SERRES, Olivier (de). « Le Théâtre d’agriculture et mesnage des champs »;, d’Olivier de Serres, seigneur du Pradel ; « dans lequel est représenté tout ce qui est requis et nécessaire pour bien dresser gouverner, enrichir et embellir la maison rustique »;. Paris : Société d’agriculture du département de la Seine — Imprimerie et librairie de Madame Huzard ; 2 tomes en 4 volumes ; Tome I, Ière Partie : CXCII p. et 204 p., Tome I, IIe Partie, de la p. 206 à la p. 672 (467 p.), an XII [1804] ; Tome II, Ière Partie : XLIV p. et 524 p., Tome II, IIe Partie, de la p. 526 à la p. 948 (423 p.), an XIV [1805].
- LE THÉÂTRE D’AGRICULTURE ET MESNAGE DES CHAMPS. — ESSAI - TEXTE TECHNIQUE - APPRENTISSAGES - MÉTHODE — (+++++).
« Depuis longtemps, sans doute, des esprits judicieux s’étaient efforcés de relever la position des cultivateurs, de les instruire, de répandre ce que 1'expérience avait appris, soit dans nos contrées, soit chez les peuples voisins. Personne ne pourrait méconnaître ce qui est dû aux Olivier de Serres, aux Duhamel, aux Rozier, et à tous ceux qui ont marché sur leurs traces. »; (In : BÉCUS, Édouard. Mathieu de Dombasle — Sa vie et ses œuvres. Paris : Librairie agricole de la maison rustique, Me Ve Bouchard-Huzard ; Nancy : Éd. André, libraire-éditeur ; 1874. 116 p. P. 100).
Nous vous avons proposé par ailleurs sur notre site de faire la connaissance d’un célèbre agronome français, C.-J.-A. Mathieu de Dombasle (1777 — 1843), auteur d’un célèbre ouvrage d’agronomie intitulé « Calendrier du bon cultivateur ou Manuel de l’agriculteur praticien »;. Mais, comme le reconnaît implicitement Édouard Bécus, admiratif biographe de Mr Mathieu de Dombasle, Olivier de Serres (1539 — 1619) peut, et doit, plus que tout autre parmi les auteurs mentionnés dans la citation ci-dessus, être considéré comme le père de l’agronomie française.
Extrait de l’« ÉLOGE D’OLIVIER DE SERRES, SEIGNEUR DU PRADEL, AUTEUR DU THÉÂTRE D’AGRICULTURE, prononcé dans la Séance publique de la Société d’Agriculture du Département de la Seine, à Paris, le premier jour complémentaire an XI (18 Septembre 1803). Par N. FRANÇOIS (DE NEUFCHATEAU) »; :
« Une méprise bien plus forte, est celle qui est échappée à l’abbé de l’Écluse, rédacteur des Mémoires de Sully, en 1745. Il transforme OLIVIER DE SERRES en un manufacturier provençal, nommé Serran, qui entreprit, dit-il, de faire des étoffes de l’écorce la plus fine des mûriers (tome II, in-4°. page 473). Il est clair que ce prétendu manufacturier provençal est notre grand agriculteur languedocien, et qu’il s’agit ici de sa découverte importante sur le parti qu’on peut tirer de l’écorce du mûrier blanc.
« On ne peut le dissimuler : ce sont des étrangers qui ont commencé à lui rendre une justice entière. Pattullo, écossois, auteur d’un Essai sur l’amélioration des terres, publié en 1758, soutint, à cette époque, que l’agriculture, du temps d’Henri IV, étoit meilleure que celle du règne de Louis XV, et il ne lui fut pas difficile d’en trouver les preuves dans l’ouvrage d’OLIVIER DE SERRES.
« Le Linné de la Suisse, le célèbre Haller, dans sa Bibliothèque Botanique, n’en parle pas avec moins d’estime. Il caractérise en peu de mots, suivant son usage, le Théâtre d’Agriculture. De la part de Haller, ces mots valent tout un éloge. Il dit que c’est un grand et bel ouvrage, d’un homme qui parle d’après son expérience, qui aime les moyens simples, et qui ne cherche pas des artifices dispendieux. Haller ajoute un autre trait non moins caractéristique de l’exactitude et des soins avec lesquels Olivier de Serres a écrit, c’est qu’il est le premier agronome qui nous ait donné en détail l’histoire de la pomme de terre, alors assez récemment apportée d’Amérique. L’influence de la découverte du Nouveau-Monde, qui a changé, à tant d’égards, la face de l’ancien Continent, n’étoit pas encore bien appréciée ; on ne faisoit attention qu’aux mines du Pérou ; mais la conquête de la pomme de terre, plus précieuse que les mines, ne pouvoit échapper au génie d’OLIVIER DE SERRES.
« Dès 1738, dans un petit ouvrage latin, sur le genre de l’ail, Haller avoit cité la méthode indiquée par OLIVIER DE SERRES pour faire grossir les aulx.
« M. Arthur Young, dans son voyage en France, avant la révolution, a voulu se faire conduire au Pradel (ancien domaine d’OLIVIER DE SERRES, occupé aujourd’hui par M. de Mirabel, héritier d’OLIVIER DE SERRES par les femmes). M. Young parle du Pradel et de notre Olivier avec enthousiasme. Nous savons même que, lorsqu’il apperçut de loin une vieille tour, du temps d’Olivier de Serres, qui existe encore, et qu’on a eu le mérite de conserver dans les constructions modernes du Pradel, il descendit de cheval, et salua ce monument antique et vénérable par des génuflexions et des exclamations multipliées. La publication du voyage de M. Arthur Young n’a pas peu contribué a réveiller, en France, l’attention publique sur la culture en général, et en particulier sur OLIVIER DE SERRES. Mais il faut 1’entendre lui-même.
« « Arrivé à Villeneuve-de-Berg, le 20 Août 1789, je demandai, »; dit-il, où l’on pouvoit trouver, dans ce pays, Pradelles, dont étoit seigneur Olivier de Serres, écrivain fort célébré sur l’agriculture, pendant le règne d’Henri IV. On me montra, sur-le-champ, de la chambre où nous étions. la maison qui lui appartenoit dans Villeneuve, et l’on m’informa que Pradelles étoit à une lieue de la ville. Comme c’étoit un objet dont j’avois pris note avant que de venir en France, cela me donna beaucoup de satisfaction. M. de La Boissière, avocat-général au parlement de Grenoble, qui a traduit Sterne en françois, vint me trouver, et, comme je paroissois m’intéresser fort à OLIVIER DE SERRES, offrit d’aller avec moi à Pradelles. C’étoit une chose que je désirois avec trop d’ardeur pour la refuser, et j’ai passé peu d’après-midi plus agréablement. Je contemplai la résidence du père de l’agriculture françoise (qui étoit, sans contredit, un des premiers écrivains sur ce sujet, qui eût encore paru dans le monde), avec cette espèce de vénération, qui ne peut être sentie que par ceux qui se sont fortement adonnés à quelque recherche favorite, et qui se trouvent, dans de pareils momens, satisfaits de la manière la plus délicieuse.
« « Qu’il me soit permis (c’est toujours M. Arthur Young qui parle d’Olivier de Serres), qu’il me soit permis d’honorer sa mémoire deux cents ans après sa mort ! C’étoit un excellent cultivateur et un vrai patriote, et Henri IV ne l’auroit pas choisi comme son principal agent dans le grand projet d’introduire la culture de la soie en France, s’il n’avoit pas joui d’une grande réputation, bien méritée, sans doute, puisque la postérité l’a confirmée. Le temps où il pratiquoit l’agriculture est trop éloigné pour que l’on puisse donner autre chose qu’une esquisse de ce que l’on supposoit être sa ferme. Le fond du sol est de pierre à chaux j il y a un grand bois de chênes près du château, et plusieurs vignobles avec nombre de mûriers, dont quelques-uns, en apparence, assez vieux pour ; voir été plantés de la main de ce vénérable génie, qui a rendu ce sol classique. La terre de Pradelles, qui rapporte environ cinq mille livres de rente, appartient à présent au marquis de Mirabel, qui l’a héritée du côté de sa femme, comme descendante de DE SERRES. Je souhaiterois (continue encore M. Young) qu’elle fût, pour toujours, exempte d’impôts. Celui dont les écrits ont jeté les fondemens de l’arnélioration d’un royaume, devroit laisser à la postérité quelques marques de la reconnoissance de ses compatriotes. Quand on montra au présent évêque de Sisteron la ferme de de Serbes, il dit que la Nation auroit dû élever une statue à sa mémoire. Ce sentiment n’est pas sans mérite, quoique ce ne soit qu’une expression ordinaire. »; (Voyages en France, pendant les années 1787-1790, par Arthur Young, traduits par F. Soulès, tome II, in-8°, page 41.) ».
[In :« Le Théâtre d’agriculture et mesnage des champs »;, d’Olivier de serres, seigneur du Pradel ; « dans lequel est représenté tout ce qui est requis et nécessaire pour bien dresser gouverner, enrichir et embellir la maison rustique ». Paris : Société d’agriculture du département de la Seine — Imprimerie et librairie de Madame Huzard ; 2 tomes en 4 volumes ; Tome I, Ière Partie : CXCII p. et 204 p., Tome I, II? Partie, de la p. 206 à la p. 672 (467 p.), an XII [1804] ; Tome II, Ière Partie : XLIV p. et 524 p., Tome II, IIe Partie, de la p. 526 à la p. 948 (423 p.), an XIV [1805] ; tome I, 1ère Partie, p. XXVII-XXX)].
Le « Sommaire général de tout l’ouvrage »; se trouve présenté fort brièvement en page CXCII, au commencement du Tome Ier en ces termes :
« ICI EST FACILEMENT REPRÉSENTÉ L’ART DE BIEN EMPLOIER ET CULTIVER LA TERRE EN TOUTES SES PARTIES, SELON SES DIVERSES QUALITÉS ET CLIMATS, TANT PAR LA DOCTRINE DES ANCIENS ET MODERNES, QUE PAR L’EXPÉRIENCE ; DE DRESSER LA MAISON, DE L’AUGMENTER EN REVENU, DE BIEN CONDUIRE LA FAMILLE ; ET ICELLE POURVOIR DE TOUTES CHOSES UTILES ET NÉCESSAIRES POUR LE VIVRE ET VESTURE, LA CONSERVATION DE LA SANTÉ, LA GUÉRISON DES MALADIES, PLAISIR ET DÉLECTATION, MESME POUR LA CHASSE, ET AUTRES LOUABLES EXERCICES DU GENTIL-HOMME. ».
« Le Théâtre d’agriculture et mesnage des champs »; est divisé en « LIEUX »; (au nombre de 8 — huit), ces « LIEUX »; eux-mêmes divisés en chapitres…
PREMIER LIEU :
DU DEVOIR DU MESNAGER, c'est-à-dire, de bien cognoistre et choisir les terres, pour les acquérir et employer selon leur naturel. Approprier l’habitation champestre, et ordonner de la conduite de son message.
CHAPITRE PREMIER. De la cognoissance des terres.
CHAPITRE II. Du chois et élection des terres , et acquests d’icelles.
CHAPITRE III. La manière de mesurer les terres.
CHAPITRE IV. Disposer la terre selon ses propriétés.
CHAPITRE V. Dessein du bastiment champestre.
CHAPITRE VI. De l’office du père-de-famille envers ses domestiques, et voisins.
CHAPITRE VII. Des saisons de l’année, et termes de la lune, pour les affaires du mesnage.
CHAPITRE VIII. Des façons du mesnage.
SECOND LIEU :
DU LABOURAGE DES TERRES-À-GRAINS, pour avoir des blés de toutes sortes.
Nombre de chapitres : 7.
TROISIESME LIEU :
DE LA CULTURE DE LA VIGNE. Pour avoir des vins de toutes sortes, aussi des passerilles et autres gentillesses procédantes des raisins. Ensemble de se pourvoir d’autres boissons, pour les endroits où la vigne ne peut croistre.
Nombre de chapitres : 15.
QUATRIESME LIEU :
DU BESTAIL À QUATRE PIEDS, des pasturages pour son vivre, de son entretenement, et des commodités qu’on en tire.
Nombre de chapitres : 16.
CINQUIESME LIEU :
DE LA CONDUICTE DU POULAILLER, du colombier, de la garenne, du parc, de l’estang, du ruscher, et des vers-à-soie.
Nombre de chapitres : 16.
SIXIESME LIEU :
DES JARDINAGES, pour avoir des herbes et fruicts potagers : des herbes et fleurs odorantes : des herbes médecinales : des fruicts des arbres : du safran , du lin, du chanvre, du guesde, de la garance, des chardons-à-draps, des roseaux : en suite, la manière de faire les cloisons pour la conservation des fruicts en général.
Nombre de chapitres : 30.
SEPTIESME LIEU :
DE L’EAU ET DU BOIS.
Nombre de chapitres : 12.
HUICTIESME LIEU :
DE L’USAGE DES ALIMENS, et de l’honneste comportement en la solitude de la campagne.
Nombre de chapitres : 7.
— Voir, Tome Ier, IIe Partie, pages 667 à 671 (p. 474 à 671 du fichier pdf) la table des matières (Inhaltsverzeichnis ; dans l’affichage des Signets — les signets sont, pour certains, rédigés en langue allemande : ainsi Seite = Page) de l’intégralité du tome premier (1ère et 2nde partie).
— Voir, Tome II, IIe Partie, pages 944 à 948 (429 à 433 du fichier pdf) la table des matières (Inhaltsverzeichnis ; dans l’affichage des Signets — les signets sont, pour certains, rédigés en langue allemande : ainsi Seite = Page) de l’intégralité du tome second (1ère et 2nde partie).
Dans le volumineux ouvrage d’Olivier de Serres le lecteur contemporain, agriculteur, cultivateur, éleveur, amateur ou professionnel, entrepreneur, chef d’entreprise, « bio »; ou non, trouvera sûrement de judicieux conseils, d’instructives remarques et considérations, qu’il se soucie de fidéliser des pigeons à son pigeonnier, d’élever des lapins dans un espace très vaste ou particulièrement réduit, ou de manager convenablement ses employés ; « […] dans la première partie de cet ouvrage, intitulée Du devoir du mesnager, Olivier de Serres précise, notamment, que le mesnager saura « commander ceux qu’il a sous soi, en puisse tirer l’obéissance nécessaire »;515 aux activités en considérant les humeurs de chacun y compris celles des personnes qui ne sont pas nées pour servir, inaccoutumées donc à la contrainte. Pour conduire les hommes, ce mesnager imitera le général d’armée. »; [In : BAUDRY, Marie-Josèphe. Manager donator versus manager œconomicus - Une étude des relations hiérarchiques au sein d'entreprises, une proposition de formation au management éthique : conversation, participation, coopération, don, reconnaissance, confiance. Fondettes : Carraud-Baudry, 2012. A4 : 480 p. ; A5 : 740 p. (livre numérique – PDF). P. 365 (format A4) ; texte de la note de bas de page n°515 : « DE SERRES, Olivier. Le théâtre d'agriculture et mesnage des champs. Introduction par Pierre Lieutaghi. Arles : Actes Sud, 2001, conforme à l'édition de 1804-1805, p. 102. »;].