C'est l'Œil ardent du Grand Dragon,
Le soleil tout puissant,
Qui chaque jour parcourt le ciel !
 
Comme un roi sur son trône Il règne tout là-haut,
Lui le Très Grand Dragon !
Et cela pour toujours ; tant que sera le monde !
 
Ô Toi, Très Grand Dragon céleste !
Apparaissant depuis les cieux, et surgissant
De la terre, des eaux d'en haut, des eaux d'en bas,
Tu règnes sur tout, le visible et l'invisible,
Sur tous les mondes, inférieurs ou supérieurs ;
Tu règnes sur le Monde !
 
Ô grande puissance céleste,
Créatrice et ordonnatrice de nos vies,
Régulatrice de nos vices !
De ton vaste ciel tombe ta foudre impétueuse,
Génératrice de la Crainte et du Respect.
De ton vaste ciel tombe ta pluie généreuse,
Dispensatrice de Bonne Fertilité
Et de Prospérité.
 
Sur ton échine ailée les Héros Immortels
Escaladent les cieux,
Dévalent en de secrets enfers innommables !
 
Sur ta très large tête,
Et ta crinière de leurs deux mains empoignée,
À ta crinière leurs barbes rêches mêlées,
Les dents serrées, leurs joues contre ton crâne immense,
Par tes grands yeux ils s'ouvrent à la Connaissance !
 
Par ta queue fougueuse aux secousses formidables
Ébranlant jusqu'en leurs plus profondes assises
L'empire et le prestige des temps révolus,
Avec fascination ils pénètrent le Sens,
L'Essence de tout ce qui fut,
De tout ce qui enfin doit être transcendé !
 
Grand Dragon, gardien vigilant
De la Perle qui donne Science,
Conscience et puis Autorité,
Grand Dragon, gardien vigilant
Des richesses matérielles, immatérielles,
De chaque prodigieuse merveille des mondes,
Grand Dragon, gardien vigilant
Et du Souvenir, et de l'Immortalité,
Dragon ! Tu règnes sur les cieux,
Sur les terres et sur les eaux,
Sur les mondes, et au-dessus, et en dessous.
Mais aussi, Tu règnes en nous !
En nos faibles esprits, en nos âmes profondes !
 
À l'image des deux beaux dragons affrontés
Des vénérables et anciens Mabinogion,
Dans leur tombe de pierre, dessous la montagne,
Sous les roches dures et épaisses,
Au cœur de la vieille île de Grande-Bretagne,
Tu es livide comme la Mort,
Écarlate comme le feu de la Colère,
Brûlant comme le souffle âpre de la Violence !
Froid comme l'implacable Vengeance !
 
Ton pouvoir et ta puissance sont mystérieux,
Comme ton besoin de vengeance est impérieux !
Et de la loi du talion
Tu ne peux te satisfaire,
Car ta loi est bien plus juste,
Plus vieille, plus effroyable !
 
Grand Dragon, gardien vigilant et vigoureux,
Tu distingues le Bien, Tu distingues le Mal,
Tu peux le Bien ! Et le Mal !
Et en notre cœur, Tu veilles !
 
En notre cœur, comme en un vieux coffre de pierre,
Tout au-dedans de nous, attentif, Tu sommeilles !
Et malheur, à qui T'éveille !

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— Copyright © Patrick Émile Carraud, 2000 —

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