DE LA DÉNOMINATION DE CHACUNE DE NOS COLLECTIONS…

Rappel : un double-clic dans la page provoque un retour vers le haut de page.

Copyright © Carraud-Baudry, 2001-2017 


« Prenez garde, consuls ! Que la république ne souffre de vous aucun dommage. »… Par cette formule, le sénat romain donnait aux consuls, à qui il confiait dans les périodes de crise les pleins pouvoirs, un avertissement solennel…
C A V E A N T     C O N S V L E S
 
N E     Q V I D     D E T R I M E N T I
 
R E S P V B L I C A     C A P I A T
« Prenez garde, consuls ! Que la république ne souffre de vous aucun dommage. »… Par cette formule, le sénat romain donnait aux consuls, à qui il confiait dans les périodes de crise les pleins pouvoirs, un avertissement solennel…

AD USUM DELPHINI AERE PERENNIUS DE OMNI RE SCIBILI ET QUIBUSDAM ALIIS
DOMUS DRACONIS ECCE HOMO FELIX QUI POTUIT RERUM COGNOSCERE CAUSAS
HORRESCO REFERENS IMAGO MUNDI JANUS BIFRONS
LILIUM GALLIAE NON LICET OMNIBUS ADIRE CORINTHUM NULLA DIES SINE LINEA
  ULTIMA THULE  

• AD USUM DELPHINI : « À l'Usage du Dauphin ».

« HUET, (Pierre-Daniel) naquit à Caen en 1630, et mourut à Paris en 1721, à l'âge de 91 ans. Huet prit du goût pour la philosophie dans les Principes de Descartes, et pour l'érudition dans la Géographie sacrée de Bochart. Ce dernier le mena avec lui en Suède. Christine lui fit l'accueil dont elle honorait les savans étrangers. De retour dans sa patrie, il institua une académie de physique, dont il fut le chef. En 1770, Bossuet ayant été nommé précepteur du Dauphin, Huet fut choisi pour sous-précepteur. C'est alors qu'il forma le plan des éditions ad usum Delphini, éditions qu'il dirigea en partie. […] ». In DESESSARTS, N.-L.-M. Les Siècles littéraires de la France, ou Nouveau Dictionnaire, historique, critique, et bibliographique, de tous les Écrivains français, morts et vivants, jusqu'à la fin du XVIIIe Siècle. Tome troisième. Paris : chez l'auteur, imprimeur-libraire, Place de l'Odéon, an VIII (1800). 490 p. P. 484.

Cette dénomination, Ad usum Delphini, fut donnée « aux excellentes éditions des classiques latins entreprises pour le Dauphin, fils de Louis XIV, mais dont on avait retranché quelques passages trop crus. On emploie ironiquement cette formule à propos de publications expurgées ou arrangées pour les besoins de la cause ». In GILLON, Étienne, HOLLIER-LAROUSSE, Jacques, IBOS-AUGÉ, Jean, MOREAU, Claude, MOREAU, Jean-Louis ; (tous : dir.). Dictionnaire encyclopédique pour tous. Petit Larousse en couleurs. Paris : Librairie Larousse, 1972. 1664 p. et XVI « pages roses ». Page rose I.

Vers la liste des collections


• AERE PERENNIUS : « Plus durable que l'Airain » (l'airain est une désignation ancienne, poétique du bronze ; le bronze était généralement un alliage de cuivre et d'étain, mais il peut être composé d'un alliage de cuivre et d'autres métaux qui en améliorent les qualités — le zinc notamment… ).

Il s'agit de la deuxième partie d'un vers de l'auteur latin Horace (Odes, livre III, XXX) : « Exegi monumentum aere perennius / Regalique situ Pyramidum altius ; / Quod non imber edax, non Aquilo inpotens / Possit diruere, aut innumerabilis / Annorume series, et fuga temporum. » : « Oui, j'élève à ma gloire un monument pompeux, / Plus stable que l'airain et que les pyramides, / Des puissants rois d'Égypte ouvrage somptueux ; / qui ne redoute point les outrages rapides / Des frimas destructeurs et des autans fougueux, / Et des ans fugitifs l'innombrable série. » (HORACE. Odes d'Horace, traduites en Vers français, par un ancien Général de Division de la grande Armée. Traduction par le lieutenant-général baron Delort. Paris : Lecointe, 1831. 610 p. P. 382, 383).

Voici une autre traduction de l'ode XXX (que nous citons entièrement ici) du livre III des Odes d'Horace (extraite de : HORACE. Les Œuvres d'Horace Poëte latin du Siècle d'Auguste. Odes ; Satires ; Épîtres ; Art poétique. Traducton nouvelle par M. Jules Janin. Paris : Librairie de L. Hachette et Cie, 1855. 376 p. P. 98) : « Je l'ai donc terminé ce monument parfait, plus durable que l'airain, égal en hauteur à la plus haute pyramide ! Et maintenant l'eau peut mordre et le vent briser, le temps détruire ; au bout de toutes ces années innombrables la meilleure part de moi-même sera vivante ; enfin je ne mourrai pas tout entier. / Aussi longtemps que la prêtresse de Vesta et le prêtre de Jupiter franchiront d'un pas silencieux les degrés du Capitole, ma gloire ira montant sans cesse et toujours nouvelle ; sur les bords de l'Aufide impétueux, dans les plaines arides où Daunus régna sur un peuple de laboureurs, je serai reconnu le premier des poëtes latins qui ait touché aux lyres d'Êolie. / Ainsi, ma muse, soyez fière à bon droit de ces louanges méritées, et, glorieuse, honorez le front de votre poëte du laurier d'Apollon. »

Vers la liste des collections


• DE OMNI RE SCIBILI ET QUIBUSDAM ALIIS : « De toutes les Choses qu'on peut savoir, et de quelques autres ».

« De omni re scibili était la devise du fameux Pic de La Mirandole, qui se faisait fort de tenir tête, à tout venant, sur tout ce que l'homme peut savoir ; et quibusdam aliis, est sans doute une addition de quelque plaisant. La devise avec son supplément est passée en proverbe et désigne ironiquement un homme qui croit tout savoir.

[…] « Dès que Nodier paraissait, c'était un cri ; mais dès qu'il ouvrait la bouche, silence absolu. Alors Nodier narrait, Nodier paradoxait de omni re scibili et quibusdam aliis. / A. DUMAS, la Femme au collier de velours.

« Au seizième siècle, parler de tout devint un métier ; surtout chez les nations qui échappèrent aux influences du Nord, et qui restèrent sous la loi de la tradition romaine ou grecque ; la littératue proprement dite naquit. Pic de La Mirandole, un de ces jeunes sophistes éclatants qui firent explosion à la fin du moyen âge, définissait très bien ce métier : Le talent de tout expliquer, de tout commenter, de discuter sans fin ni trêve de omnibus rebus et quibusdam aliis : de tout ce qui existe et de quelque chose encore par dessus le marché. / PHILARÈTE CHASLES. »

La traduction en français de l'intitulé de la collection ainsi que les textes cités ensuite sont extrait de l'ouvrage suivant : LAROUSSE, P. Flore latine des Dames et des Gens du Monde ou Clef des Citations latines que l'on rencontre fréquemment dans les Ouvrages des Écrivains français. Préface de Jules Janin. Paris : Larousse et Boyer, Libraires-Éditeurs, 1861. XXXIX p. et 519 p. P. 94, 95.

Vers la liste des collections


Gravure de Gustave Doré, tirée de l'ouvrage de X.-B. Saintine intitulé : La Mythologie du Rhin (édition de 1876).

• DOMUS DRACONIS : « La Demeure du Dragon », « La Maison du Dragon ».

 « […]

 « 59. Elle vit sortir une seconde fois de l'océan une terre éternellement verte ; elle vit tomber des cascades ; les aigles, qui guettent le poisson du haut de la montagne, planaient au-dessus des eaux.

« 60. Les Ases s'assemblent dans l'enceinte du rempart d'Ida ; ils parlent de la poussière puissante laissée par le passé, des preuves de force données dans ce temps, et des runes immémoriales de Fimbul-Tyr.

« 61. Alors les Ases retrouveront dans l'herbe les merveilleuses tablettes d'or possédées autrefois par le général des dieux, le descendant de Fjœlnir.

« 62. La terre portera des moissons non semées, la misère disparaîtra. Balder reviendra et bâtira avec Hœder la salle des prédestinés de Hropt, ce saint palais des dieux. Me comprenez-vous, oui ou non ?

« 63. Hœner choisira la part qu'il voudra ; les enfants des deux frères bâtiront la vaste Vindhem. Me comprenez-vous, oui ou non ?

« 64. Elle voit un palais plus beau que le soleil et couvert d'or, sur Gimle-la-Haute ; les races bonnes y seront heureuses éternellement.

« 65. Alors viendront au grand jugement le Riche et le Fort qui le domine. Celui qui dispose de tout terminera le procès, les querelles, et désignera les récompenses méritées.

« 66. Le sombre dragon arrivera les ailes déployées, et le brillant serpent descendra des monts de Nida. Nidhœgf soulévera sa proie sur ses ailes, et traversera l'espace. — Maintenant elle disparaît. »

(In : Les Eddas traduites de l'ancien idiome scandinave par R. du Puget. Paris : Garnier Frères Libraires-Éditeurs, sans date [vers 1840]. 439 p. P. 120, 121 : extrait de la Prédiction de Wola-la-Savante — fin de la prédiction).

« Les dragons, les griffons et autres animaux chimériques sont un héritage païen très ancien (germanique et celte) dans lequel se perdent les origines de la caste des guerriers, ancêtres des chevaliers.

« Ces animaux et leur symbolique perdurent dans les romans de la Table Ronde et dans les sculptures des églises romanes encore ornées comme les anciens temples païens. […]

« Saint Bernard, dans une lettre écrite vers 1125, au moment où se développe l'héraldique, s'indigne : « À quoi bon tous ces monstres grottesques en peinture et en sculture ? À quoi sert une telle difformité, en cette beauté difforme ? Que signifient ces centaures monstrueux, ces quadrupèdes à queue de serpent… ? » » (in : FEDORKOW, Alain-Alexandre. Les Animaux fabuleux dans l'Art héraldique. Éditions Cheminements, collection Hermine, 2001. 191 p. P. 10).

« Les poëtes attribuent aux dragon la garde des choses précieuses et des trésors ; ils disent que c'était un dragon qui avait la garde du jardin des Hespérides ; un autre dragon gardait la Toison d'Or ; ce qui signifie métaphoriquement que ce jardin et cette toison étaient confiés à des hommes vaillants et vigilants. » (in : EYSENBACH, G. Histoire du Blason et Science des Armoiries ; « réimpression […] de l'édition publiée à Tours, en 1848, par A. Mame et Cie, imprimeurs-libraires ». Puiseaux : Éditions Pardès, collection Sinople, 2003. 396 p. P. 157).

« […] Tout cet arrière plan explique, écrit M. Le Goff, que vers la fin du XIème siècle, "le symbolisme chrétien du dragon et du combat du saint-évêque contre un dragon (…) tende à identifier le dragon-serpent avec le diable et à donner à la victoire du saint le sens d'un triomphe sur le mal, c'est-à-dire, en cette phase de christiannisation de l'occident, d'un épisode décisif dans la victoire du christianisme sur le paganisme […]" (p. 251) » ; in : BENOIST (de), Alain (présentées par). Les Traditions d'Europe. Arpajon : Éditions Le Labyrinthe, 1982, 1996. G/T 14 p. 32. Citation de l'ouvrage de Jacques LE GOFF, intitulé Pour un autre Moyen Âge — Gallimard, 1977 — d'après, extrait de cet ouvrage, « un article sur les "dragons processionnels" (Saint Marcel de Paris et le dragon, pp. 236-279) ».

« […] Ces faits conduisent à réévaluer la signification du dragon durant le Moyen Âge. Nous avons cité plus haut la coutume du dragon-étendard, devenu l'emblême de familles, de corparations, de villes, et même de pays. D'autres faits vont dans le même sens. Le Draco Normannicus, qui donne son titre à un poème d'Étienne de Rouen, est tout simplement une représentation du peuple normand. De même, les deux dragons découverts par Merlin sont les symboles des peuples breton et saxon. Au XIIème et XIIIème siècles, l'emblématique urbaine du dragon se développe considérablement. Le dragon devient l'animal protecteur de la cité. C'est le cas, notamment, à Tournai, à Ypres, à Béthune, à Bruxelles, et à Gand (où un draak reconstitué, pris à Bruges en 1382, est encore conservé au musée du beffroy). Derrière tous ces dragons, conclut M. Jacques Le Goff "se profile tout le monde trouble d'un foklore que l'Église du Moyen Âge a refoulé dans les profondeurs et qui, à côté du système parachevé du symbolisme ecclésiastique, jaillit soudain aux temps romans". » ; in : BENOIST (de), Alain (présentées par). Les Traditions d'Europe. Arpajon : Éditions Le Labyrinthe, 1982, 1996. G/T 14 pp. 32-33.

« Tous les dragons de notre vie sont peut-être des princesses qui attendent de nous voir beaux et courageux. Toutes les choses terrifiantes ne sont peut-être que des choses sans secours qui attendent que nous les secourions (R. M. Rilke, Lettre à un jeune poète). Le dragon est d'abord en nous. […]

« Archétype fondamental, lié aux sources de la vie et de l'imagination, le serpent […] a conservé de par le monde ses valeurs symboliques les plus contradictoires en apparence. Et les plus positives d'entre elles, si elles furent mises à l'index par un moment de notre histoire, commencent à ressortir des oubliettes, pour redonner harmonie et liberté à l'homme. […]

« Ainsi, en dépit de toutes les perturbations de notre temps, Athéna, déesse de toute science véritable, continue à tenir dans la main et sur sa poitrine, le serpent, dont naquirent Dyonisos, Satan et les Empereurs de Chine. » (in : CHEVALIER, Jean et GHEERBRANT, Alain. Dictionnaire des symboles — article consacré au Serpent. Paris : Éditions Robert Laffont / Jupiter, collection Bouquins, 1969, 1982. 1060 p. Tout l'article consacré au Serpent se révèle particulièrement intéressant : p.867-879).

Le Serpent, le Dragon est de toutes les religions, de toutes les cosmogonies. Il est le Vieux Dieu ; il est l'ancêtre mythique, incréé, issu du chaos primordial. Il est à l'origine ; il est l'Origine. Il est à l'origine, mais il est également à la fin. Il est vraiment l'alpha et l'omega ! Le Serpent est à l'origine de la vie de l'homme ; à l'origine de l'Esprit ; il est la force vive du monde, son principe vital, son souffle spirituel, il est l'inspiration poétique, ou divinatoire.

En lui l'harmonie est latente, potentielle. En lui peuvent se réaliser l'amalgame, l'association des extrêmes, des vertus chthoniennes et ouraniennnes, communion symbiotique et transcendante.

Il est, « Lui, le premier rêveur, la plus vieille victime »*. Il est le grand libérateur.

* LECONTE DE L'ISLE, Charles. Poèmes barbares. Paris : Gallimard, 1985. (Nrf, collection Poésie). 365 p. P. 249 (La Tristesse du Diable : p. 248, 249).

L'illustration de ce paragraphe est constituée
de la reproduction d'une gravure de Gustave Doré, tirée d'un ouvrage de X.-B. Saintine.
(SAINTINE, X.-B. La Mythologie du Rhin et les Contes de la Mère-Grand'.
Paris : Librairie Hachette et Cie, 1876 (deuxième édition). 283 p. P. 13).

« La lumière provient du Septentrion »…
E X     S E P T E N T R I O N E     L U X
« La lumière provient du Septentrion »…

Vers la liste des collections


• ECCE HOMO : cela signifie, en langue latine, « Voici l'Homme » ; c'est à dire ici, comme titre de collection, « Voici la Personne » . Il convient, ici, en effet, de considérer homo dans son sens d'être humain, quelque soit son genre, d'être humain de sexe masculin ou féminin.

« Ecce homo » : il s'agit des fameuses paroles de Ponce Pilate (procurateur de Judée de l'an 26 à l'an 36 de l'ère vulgaire), adressées aux Juifs auxquels il présente Jésus de Nazareth (revêtu de pourpre et couronné d'épines) dont il vient d'instruire le procès ; sans avoir rien découvert à retenir contre lui.

À destination de ceux qui ne connaissent pas ces mots pourtant célèbres, ou mal leur contexte, nous évoquons et citons ci-après, certains passages de certains Évangiles (Évangiles selon Matthieu et selon Jean).

Les Juifs (dont le territoire est occupé par les Romains), leurs instances religieuses, accusent de blasphème Jésus de Nazareth. Ils souhaitent pour cela le faire mourir. Mais les autorités religieuses ne sont pas habilitées à prononcer une condamnation à mort, à procéder à une exécution capitale. Jésus est donc déféré devant la puissance romaine, au prétexte qu'il s'est prétendu roi des Juifs.

Le procurateur de Judée, le Romain Ponce Pilate, interroge le Nazaréen. Il ne découvre aucun grief sérieux à son encontre. Claudia Procula, l'épouse de Pilate, elle-même, fait demander à son époux la relaxe de l'accusé.

« Pendant qu'il était assis sur le tribunal, sa femme lui fit dire : qu'il n'y ait rien entre toi et ce juste ; car aujourd'hui j'ai beaucoup souffert en songe à cause de lui. » (in : La Sainte Bible, traduction de Louis Segond. Paris : Société biblique britannique et étrangère, 1947. 786 p. — Ancien Testament — et 246 p. — Nouveau Testament. Évangile selon saint Mathieu [27, 19], p. 30 — Nouveau Testament).

Les dignitaires du clergé juif, leurs sbires, excitent la foule. Pour l'apaiser Pilate argumente encore, et lui présente le Nazaréen, après que les soldats l'ont ridiculisé et maltraité.

« Et Pilate de nouveau sortit dehors ; et il leur dit : « Voilà que je vous l'amène dehors, pour que vous connaissiez que je ne trouve aucun motif de condamnation en lui. » Jésus donc sortit dehors, portant la couronne d'épines et le manteau de pourpre, et [Pilate] leur dit « Voici l'homme ». » (in : La Bible, traduction d'Émile Osty et de Joseph Trinquet. Paris : Seuil, 1973. 2620 p. Évangile selon saint Jean [19, 4-5], p. 2307. N.B. : « sortit dehors » est ici employé pour signifier que Ponce Pilate se présente devant le public rassemblé non pas dans la cour intérieure de l'Antonia, mais à l'extérieur de celle-ci, sur le parvis — l'« Antonia » était le nom d'une forteresse de Jérusalem, forteresse qui était située près du temple, au nord-ouest. S'il n'est pas absolument certain que le procès du Nazaréen se déroula sur ce site de L'Antonia, cela est néanmoins très hautement probable).

Le tumulte augmente. Les Juifs réclament à grands cris la mort du Nazaréen. Afin d'apaiser la foule le procurateur le livre au supplice, tout en manifestant ostensiblement le dégoût que lui inspire la mesure à laquelle le contraignent les événements : c'est alors que survient, dans le texte de Matthieu, le récit d'une attitude, d'un autre mot fameux de ce Ponce Pilate qui doit toute sa renommée à son rôle dans le procès du Nazaréen.

« Pilate voyant qu'il ne gagnait rien, mais que le tumulte augmentait, prit de l'eau, se lava les mains en présence de la foule, et dit : Je suis innocent du sang de ce juste. Cela vous regarde. » (in : La Sainte Bible, traduction de Louis Segond. Paris : Société biblique britannique et étrangère, 1947. 786 p. — Ancien Testament — et 246 p. — Nouveau Testament. Évangile selon saint Mathieu [27, 24], p. 30 — Nouveau Testament).

Vers la liste des collections


• FELIX QUI POTUIT RERUM COGNOSCERE CAUSAS : cela signifie, selon la traduction donnée par Lucien Jerphagnon dans son « Petit Livre des Citations latines », « Bienheureux celui qui a pu connaître la raison des choses ! »* ; dans les pages roses (page rose V) du Petit Larousse (cf. ci-dessus § Ad usum Delphini), « Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. ».

Il s'agit d'une citation d'un texte dû à Virgile (Géorgiques, Livre II, v. 490). Voici le verset considéré et quelques-uns des suivants : « Felix qui potuit rerum cognoscere causas, / Atque metus omnes, et inexorabile fatum / Subjecit pedibus, strepitumque Acherontis avari ! / […] / […] / Illum non populi fasces, non purpurea regum / Flexit, et infidos agitans Discordia fratres, / Aut conjurato descendes Dacus ab Istro ; / Non res Romanæ, perituraque regna ; neque ille / Aut doluit miserans inopem, aut indivit habenti. / Quos rami fructus, quos ipsa volentia rura / Sponte tulere sua, carpsit ; nec ferrea jura, / Insanumque forum, aut populi tabularia vidit. » ; ce texte, là où nous l'avons copié est traduit ainsi : « Heureux celui qui peut connaître les premières causes des choses ! Heureux celui qui a mis sous ses pieds les vaines terreurs des mortels, l'inexorable Destin et le bruit de l'avare Achéron ! […] Rien ne l'émeut, ni les faisceaux que donne la faveur populaire, ni la pourpre des rois, ni la Discorde armant entre eux les frères perfides, ni les Daces conjurés se précipitant des bords de l'Ister, ni les intérêts de Rome, ni les empires qui penchent vers leur ruine : il n'a point à s'apitoyer sur celui qui n'a rien ; il n'a point à envier celui qui possède. Content des biens que ses champs lui prodiguent d'eux-mêmes, il cueille les fruits de ses arbres, et passe, sans connaître ni le joug de fer des lois, ni le forum et ses cris insensés, ni l'immense dépôts des actes public. » ; in VIRGILE. Les Auteurs latins expliqués d'après une Méthode nouvelle par deux Traductions françaises l'une littérale […] avec des sommaires et des notes par une société de Professeurs et de Latinistes. Virgile - Le IIe Livre des Géorgiques - Expliqué littéralement par M. Sommer - Traduit en français par M. A. Desportes. Paris : Librairie de L. Hachette et Cie, 1854. 72 p. P. 56, 58 (N.B. : nous ne citons pas ici les versets 493 et 494, ni leur traduction).

* JERPHAGNON, Lucien. Le Petit Livre des Citations latines. Paris : Tallandier, 2004.

Vers la liste des collections


• HORRESCO REFERENS : cela signifie, selon la traduction donnée dans les pages roses (page rose VI) du Petit Larousse (cf. ci-dessus § Ad usum Delphini), « Je frémis en le racontant. ».

Il s'agit d'une locution latine, due à Virgile, et tirée de l'Énéide (Virgile attribue ces mots à Énée qui relate la mort de Laocoon — celui-là même qui en vain s'opposa à ce que l'on fît pénétrer dans la ville de Troie le cheval de bois abandonné par les grecs, et celui-là même auquel Virgile attribue ces autres mots fameux : « Timeo Danaos et dona ferentes. »*).

Si le latin est bien loin pour vous, ou si vous n'avez pas eu la chance de faire vos humanités, vous pouvez aisément en retrouver le sens, en procédant à une traduction hardie telle que : « Je ressens de l'horreur en y faisant référence ».

* Les lecteurs d'« Astérix légionnaire » auront reconnu les noms de deux légionnaires (Timéo Danaos et Dona Ferentes) du même contingent que le bellâtre à la recherche duquel se sont lancés les deux héros de l'album… L'on peut traduire « Timeo Danaos et dona ferentes » par « Je redoute les Grecs [c'est à dire les Danaéens], aussi lorsqu'ils pratiquent des offrandes [le cheval était en principe une offrande faite à une divinité] ».

Vers la liste des collections


• IMAGO MUNDI : « Image du Monde », « Reflet du Monde », « Représentation du Monde »…

Le monde est un théâtre où tout le monde est en représentation… Et le théâtre est une représentation du monde, de l'homme sempiternel.

Le théâtre ne peut guère, et c'est là tout son intérêt d'ailleurs, que mettre en scène des passions humaines, des caractères, les petitesses et les grandeurs de l'âme, les mentalités de nos contemporains, de nos aïeux, des Anciens. Et si quelques progrès techniques notables ont en quelques siècles modifiés la face du monde, dans l'âme de l'homme rien de plus, rien de moins qu'autrefois !

L'acteur, être de chair et de sang, devant un public d'êtres de chair et de sang, s'identifie, ou du moins s'y efforce-t-il, au personnage qu'il interprète. Le spectateur s'identifie à l'acteur, s'identifie au personnage interprété par l'acteur ; tout autant que l'acteur, et plus parfois. Il se substitue à l'acteur, devient le personnage. Il s'interroge sur ses motivations, analyse ses réactions, qui deviennent les siennes ; un moment, un instant. Ainsi les dévoiements du personnage le purgent de ses pulsions malsaines (comme elles ont pu dans une certaine mesure purger l'acteur, et le dramaturge), ainsi ses vertus exaltent-elles les siennes. Ainsi le spectateur bénéficie-t-il d'un défoulement salutaire, ainsi se transcende-t-il, ainsi, peut-être devient-il meilleur, un peu, après la représention théâtrale. Ainsi, peut-être, se montre-t-il ensuite plus apte à mieux tenir son rôle sur le théâtre du monde réel, dont le théâtre n'est que l'image.

Une grande part de l'effet cathartique d'une représentation théâtrale tient sans doute au fait que cela est un spectacle vivant. Mais, à défaut d'assister à une représation de telle ou telle pièce, nous espérons que sa lecture seulement, vous apportera, comme pouvait l'apporter selon Aristote aux spectateurs grecs le spectacle des tragédies du théâtre de l'Antiquité, de progresser dans la maîtrise de vos pulsions, de marcher avec plus de sûreté vers un plus grand état de civilisation.

Vers la liste des collections


• JANUS BIFRONS

« JANUS, roi d'Italie, fils d'Appollon et d'une nymphe appelée Crélise. Il reçut Saturne dans ces états, auquel celui-ci donna le nom de Latium, parce qu'il s'y était caché, lorsque Jupiter le poursuivit. Janus, pour avoir reçu favorablement ce dieu banni, fut gratifié par lui d'une rare prudence, avec la connaissance du passé et de l'avenir ; c'est pourquoi on feint qu'il avait deux visages, et même quatre ; qu'il tenait en ses mains une clef, et une baguette ou un bâton ; une clef parce qu'on croyait qu'il avait inventé les serrures ; un bâton, parce qu'il recevait bien les voyageurs, et qu'il présidait aux chemins. Il apprit de Saturne l'agriculture, et la manière de policer les peuples, qui furent heureux, dit-on, sous son règne. On lui bâtit un temple à Rome, dont les portes étaient fermées pendant la paix, et ouverte pendant la guerre. » (in : Chompré. Dictionnaire abrégé de la fable. Paris : Demonville, Imprimeur-Libraire, 1810. 412 p. P. 219).

« […] De même, Janus préside à l'ouverture et à la clôture des hostilités. À Rome, les portes de son temple sont solennellement ouvertes au début des guerres, et non moins solennellement fermées quand la paix est revenue. Le sens symbolique de ce rite est à la fois clair et ambigu, car on ne sait pas très bien — les auteurs anciens sont partagés — si le temple fermé contient la paix (auquel cas son ouverture signifie sa disparition) ou la guerre (auquel cas elle signifie son déchaînement). Mais Janus a eu un règne pacifique — une sorte d'« âge d'or ». S'il participe au combat, c'est de toute façon en vue de ramener la paix. Son temple, dit-on, fut fermé une fois sous le règne de Numa ; une seconde fois, après la deuxième guerre punique, en – 241, et trois fois, à divers intervalles sous le règne d'Auguste. […] » ; in : BENOIST (de), Alain (présentées par). Les Traditions d'Europe. Arpajon : Éditions Le Labyrinthe, 1982, 1996 ; extrait du long article (G/T 14, p. 7-11) d'Alain de Benoist : Janus, le dieu des (re)commencements.

« Janus bifrons » est donc le dieu aux deux fronts, le dieu aux deux visages des Anciens : « Janus aux deux visages » ; et la divinité à laquelle fut dédié le premier mois de l'année.

Vers la liste des collections


• LILIUM GALLIAE : littéralement, « Lys de Gaule » ; c'est à dire, « Lys de France ».

« Les vieux annalistes racontent que Clovis reçut, peu après son baptême, par l'entremise de sainte Clotilde, une communication et un message du ciel.

Cet événement, petit en lui-même, aurait peut-être passé inaperçu et ne serait pas arrivé jusqu'à l'Histoire, c'est à dire jusqu'à nous, s'il n'avait pas eu lieu en un temps où la grande hérésie arienne régnait et ravageait les âmes dans presque toutes les provinces des Gaules ; et si encore il n'avait point provoqué le changement immédiat des armoiries de la France par ordre de Clovis.

En voici le récit dans la charmante naïveté du langage de l'époque, et tel qu'il nous a été transmis par le pieux Ribadéneyra, reproduit et confirmé par les Bollandistes, dont on connaît la valeur historique :

« Il arriva une chose fort mémorable à saincte Clotilde […]. Elle avait coutume de fréquenter un lieu de dévotion, un bois près d'une fontaine […] où estait un sainct hermite, serviteur de Dieu, vivant en grande pénitence ; lequel estant en oraison aperçut qu'un Ange descendit du ciel et porta un écusson, en champ d'azur, avec trois fleurs de lis d'or, disant que Dieu envoyait à saincte Clotilde pour être offert à son mary, et à tous les roys de France ses successeurs. » » (in : CONTENSOU, J.-G. Le Berceau de la France chrétienne et l'action de l'Église dans les Gaules aux Vme et VIme siècles. Montauban : Imprimerie catholique Jules Prunet, 1910. 285 p. P. 107, 108. N.B. : J.-G. Contensou était un ecclésiastique catholique, et était monarchiste — †1909).

Reproduction (détail) d'une gravure (chromolithographie) de F. Kellerhoven, extraite d'un ouvrage de Paul Lacroix (Les Arts au Moyen Âge et à l'époque de la Renaissance), légendée : François Ier, et Éléonore sa femme en prières. Partie d'un vitrail de l'église Sainte-Gudule à Bruxelles (XVIe s.) d'après l'Histoire de la peinture sur verre en Europe de M. Edmond Lévy.

« Cette tradition eut la vie dure. Malgré les coups que lui ont portés les érudits du XVIIe siècle […]. Aujourd'hui bien sûr l'opinion des érudits d'Ancien Régime ne peut plus être contestée : il n'existe d'armoiries nulle part en Europe, avant la première moitié du XIIe siècles, et le roi de France est loin d'être le premier prince à en faire usage. Il faut en effet attendre l'année 1211 pour voir, sur un sceau, un prince capétien porter le célèbre écu aux fleurs de lis. Et encore ne s'agit-il pas du roi Philippe Auguste lui-même mais de son fils aîné, le prince Louis, futur Louis VIII. » (in : PASTOUREAU, Michel. Les Emblèmes de la France. Paris : Éditions Bonneton, collection Images et Symboles, 1998. 223 p. P. 126. N.B. : Michel Pastoureau est historien, archiviste paléographe, directeur d'études à l'École pratique des hautes études, Sorbonne, 4e section).

« Les plus anciens exemples de fleurs de lis semblables à celles dont on a fait usage en Europe au Moyen Âge et à l'époque moderne, prennent place sur des bas reliefs assyriens du troisième millénaire avant notre ère. Elles y décorent des tiares, des colliers, des sceptres et semblent déjà jouer le rôle d'attributs royaux. Celles que l'on rencontre un peu plus tard en Crète, en Inde et en Égypte possèdent probablement une signification analogue […]. Nous trouvons ensuite la fleur de lis sur plusieurs monnaie grecques, romaines et gauloises. Mais tandis que dans les deux premiers cas il s'agit d'un fleuron plus ou moins instable, dans le dernier il s'agit d'une véritable fleur de lis pré-héraldique, telle qu'elle figurera beaucoup plus tard dans les armoiries médiévales. […] » (in : PASTOUREAU, Michel. Les Emblèmes de la France. Paris : Éditions Bonneton, collection Images et Symboles, 1998. 223 p. P. 122, 123).

En la matière qui nous intéresse ici, les conséquences mythiques de l'influence catholique, s'efforçant des siècles durant de mettre sous tutelle de l'Église le royaume de France, sans y parvenir toujours avec succès, et voyant même la tutelle capétienne s'imposer en France plus ou moins à elle en définitive, ne doivent pas nous faire perdre de vue, n'en déplaise à Surger et à saint Bernard ou aux aimables manipulateurs bollandistes, certains autres mythes plus profanes, plus laïcs, plus prosaïques.

Nous citons ci-après la rubrique intitulée Le saviez-vous d'un article de Christiane Hilaire consacré à l'Iris des marais : « La fleur de lys, symbole de la royauté française, est en réalité celle de l'iris des marais. C'est Clovis qui l'adopta comme emblême, car cette plante sauva l'armée mérovingienne encerclée par une cohorte de Goths dans une boucle du Rhin. Remarquant des iris jaunes des marais, Clovis comprit que l'eau ne devait pas être bien profonde, et il dut son salut à ce gué » (in : HILAIRE, Christiane. Iris des marais. L'École du jardinage, n° 6, Éditions de Vergennes, 1980, p. 42). Hélas, Christiane Hilaire ne fait pas mention de ses sources ! …

Toutefois, après quelques recherches, nous avons pu lire dans un ouvrage de G. Eysenbach, publié originellement à Tours par la Maison Mame en 1848 (Histoire du Blason et Science des Armoiries), un texte où mention est faite d'une circonstance « historique » offrant quelques similitudes avec celle qu'évoque madame Christiane Hilaire ; voici le passage en question :

« Avant l'avénement de la troisième race nos rois ne portaient point d'armoiries à proprement parler ; mais ils avaient tous adopté quelque symbole pour se distinguer. Que d'anciens auteurs parlent d'armoiries des premiers rois de France, cela doit s'entendre d'un symbole national ou personnel ; il ne faut donc point accuser d'erreur nos vieux chroniqueurs pour avoir donner au terme d'armoiries un sens trop étendu.

« Parmi eux, il en est qui prétendent que les armoiries des premiers monarques franks étaient trois crapauds. Cette opinion est ancienne ; on la trouve dans Raoul de Presles, qui écrivait sous Charles V. Elle a été suivie par Robert Gaguin et du Tillet. Le faux Hunibalde dit la même chose dans Trithème ; mais il ajoute que les Franks dès le commencement de leurs guerres avec les Romains, changèrent les trois crapauds en un lion. C'était trois couronnes selon Paul-Émile ; trois croissants selon l'auteur d'un manuscrit de l'histoire de France, qui fut présenté à Louis XII en 1498 ; et selon Nicole Gilles, des fleurs des marais nommées glaïeuls ou pavillées ; selon le président Fauchet, en mémoire, dit-il, de l'origine des Franks, sortis par les Sicambres d'un pays marécageux ; des abeilles, selon Chiffet, dans l'explication qu'il a donné du tombeau de Childéric Ier, découvert en 1658 ; des lys mal dessinés et mal sculptés, selon plusieurs ; enfin des fers de pique ou de hallebarde, selon quelques-uns, qui ont cru trouver dans Agathias un fondement à leur conjecture. Cet historien, décrivant la haste des Français, dit que la hampe était couverte de lames de fer et terminée par plusieurs pointes, dont une droite et tranchante des deux côtés ressemblait à celle des javelots ; les autres, recourbées en bas, avaient la figure d'hameçons.

« Pasquier, cherchant à concilier ces divers sentiments, a pensé que les symboles dont je viens de faire l'énumération pouvaient avoir été employés successivement par nos premiers rois : d'où il concluait que la méprise des écrivains consiste en ce qu'ils ont attribué indistinctement à tous les princes ce qui était particulier à quelqu'un d'entre eux. Sa conjecture est d'autant plus vraisemblable, qu'il trouve de quoi l'appuyer dans la pratique des premiers rois d'Angleterre, qui n'eurent, dit-il, jusqu'à Guillaume le Conquérant, armes certaines et arrêtées, ains les diversifiaient, suivant Polydore Virgile, à chaque mutation de règne. » (in : EYSENBACH, G. Histoire du Blason et Science des Armoiries ; « réimpression […] de l'édition publiée à Tours, en 1848, par A. Mame et Cie, imprimeurs-libraires. ». Puiseaux : Éditions Pardès, collection Sinople, 2003. 396 p. P. 224, 225).

Iris des marais, glaieul, ou… lys ? « Le lis tient une place importante dans l'histoire et la culture humaine : il s'agit le plus souvent des lis blancs à grandes fleurs. C'est cependant du lis martagon qu'il peut s'agir dans les légendes nordiques où chaque lis « a son propre elfe qui naît et meurt avec lui ». Au Moyen Âge le lis martagon était une plante fort utilisée en alchimie : la consommation de son bulbe était censée garantir aux soldats la victoire. […] On se rendait invulnérable en portant simplement le bulbe sur soi. De plus, la coupe du bulbe était jaune, ce qui lui donnait le pouvoir de transformer en or les métaux ordinaires. » (in : VETVICKA, Vaclav. Plantes des champs et des forêts. Traduction de Barbara Faure. Paris : Gründ, 1979. 223 p. P. 174).

L'illustration de ce paragraphe est constituée
d'une reproduction (détail) d'une gravure (chromolithographie) de F. Kellerhoven,
extraite d'un ouvrage de Paul Lacroix, légendée :
François Ier, et Éléonore sa femme en prières.
Partie d'un vitrail de l'église Sainte-Gudule à Bruxelles (XVIe s.)
d'après l'Histoire de la peinture sur verre en Europe de M. Edmond Lévy
 ;
in : LACROIX, Paul. Les Arts au Moyen Âge et à l'époque de la Renaissance.
Paris : Librairie de Firmin Didot Frères, Fils et Cie, 1874. 548 p. Planche entre les p. 268 et 269.

Vers la liste des collections


• NON LICET OMNIBUS ADIRE CORINTHUM : « Tous ne peuvent se rendre à Corinthe ».

« […] Qui va trop loin se perd. Mr Coulanges a employé ce proverbe, pour marquer qu'il ne faut rien entreprendre au dessus de ses forces. Sapho, qui va trop loin se perd, / Je crains un Labyrinthe, / Le chemin ne m'est point ouvert, / Pour aller à Corinthe. Ces deux derniers vers sont encore un proverbe grec & latin qu'il traduit en notre langue : Non licet omnibus adire Corinthum : ou comme Erasme l'exprime, sur le grec de Suidas qui le rapporte, Non est cujuslibet Corinthum adpellere. Il se dit aussi des entreprises difficiles : il étoit fondé sur la difficulté qu'il y avoit à entrer dans le port de Corinthe. » (in : Dictionnaire universel françois et latin, vulgairement appelé Dictionnaire de Trévoux. Tome premier. A=CHA. Paris : Étienne Ganeau, 1743. 2042 colonnes. Article « Aller », colonnes 330 et 331).

Certes, mais pas seulement : Corinthe, dans l'Antiquité, était une ville renommée notamment parce que la vie y était chère, parce que les plaisirs s'y montraient particulièrement coûteux ; et cela était devenu proverbial. La renommée proverbiale de Corinthe passa en effet du grec au latin.

Nous estimons que les lecteurs ne sont pas tous en capacité d'aborder les textes présentés dans cette collection avec sérénité. Tout d'abord il convient de préciser que ces textes s'adressent tout particulièrement à un public a priori adulte et « averti », que l'abord de ces textes nous semble à déconseiller à des lecteurs tout imprégnés de certains tabous, de certains principes faisant considérer, avec plus ou moins de sincérité, plus ou moins d'affectation, tout le domaine des activités humaines génésiques, érotiques, comme un thème éminemment sujet à caution, et non pas en tant que relevant d'une dimension somme toute normale de la vie humaine, d'une dimension toute naturelle ; et à ce titre beaucoup mieux admise et considérée sous nos cieux voilà bien longtemps, aux temps païens, ou, ailleurs, très loin, encore, de nos jours.

« Trahit sua quemque voluptas » (Chacun a son penchant qui l'entraîne* —  Virgile, Égloques, II, 65). Il nous a paru qu'intégrer ce genre de littérature dans nos collections pouvait s'avérer utile à conduire certains lecteurs découvrant ces textes, que d'aucuns pourront juger quelque peu lestes, à découvrir aussi au sein de nos autres collections des textes d'une autre nature ouvrant vers un autre niveau de la littérature, et qui seront nous l'espérons suscepticles de pouvoir le cas échéant les séduire également. Et maintenant… « Paulo majora canamus » (Chantons des choses un plus plus relevées** —  Virgile, Égloques, IV, 1) !

* Traduction donnée in : GILLON, Étienne, HOLLIER-LAROUSSE, Jacques, IBOS-AUGÉ, Jean, MOREAU, Claude, MOREAU, Jean-Louis ; (tous : dir.). Dictionnaire encyclopédique pour tous. Petit Larousse en couleurs. Paris : Librairie Larousse, 1972. 1664 p. et XVI « pages roses ». Page rose XIV.

** Traduction donnée in : GILLON, Étienne, HOLLIER-LAROUSSE, Jacques, IBOS-AUGÉ, Jean, MOREAU, Claude, MOREAU, Jean-Louis ; (tous : dir.). Op. cit. Page rose XI.

Vers la liste des collections


• NULLA DIES SINE LINEA : « Aucun jour sans une ligne ».

« Apelle avait une habitude à laquelle il ne manquait jamais : c'était, quelque occupé qu'il fût, de ne pas laisser passer un seul jour sans s'exercer en traçant quelque trait; cette habitude a donné lieu à un proverbe. Quand il avait fini un tableau, il l'exposait sur un tréteau à la vue des passants, et, se tenant caché derrière, il écoutait les critiques qu'on en faisait, préférant le jugement du public, comme plus exact que le sien. On rapporte qu'il fut repris par un cordonnier, pour avoir mis à la chaussure une anse de moins en-dedans. Le lendemain, le même cordonnier, tout fier de voir le succès de sa remarque de la veille et le défaut corrigé, se mit à critiquer la jambe : Apelle, indigné, se montra, s'écriant qu'un cordonnier n'avait rien à voir au-dessus de la chaussure ; ce qui a également passé en proverbe. » ; « Apelli fuit alioqui perpetua consuetudo, numquam tam occupatam diem agendi, ut non lineam ducendo exerceret artem, quad ab eo in proverbium venit. Idem perfecta opera proponebat in pergula transeuntibus, atque ipse post tabulam latens, vitia quæ notarentur auscultabat, vulgum diligentiorem judicem, quam se præferens : feruntque a sutore reprehensum, quo in crepidis una intus pausiores fecisset ansas : codem postero die, superbo emendatione pristinæ admonitionis, cavillante circa crus, indignatum prospexisse, denuntiantem, ne supra crepidam sutor judicaret, quod et ipsum in proverbium venit. […] » ; in : PLINE. Collection des Auteurs latins avec la traduction en français, publiée sous la Direction de M. Nisard Professeur d'Éloquence latine au Collège de France. Histoire naturelle de Pline, avec la Traduction en français, par M. É. Littré, de L'Institut (Académie des Inscriptions et belles Lettres). Tome second. Paris : Firmin Didot Frères, 1855. 707 p. P. 476 (liv. XXXV, chap. XXXVI, 22).

Ailleurs, dans des commentaires plus récents, et un tantinet expansif (trop ?) sur le sujet nous pouvons lire : « Les Anciens plaçaient Apelles à la tête de tous leurs peintres, soit pour la conception de ses tableaux, soit pour les grâces de son pinceau. Sa touche était si délicate, qu'à la simple vue de quelques traits tracés sur une toile, Protogènes […], peintre célèbre de l'île de Rhodes, connut qu'Apelles seul pouvait en être l'auteur. Ce grand artiste ne passait pas un jour sans consacrer quelques instans à son art ; le proverbe : Nulla dies sine linea (aucun jour sans quelque trait), fut fait à son occasion. On dit qu'il exposait ses ouvrages en public, pour mieux en connaître les défauts. Un jour, un cordonnier ayant critiqué les souliers de quelqu'une de ses figures, Apelles corrigea ce défaut sur-le-champ ; mais l'ouvrier ayant voulu pousser la censure jusqu'à la jambe, le peintre l'arrêta par cette répartie : Ne sutor ultrà crépidam, qui est devenu un proverbe, dont on reconnaît tous les jours la justesse. […] » (in : Dictionnaire historique, critique et bibliographique, contenant les Vies des Hommes illustres, célèbres ou fameux de tous les Pays et de tous les Siècles, suivi d'un Dictionnaire abrégé des Mythologies et d'un Tableau chronologique des Événements les plus remarquables qui ont eu lieu depuis le Commencement du Monde jusqu'à nos Jours. Par une Société de Gens de Lettres. Tome second. Paris : Ménard et Desennes, 1821. 508 p. P. 69, 70).

Ces anecdotes concernant Apelles (ou Apelle…), le peintre d'Alexandre Le Grand, nous fûmes donc rapportées par Pline (Pline l'Ancien) dans son Histoire naturelle, et ce sans qu'il nous soit permis d'identifier ses sources grecques. La première donc, de ces anecdotes, qui ici nous intéresse plus particulièrement, concernait certes un peintre à l'origine, mais le proverbe qui en découla s'appliquera par la suite principalement aux écrivains ; il nous semble cependant tout à fait loisible de l'employer comme conseil bienveillant à l'égard des lecteurs également…

Vers la liste des collections


• ULTIMA THULE : « ultime Thulé », « lointaine Thulé », « Thulé des confins ».

Thule est le nom que les Anciens donnaient à une terre méconnue, une île du Nord du monde, l'île la plus au Nord du monde, une contrée « hyperboréenne »…

Si vous souhaitez découvrir ce que les Anciens connaissaient de l'Ultima Thule consultez les vieux auteurs qui semblent avoir été les plus documentés sur le sujet : Pline (Caius Plinius Secundus — Naturalis Historiae [IV, 16, 30]) et Claude Plolémée (Geographia [1, 7, 10-18]).

« Thulé : dériverait, selon Adelung, de Thu-Al : la « Terre du Nord ». Casaubon et Broche l'assimilent à l'Islande. D'autres, comme R. Busquet voudraient la placer dans la région de Trondhjem, en Norvège. ». In le Glossaire de l'ouvrage de Ferdinand Lallemand intitulé Journal de bord de Pythéas de Marseille, paru en 1974 aux éditions France-Empire. (N.B. : Pythéas le Massaliote, navigateur, géographe, vécut au IVème siècle avant notre ère.)

Citons également, concernant Thulé, une rubrique d'un autre glossaire, celui de l'excellentissime ouvrage (publié par Ouest-France, en 1986, dans la collection Université, de mémoire d'homme : l'histoire) de Françoise Leroux et Christian-J. Guyonvarc'h intitulé Les Druides… : « Thulé : nom de lieu mythique qui se situe quelque part au nord du monde, là où l'on voit le soleil de minuit et que les auteurs anciens ont localisé généralement dans la plus septentrionale des Shetland, Unst. En dehors des langues classiques (qui ont dû emprunter un nom indigène), le nom n'est attesté qu'en vieil anglais (Thýlé, Thýla, Tile) mais l'explication étymologique, qui ne peut guère s'orienter que vers le celtique, est difficile. Voir Christian-J. Guyonvarc'h, Notes d'Étymologie et de Lexicographie gauloise et celtique XXIII, 167, Remarques sur le nom de Thulé, in Ogam 22-25, 1970-1973, pp. 283-284. ».

À propos de l'origine celtique supposé du terme Thulé, nous avons aussi pu relever que dans son ouvrage fort bien documenté et à la riche iconographie, Les Celtes et le druidisme, Racines de la Tradition occidentale (éditions Dangles, 1994) Raymonde Reznikov fait un parallèle entre le nom de l'île ultime du nord du monde, et celui de Tyle, nom que donnèrent les Celtes (d'une faction issue de l'armée « sacrilège » qui pilla Delphes) à la capitale de l'état qu'ils formèrent en Thrace…

Ultima Thule, cette île, mal connue, du septentrion, cette île fabuleuse qui connaît des jours et des nuits sans fin, cette île située à la limite extrême donc du monde connu, à la limite du connu et de l'inconnu, symbolise la limite de la conscience et de l'inconscience, de ce qui relève de l'ordre du réel et de ce qui relève de l'ordre, ou du désordre, du désir, la limite de ce monde et de l'au-delà…

Vers la liste des collections


« Où ils font un désert, ils disent qu'ils apportent la paix » ; ou bien encore peut-on traduire cela par : « Là, où ils répandent la désolation, ils prétendent qu'ils apportent la civilisation »… Ces mots, visant l'attitude des Romains, sont attribués par Tacite, dans sa Vie d'Agricola, au Calédonien Galgacus…
V B I     S O L I T V D I N E M     F A C I V N T
 
P A C E M     A P P E L A N T
« Où ils font un désert, ils disent qu'ils apportent la paix » ; ou bien encore peut-on traduire cela par : « Là, où ils répandent la désolation, ils prétendent qu'ils apportent la civilisation »… Ces mots, visant l'attitude des Romains, sont attribués par Tacite, dans sa Vie d'Agricola, au Calédonien Galgacus…


À propos des citations latines mises en exergue au haut, au cours, et au bas de cette page :

« CAVEANT CONSVLES NE QVID DETRIMENTI RESPVBLICA CAPIAT » :
« Prenez garde, consuls ! Que la république ne souffre de vous aucun dommage. »…
Par cette formule, le sénat romain donnait aux consuls,
à qui dans les périodes de crise il confiait les pleins pouvoirs,
un avertissement solennel…

« EX SEPTENTRIONE LUX » :
« Du Septentrion provient la lumière » ;
par analogie avec l'expression EX ORIENTE LUX
(« De l'Orient vient — ou vint — la lumière »).

« VBI SOLITVDINEM FACIVNT PACEM APPELANT » :
« Où ils font un désert, ils disent qu'ils apportent la paix » ;
ou bien encore peut-on traduire cela par :
« Là, où ils répandent la désolation, ils prétendent qu'ils apportent la civilisation »…
Ces mots, visant l'attitude des Romains,
sont attribués par Tacite,
dans sa Vie d'Agricola,
au Calédonien Galgacus



HYPERLIEN VERS LA PAGE D'ACCUEIL

Copyright © Carraud-Baudry, 2001-2017 

HYPERLIEN VERS LE PLAN DU SITE