Phénomènes du sommeil, ou Mémoires de Maxime Odin (= Souvenirs de jeunesse), ou encore De la Palingénésie et de la Résurrection… Il produit aussi des romans, des contes, des nouvelles, Mademoiselle de Marsan, Histoire d'Héléne Gillet, Le Songe d'or, L'Amour et le Grimoire, La Fée aux miettes, Hurlubleu, Léviathan-le-Long, Jean-François les Bas-Bleus, La Combe de l'homme mort, Les Morts fiancés, Sybille Mérian

En 1833 Charles Nodier est élu à l'Académie française.
Malgré une santé qui se dégrade il continue sa carrière littéraire. Il fonde en 1835 Le Bulletin du bibliophile. Il rédige encore maintes préfaces, encore maints ouvrages : Paul ou la Ressemblance, Inès de las Sierras, La Légende de sœur Béatrix, Lydie et la Résurrection, Voyage pittoresque et industriel dans le Paraguay-Roux. Sa dernière œuvre, Franciscus Columna paraît en 1844.

C'est en 1844 qu'il meurt, à l'Arsenal.

« […] Nodier est l'un des esprits les plus profondément romantiques de sa génération, par son idéologie passéiste mais aussi par l'attention qu'il accorde au rêve, à l'imaginaire, au fantastique. Très influencé par les théories illuministes du XVIIIe siècle et par le roman noir anglais, il n'a cessé d'explorer, dans ses contes (féeriques, fantastiques ou mystiques), l'univers du sommeil et du cauchemar : « le sommeil, proclame-t-il, est l'état non seulement le plus puissant, mais le plus lucide de la pensée ». […] » 3

 

BIBLIOGRAPHIE :

Quelques titres : Le Peintre de Salzbourg (1803), Jean Sbogar (1812), Thérèse Aubert (1819), Adèle (1820), Smarra ou les Démons de la nuit (1821), Trilby ou le Lutin d'Argail (1822), Du Fantastique en littérature (1830), Histoire du roi de Bohême et de ses sept châteaux (1830), Mademoiselle de Marsan (1832), La Fée aux miettes (1832), La Combe de l'homme mort (1833), Trésor des Fèves et Fleurs des Pois (1833), La Légende de sœur Béatrix (1837), Lydie et la Résurrection (1838), Franciscus Columna (1844)…


• 1 —

Cette Désirée, par son père, est la demie sœur de Lucile Franque, la première femme que Charles Nodier avait aimée, alors qu'il résidait à Paris.

• 2 —

Les Provinces Illyriennes relevèrent de L'Empire français de 1809 à 1813. L'Illirye est une région montagneuse, sur les rives de la mer Adriatique.

• 3 —

Extrait de l'article consacré à Nodier Charles, in La Littérature française de A à Z, ouvrage collectif sous la direction de Claude Eterstein, éditions Hatier, 1998.



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