COLLECTION « ULTIMA THULE »

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Copyright © Carraud-Baudry, 2001-2024 



Sauf mentions contraires (copyright – ©) la substance du corps des textes de cette collection
relève du « domaine public », mais n'en relèvent pas nécessairement les éditions que nous en proposons, non plus que certains des textes annexes les commentant, certaines préfaces ou postfaces, par exemple
.


TEXTES DIVERS…


Une appréciation, toute subjective, concernant l'attrait de chacun des textes proposés figure dans les rubriques ci-dessous. Plus notre jugement (noté par une ou des croix) est favorable, plus le nombre de croix est important.

LIED — (+++++) —

Un court texte, un Lied, extrait de : Faust.

Faust, viel homme, philosophe fort savant, cherche à aboutir à la Connaissance absolue, à découvrir l'essence même des choses, du monde, la Vérité. Toute sa science se révèle vaine dans sa démarche. Il rencontre Méphistophélès. Ce démon est en mesure de l'aider, mais le prix à payer pour obtenir cette aide se révèle exorbitant…

Le Faust, au sein de son abondante matière, comprend trois Lieder. Ce Lied, « Ein König in Thule », est celui que chante à un moment de l'action l'un des personnages, Marguerite, ingénue, pure et avenante jeune femme que convoitera et, avec le concours de Méphistophélès, séduira Faust. Faust connaîtra le bonheur auprès de Marguerite mais il la délaissera, l'abondonnera, ainsi que l'enfant qu'elle lui aura donné. Marguerite accablée, désespérée, tuera son enfant. Elle sera pour cela condamnée à mort…

N. B. : la vie de J. Faust, médecin, astrologue, ayant vécu à la fin du quinzième, au début du seizième siècle, a pris très tôt (dès la seconde moitié du seizième siècle) un caractère légendaire. Ce personnage inspira différents auteurs en matière littéraire, dans le domaine musical, ou, plus récemment, cinématographique : Goethe, Marlowe, Berlioz, Gounod, Murnau…
Nous vous présentons le Lied en langue allemande, puis deux traductions du texte en français (l'une de Gérard de Nerval, l'autre d'Émile Raudrac du Bray).

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ESSAI - CONTES — (+++++) —

Cet ouvrage, relativement concis, comporte trois parties.

La première partie se composent de trois chapitre tirés de : Contes allemands du temps passé extraits des recueils des frères Grimm, et de Simrock, Bechstein, Franz Hoffmann, Musæus, Tieck, Schwab, Winter, etc. Avec la légende de Loreley. Traduits par Félix Frank et E. Alsleben. Et précédés d'une introduction par Éd. Laboulaye, de l'Institut. Deuxième édition. Paris : Librairie académique Didier et Cie, 1870. Ces trois chapitres sont intitulés : le premier Notice sur la légende de Lorely et sur l'esprit de féérie en Allemagne et en France, le deuxième Loreley, le troisième Appendice (où l'on pourra lire un commentaire de Gérard de Nerval qu sujet de la « Lorely ou Lorelei, la fée du Rhin », une traduction du poème de H. Heine en vers, une autre littérale, en prose [l'une et l'autre par Félix Frank], et le texte original du poème, en allemand).

La deuxième partie se compose des textes, en langue allemande, des célèbres poèmes dont les titres suivent, Die Lorelei (Heinrich Heine), Ein König in Thule (Johann Wolfgand von Gœthe), Erlkönig (Johann Wolfgand von Gœthe), Erlkönig Tochter (Johann Gottfried Herder), et d'un poème en langue française d'une inspiration proche de celle des textes précédents, Les Elfes (Charles Leconte de Lisle), mais aussi de traductions en français de ces textes.

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ESSAI — (+++++) —

Extrait du prologue (intitulé Brillat-Savarin) de cette édition :

« Un critique spirituel, et alors très en vogue, Hoffman, publia sur ce livre un de ces piquants articles comme il les savait faire. Dès lors l'éveil fut donné, et tout le monde voulut lire la Physiologie du goût, si plaisammment analysée par Hoffman. Nous ne saurions mieux faire que de donner ici quelques échantillons de ce joli article, publié dans le Journal des Débats, en ce temps-là le plus littéraire des journaux :

« […]
« J'éprouve un grand embarras en écrivant cet article : je crains qu'on ne confonde le livre que j'annonce avec ceux de tous les marmitons qui ont écrit sur l'art culinaire… Non, il n'y a aucune analogie entre l'auteur des Méditations gastronomiques et tous les faiseurs de daubes et de hochepots. Non, ni l'ignoble Cuisinière bourgeoise, ni le prétendu Parfait cuisinier, ni le Cuisinier royal de MM. Viard et Fouret, hommes de bouche, ni le Cuisinier anglais, etc., etc., n'approchent pas plus de mon savant anonyme qu'un membre de l'Institut ne ressemble à un magister de village.

« L'auteur de ce livre divin est un homme du monde à qui aucune science, aucun art ne sont étrangers : il parle presque toutes les langues de l'Europe, et possède parfaitement les langues savantes » […] « il fait des vers, compose de la musique, et des sommités de la science il daigne quelquefois descendre jusqu'à la chanson bachique et aux petits vers de société. Pour le bonheur du genre humain, il fait l'application de toutes ces connaissances à la cuisine.

« […]

« Douze ou quinze ans après la publication du piquant article d'Hoffman, un écrivain appartenant à une tout autre famille littéraire, Balzac, qui avait fait, à l'imitation de Brillat-Savarin, mais lourdement et sans charme, une Physiologie du mariage, trop malséante pour rivaliser avec la Physiologie du goût, parla de l'illustre gastronome avec beaucoup de verve et d'esprit. Quelques passages de cette appréciation originale méritent d'être conservés, et nos lecteurs les retrouveront ici avec plaisir :

« […]

« Le mérite de la Physilologie du goût était donc réel et incontestable. Elle devait plaire aux gens de haut goût par le vis comica, si rare à notre époque, où la littérature à image l'emporte sur la littérature à idées, où la phrase empiète sur la pensée ; puis elle devait plaire à la masse par l'élégante nouveauté de quelques faits, par quelques anecdotes d'élite, par une variété qui fait du livre une olla podrida qui défie l'analyse, enfin par une des plus originales dispositions de texte qu'un auteur ait jamais trouvées. »

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ESSAI — (++++) —

En guise de présentation de cet ouvrage nous vous proposons la lecture d'un texte bref relatif à ce qu'il nous est permis de savoir, et de raisonnablement supputer, concernant l'histoire de l'énigmatique papesse Jeanne : voyez ci-dessous l'ouvrage intitulé NOTES SUR LA PAPESSE JEANNE


ESSAI — (++) —

Ce texte, Notes sur la papesse Jeanne, vers lequel pointe le lien ci-dessus, vous est proposé en téléchargement au format PDF ; mais il vous est possible toutefois de lire ce texte (cf . infra) sans le télécharger, au format HTML géré directement par votre navigateur… En effet ce texte est repris ci-dessous :

NOTES SUR LA PAPESSE JEANNE

Auteur : P. Imelrieck d'Aurrac

Copyright © Patrick Émile Carraud, 2007 

La papesse Jeanne n'aurait eu qu'une existence légendaire. Elle fut néanmoins le sujet de croyances un temps solidement établies, croyances à la fois populaires, et officielles au moins trois siècles durant (du milieu du XIIIe au milieu du XVIe siècles).

Au motif de cette croyance officielle apparurent même au sein de l'Église catholique, et un rite, et un objet liturgique. Voici à propos de ces points précis quelques brefs éclaircissements. Le rite va consister, selon une certaine procédure, en une vérification de l'appartenance au sexe masculin d'un nouveau pape ; c'est-à-dire, consister à vérifier concrètement, physiquement, qu'un nouveau pape possède bien les attributs virils. Pour ce faire un sédile d'un type tout particulier (qu'un auteur du XVe siècle, Platina, nomme « sella stercoraria ») fut conçu et utilisé : il consistait en un trône percé permettant à un officiant chargé tout spécialement de cette fonction de procéder manuellement à cette vérification.

Au XVe siècle, Platina, l'auteur déjà cité un peu plus haut, précise en achevant la rédaction de ce qu'il connaît de la légende de la papesse Jeanne : « Hæc quæ dixi vulgo ferentur, incertis tamen et obscursis auctoribus… erremus etiam nos hâc in re cum vulgo… » (c'est-à dire : « tout ce qui a été dit a cours dans le peuple, mais appuyé sur des auteurs frivoles et obscurs, et sur ce sujet nous errons comme le vulgaire »).

Voici, en substance, ce que nous conte cette légende.

Au milieu du IXe siècle une certaine Jeanne, anglaise d'origine, mais vivant à Mayence, entra sous l'habit d'homme au monastère de Fulde pour y faire ses études. Encore adolescente, elle accompagna, toujours travestie en homme, son amant à Athènes. Elle poursuivit ses études, et se montra fort brillante dans les différentes sciences. Ensuite, toujours avec son amant, et sans quitter l'habit masculin, elle vint à Rome où elle enseigna les arts littéraires (trivium) à d'importants personnages. Acquérant par une conduite que l'on jugeait exemplaire et l'étendue de son savoir une grande réputation elle accéda bientôt, par l'élection, à la papauté. Son règne aurait duré deux ans et demi, environ. Mais, par les œuvres de son compagnon, dont elle partageait toujours la couche, un jour elle se trouva enceinte. Faute d'avoir pu déterminer avec suffisamment de précision la date, le moment de l'accouchement, elle fut saisie des douleurs de l'enfantement lors d'une procession cérémonielle (celle des Rogations selon certains auteurs) entre la basilique Saint-Pierre et le palais du Latran ; plus précisément entre le Colisée et l'église Saint-Clément, au milieu de la rue Saint-Jean de Latran. Elle mourut de ces couches inopinées ; et fut ensevelie sur le lieu même du fatal accouchement.

Cet événement que ses successeurs jugeaient particulièrement odieux, aurait justifié la particularité du trajet que les papes empruntèrent ensuite au voisinage de l'église Saint-Clément en se rendant du Vatican au Latran, n'empruntant plus la rue Saint-Jean de Latran mais les rues adjacentes.

La papesse Jeanne ne fut pas inscrite dans les catalogues reprenant la liste officielle des successeurs de Saint-Pierre à la raison que son sexe, incompatible avec la fonction à laquelle elle était parvenue de facto, invalidait son élection.

On aurait, au lieu même de la mort de cette malheureuse Jeanne, apposé une plaque relatant le déplorable événement ; et aussi édifié une statue à l'effigie de cette papesse (selon Théodore de Niem).

La papesse Jeanne apparaît d'abord, du moins dans les documents qui nous sont aujourd'hui connus, en 1243, sous la plume de Jean de Mailly, un dominicain, puis une trentaine d'années plus tard dans les écrits (Le Miroir historial) de Vincent de Beauvais, un autre dominicain. Une vingtaine d'année après Le Miroir historial, un autre dominicain encore, Martin de Troppau (ou Le Polonais) dans le cours de la Chronique des Papes et Empereurs fait encore référence à la papesse, à laquelle il assure ainsi une réelle célébrité ; confirmée par l'apparition de la papesse dans un certain nombre d'exempla, notamment ceux d'Étienne de Bourbon et d'Arnold de Liège, eux-même dominicains…

Au début du XIVe siècle, dans son Histoire ecclésiastique, Tolommée de Lucques, dominicain lui aussi, attribue aux papes un « numéro de règne », et aussi donc à la papesse Jeanne, incluse dans ses nomenclatures. La papesse Jeanne, qui aurait occupé le Saint-Siège après le décès de Léon IV, et que l'on nommait Jean l'Anglais, se voit ainsi promue au rang de cent septième pape, sous le nom de Jean VIII.

Vers le milieu du XIIe siècle le décret de Gratien, qui fonde le droit canon, rend l'accès aux fonctions sacerdotales tout à fait impossible aux femmes. Les dominicains, le lecteur qui possède quelques notions d'Histoire n'en sera pas surpris, tout autant zélés misogynes que zélés inquisiteurs (pour un sorcier, mille sorcières), ont pu cultiver, développer, accréditer une telle légende, un tel mythe, pour l'ériger enfin au rang de vérité pendant trois siècles, non pas, comme pourrait se laisser aller à le croire des esprits trop indulgents, pour signifier plus ou moins maladroitement quelque idéale confusion, égalité, relative, des sexes, mais bien pour manifester toute l'horreur qu'éprouve l'Église, les hommes d'Église, à l'égard d'une éventuelle « pollution du sacré par la femme ».

Vers la fin du XIIIe siècle des dominicains, principalement, toujours, Robert d'Uzès, Jacques de Voragines, notamment, diront toute la répugnance que leur inspire la papesse Jeanne, et, en critiquant cette femme, en viendront à développer sans ménagement une argumentation mettant en cause la nature même de la femme, nature rendant, selon eux, celle-ci incapable de conduire quelque grand dessein que ce soit sans faire montre de présomption, de bêtise et d'ignominie.

La légende de la papesse Jeanne fut portée par l'Église catholique au rang de vérité historique. Ensuite, l'histoire de la papesse, dès avant même la fin du XIVe siècle, cette vérité historique, fut par le jeu du temps, l'évolution des mentalités, puis la Réforme, critiquée, folklorisée, ramenée à l'état de fable, aux yeux de l'Église elle-même.

Aux XIXe et XXe siècles de bons catholiques romains, qui quelques centaines d'années plus tôt auraient jeté l'anathème contre qui aurait mis en doute la véracité de l'existence de la papesse, vouaient aux gémonies qui défendait l'existence historique du personnage…

« Qu'est-ce donc que la vérité ? » avait demandé Pilate au Nazaréen… La vérité est fluctuante, variable. Elle varie, des deux côtés d'une montagne, qu'il s'agisse des Pyrénées ou non. Elle varie selon les lieux, selon les époques, selon les modes, les dispositions intellectuelles, selon les dogmes dominants, le religieusement correct, le politiquement correct, le philosophiquement correct, selon les individus…

Souvent les légendes se construisent sur quelque élément tangible, sur des faits. Cet élément peut, ces faits peuvent se voir travestis, modifiés, amplifiés, par la relation qui en est faite, et l'histoire qui en découle s'envole d'elle-même, trouve alors en elle-même sa justification, trouve bientôt en elle-même motif à s'étoffer, à retenir davantage l'attention. La rumeur, le succès, les poètes, les auteurs l'enflent, lui donne l'attrait propre à séduire les foules, les humbles et les lettrés.

Quel fond de vérité se cache derrière la légende de la papesse. Une femme a-t-elle vraiment accédé au trône pontificale ? Ou plus simplement à la dignité d'évêque ou de prêtre ? Ou si ce Jean-Jeanne avait vraiment été un homme, d'abord, puis une femme ensuite… Peut-être s'agit-il là, après tout de l'un de ces rares, mais possible cas de transsexualisme naturel, ou de bisexualisme…

Quoiqu'il en soit, plus de onze siècles après l'époque supposée de son règne éphémère, la papesse se révèle toujours plus ou moins présente dans les mentalités occidentales. Après avoir lu ces lignes, les lecteurs d'un certain âge se souviendront peut-être avec émotion, au moins en considération de leur jeunesse enfuie, avoir vu en 1974 le film de Michael Anderson, « Jeanne, la Papesse du Diable », où Liv Ulmann incarne la papesse Jeanne…

Copyright © Patrick Émile Carraud, 2007 

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ESSAI - LÉGENDES - MYTHES - FOLKLORE - CHRISTIANISME — (+++++) —

Un essai où Collin de Plancy, champion du catholicisme, s'efforce de faire valoir le point de vue selon lequel les « esprits » peuplent non seulement « l'autre-monde », mais également ce si bas monde-ci.

L'auteur se livre essentiellement dans cet ouvrage à un compendium de mythes issus du vieux fond culturel populaire européen et recueillis par divers folkloristes, mais aussi à une défense du monothéisme chrétien et catholique.

Le lecteur, qui, manquant de courage, voudra entrer au plus tôt dans le vif du sujet, pourra commencer sa lecture au chapitre II (Les Klabbers, esprits du foyer) ; toutefois il perdra ainsi le bénéfice de la consultation d'un véritable « morceau de bravoure » qui n'est pas sans intérêt, et par maints aspects, à notre sens, digne d'un Jules Barbey d'Aurevilly lui-même…


N. B. : numérisation : Library of Congress ; téléchargé depuis : archive.org.

DICTIONNAIRE - MYTHOLOGIE - RELIGION - SUPERSTITION - SORCELLERIE — (++++) —


N. B. : numérisation : Internet Archive – Wellcome Library ; téléchargé depuis : archive.org.

ESSAI - LÉGENDES - RELIGION - SUPERSTITION — (++++) —

Extrait de la Première partie, Chapitre premier, p. 1-4 :

« Ce qu’il y a de plus étonnant dans l’histoire des Vampires, c’est qu’ils ont partagé avec nos grands philosophes l’honneur d’étonner le 18e siècle ; c’est qu’ils ont épouvanté la Lorraine, la Prusse, la Silésie, la Pologne, la Moravie, l’Autriche, la Russie, la Bohême et tout le nord de l’Europe, pendant que les sages de l’Angleterre et de la France renversaient d’une main hardie et sûre les superstitions et les erreurs populaires.

« Chaque siècle, il est vrai, a eu ses modes ; chaque pays, comme l’observe D. Calmet, a eu ses préventions et ses maladies ; mais les Vampires n’ont point paru avec tout leur éclat dans les siècles barbares et chez des peuples sauvages ; ils se sont montrés au siècle des Diderot et des Voltaire, dans l’Europe, qui se dit civilisée.

« Et tandis que ces spectres désolaient le Nord, le Midi exorcisait les possédés ; l’Espagne et l’Italie condamnaient des sorciers ; Paris assistait aux convulsions du cimetière Saint-Médard. On a donné le nom d’upiers, oupires, et plus généralement vampires, à « des hommes morts depuis plusieurs années, ou du moins depuis plusieurs mois, qui revenaient en corps et en âme, parlaient, marchaient, infestaient les villages, maltraitaient les hommes et les animaux, suçaient le sang de leurs proches, les épuisaient, et enfin leur causaient la mort (1). On ne se délivrait de leurs dangereuses visites et de leurs infestations qu’en les exhumant, les empalant, leur coupant la tête, leur arrachant le cœur ou les brûlant. — Ceux qui mouraient sucés devenaient Vampires à leur tour. » »

Note n°1 (du bas de la page 3) :

« (1) C’est la définition qu’en donne D. Calmet. »

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  • Auteur : Hector Hugh Munro (dit : Saki).
  • NOUVELLE — (+++++) —

    Une nouvelle dont nous vous proposons le texte original en anglais et une traduction en français.

    Sont contés au cours des pages de cette nouvelle les démélés d'un enfant malade, délicat à tout le moins, avec une cousine, sa tutrice, qui l'opprime, s'ingénie à le contrarier, à lui imposer des mesures vexatoires.

    L'enfant se réfugie dans son monde imaginaire ; et ainsi lui est-il permis dans une certaine mesure de résister à l'oppression sournoise dont il est victime.

    Mais bientôt son monde imaginaire prend de plus en plus de place dans sa vie, et triomphe totalement, brutalement de l'adversité qui jusque-là l'accablait.

    Une nouvelle entre horreur douce et fantastique (presque). Parions que le lecteur de cette nouvelle s'en souviendra longtemps, que longtemps ses deux petits personnages principaux occuperont une place toute particulière dans son esprit…

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  • Auteur : Saloustios (ou bien Σαλουστιος, Σαλλουστιος, Salloustios, Sallustius, Salustius, Salutius, Salluste, Saluste, Sallust…).
  • Traducteur, et commentateur : Johann Heinrich Samuel Formey.
  • TRAITÉCATÉCHISME PAGANO-PHILOSOPHIQUE… — (+++++) —


    Extrait n°1 : extrait de la première partie (intitulée Le texte de Saloustios) de la Préface (p. 13 et 14, de l’édition au format A4 ; p. 15 et 16, de l’édition au format A5).

    « Les douze premiers chapitres du Περὶ Θεῶν καὶ Κόσμου 5, ouvrage constituant, de l’opinion commune, un petit catéchisme païen, ne nous semblent pas avoir été destinés à un lectorat de béotiens, comme parfois certains commentateurs l’ont pu soutenir. Dès le début de son opuscule Saloustios montre une certaine exigence vis-à-vis de son lectorat, des personnes désireuses de s’instruire sur les dieux, sur le monde, sur le bien, sur le mal… ; il estime nécessaire que ces personnes, dès leur plus jeune âge, dès l’enfance aient été convenablement éduquées, dirigées, afin d’échapper à la séduction de croyances absurdes, insensées. Simplement, il apparaît que s’élabore dans son ouvrage une sorte d’herméneutique, d’exégèse de certains mythes les plus susceptibles de provoquer incompréhensions, ou controverses parmi les contradicteurs, détracteurs, zoïles les plus enclins à d’âpres disputes, à de sérieuses controverses.

    « À partir du treizième chapitre se révèle au cours de l’ouvrage le souci de développer, d’élaborer une argumentation propre à présenter le paganisme, ses rites, ses croyances, notamment relativement à l’esprit, à l’âme, d’une manière rationnelle, logique 6. »

    Notes de bas de pages du texte cité :

    « 5 – « Le titre de l'opuscule n'est pas fourni par les manuscrits, qui signalent simplement l'ouvrage comme un « livre sur les dieux ». Le titre sous lequel il s'est imposé, Περὶ θεῶν καὶ κόσμου, a été créé par Leo Allatius, auteur de l'édition princeps parue à Rome en 1638. » In : GOULET, Richard (dir.). DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES. Volume VI : de Sabinillus à Tyrsénos. Paris : CNRS Éditions, 2006. P. 92 (auteur : Jean Bouffartigue).

    « 6 – Pour de plus amples détails concernant l’œuvre de Saloustios, entre autres textes, cf. CÉLÉRIER, Pascal. L’ombre de l’empereur Julien : Le destin des écrits de Julien chez les auteurs païens
 et chrétiens du IVe au VIe siècle. Nouvelle édition. Nanterre : Presses universitaires de Paris Nanterre, 2013. Voir tout particulièrement, relativement au thème qui ici nous intéresse, les pages 89 à 104 de l’ouvrage, sa partie intitulée « Saloustios, philosophe julianien qui ne cite pas Julien », dont nous citons ci-après le commencement : « Le petit livre de Saloustios intitulé Des dieux et du monde est d’ordinaire présenté comme un ouvrage de vulgarisation des doctrines philosophiques néoplatoniciennes chères à l’empereur Julien émanant d’un de ses proches 1. Sur plusieurs sujets, les commentateurs de ce texte ont pu relever des affinités nettes. Pourtant, jamais l’auteur ne cite le nom de Julien ni aucun de ses livres, pas même sous forme de périphrases ou d’allusions. Même le style de Saloustios est jugé très différent de celui de Julien 2. Par ailleurs, certains grands thèmes spécifiques à la philosophie de Julien sont tout aussi absents : rien sur le cynisme ou les cyniques, rien sur la divinité d’Hélios, rien sur l’antichristianisme. La forme de l’ouvrage, un exposé systématique des doctrines philosophico-religieuses, un « catéchisme », comme on a pu le dire, expliquerait la difficulté éprouvée par les commentateurs à discerner des reprises précises de textes de Julien 3, car jamais Julien ne s’est livré à un tel mode d’exposition. » (N.B : nous ne reproduisons pas les textes des notes). Pascal Célérier poursuit : « Il est pourtant un passage du De deis et mundo qui s’offre spontanément à un rapprochement avec les écrits de Julien : les chapitres III et IV du préambule qui traitent du mythe en général et du mythe d’Attis en particulier. Le lecteur relève facilement des échos de thèmes et de mots avec les textes du Contre Héracleios et du Sur la Mère des dieux. »… Ensuite P. Célérier expose « La doctrine philosophique du mythe » telle que l’ont pu développer Saloustios et l’empereur Julien, qu’il récapitule et compare dans un long tableau particulièrement instructif (« En effet, Saloustios y reprend une série de questions touchant le mythe que Julien avait lui-même traitées. Voici récapitulées ces différentes questions dans un tableau où nous avons voulu faire apparaître les rapprochements doctrinaux et lexicaux, mais aussi les différences : […] »). Aussi P. Célérier se livre à quelques suppositions des plus intéressantes et notamment à celle-ci : « Saloustios exprimerait un paganisme philosophique moins émotionnel que celui de Julien, débarrassé des excès du sentiment religieux jugés trop superstitieux. Saloustios, porte-parole de ce milieu, aurait voulu rectifier ou corriger les spéculations de Julien. Les divergences que nous avons pu noter là où on s’attendait à des rapprochements témoigneraient, ajoutées au silence touchant le nom de Julien, les titres de ses œuvres et son dieu favori, d’un véritable écart avec sa pensée. » »

    Extrait n°2 : texte grec du Chapitre premier du Traité de Saloustios (p. 25 de l’édition au format A4 ; p. 29 de l’édition au format A5).

    « Τούς περί Θεών άκούειν έθέλοντας, δεί μέν έκ παίδων ἦχθαι καλῶς, καὶ μὴ ἀνοήτοις συντρέφεσθαι δόξαις· δεῖ δὲ καὶ τὴν ϕύσιν ἀγαθοὺς εἶναι, καὶ ἔμφρονας (ἵνα ὀρθῶς προς) ἔχωσι τοῖς λόγοις· δεῖ δὲ αὐτοὺς καὶ τὰς κοινὰς ἐννοίας εἰδέναι. Κοιναὶ δέ εἰσιν ἔννοιαι ὅσας πάντες ἄνθρωποι ὀρθῶς ἐρωτηθέντες ὁμολογήσουσιν· οἷον, ὅτι πᾶς Θεὸς ἀγαθός, ὅτι ἀπαθής, ὅτι ἀμετάβλητος· πᾶν γὰρ τὸ μεταβαλλόμενον, ἐπὶ τὸ κρεῖττον, ἢ ἐπὶ τὸ χεῖρον. Καὶ εἰ μὲν ἐπὶ τὸ χεῖρον, κακύνεται, εἰ δὲ ἐπὶ τὸ κρεῖττον, τὴν ἀρχὴν ἦν κακόν. »

    Extrait n°3 : traduction (par J. H. S. Formey) du Chapitre premier du Traité de Saloustios (p. 73 de l’édition au format A4 ; p. 79 de l’édition au format A5).

    « Pour être en état de s’instruire de ce qui concerne les dieux, il faut avoir été bien dirigé dès l’enfance, et ne point être imbu de folles opinions. À cela doit se joindre un bon naturel, un jugement droit, et une attention convenable à la nature des enseignements. La connaissance des notions communes est aussi indispensable. Ces notions sont celles sur lesquelles tous les hommes étant interrogés, se trouvent d’accord : par exemple, que toute divinité est bonne, impassible, et immuable. En effet tout ce qui est assujetti au changement, devient meilleur ou pire. Si c’est le dernier, il acquiert le mal ; si c’est le premier, le mal existait auparavant en lui. »


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  • Auteur : Saloustios (ou bien Σαλουστιος, Σαλλουστιος, Salloustios, Sallustius, Salustius, Salutius, Salluste, Saluste, Sallust…).
  • Traducteur, et commentateur : Johann Heinrich Samuel Formey.
  • N. B. : numérisation : Google ; conservation : Faculté de Théologie de L'Église Évangélique libre du Canton de Vaud ; téléchargé depuis : books.google.com.

    TRAITÉCATÉCHISME PAÏEN ET PHILOSOPHIQUE… — (+++++) —

    Observation :

    cf. supra extrait du texte grec et de traduction en français…

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  • Auteur : Saloustios (ou bien Σαλουστιος, Σαλλουστιος, Salloustios, Sallustius, Salustius, Salutius, Salluste, Saluste, Sallust…).
  • Traducteur, et commentateur : Johann Heinrich Samuel Formey.
  • N. B. : numérisation : Numelyo – Bibliothèque numérique de Lyon ; conservation : Bibliothèque municipale de Lyon ; téléchargé depuis : numelyo.bm-lyon.fr.

    TRAITÉCATÉCHISME PAÏEN ET PHILOSOPHIQUE… — (+++++) —

    Observation :

    cf. supra extraits [du texte grec et] de traduction en français…

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  • Auteur : Saloustios (ou bien Σαλουστιος, Σαλλουστιος, Salloustios, Sallustius, Salustius, Salutius, Salluste, Saluste, Sallust…).
  • Traducteur, et commentateur : Johann Heinrich Samuel Formey.
  • N. B. : numérisation : Google ; conservation : Harvard Univ. Lib. ; téléchargé depuis : books.google.com.

    TRAITÉCATÉCHISME PAÏEN ET PHILOSOPHIQUE… — (+++++) —

    Observation :

    cf. supra extraits [du texte grec et] de traduction en français…

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  • Auteur : Saloustios (ou bien Σαλουστιος, Σαλλουστιος, Salloustios, Sallustius, Salustius, Salutius, Salluste, Saluste, Sallust…).
  • Traducteur, et commentateur : Iohannes Conradus Orellius : Johann Konrad (von) Orelli.
  • N. B. : numérisation : Google ; conservation : Université de Gand (Gent) ; téléchargé depuis : books.google.com.

    TRAITÉCATÉCHISME PAÏEN ET PHILOSOPHIQUE… — (+++++) —

    Observation :

    cf. supra extraits du texte grec et de traduction en français…

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  • Auteur : Saloustios (ou bien Σαλουστιος, Σαλλουστιος, Salloustios, Sallustius, Salustius, Salutius, Salluste, Saluste, Sallust…).
  • Traducteur, commentateur et auteur : Thomas Taylor.
  • N. B. : numérisation : Google ; conservation : Bodleian Library - Univ. of Oxford ; téléchargé depuis : https://books.google.com.

    TRAITÉCATÉCHISME PAÏEN ET PHILOSOPHIQUE… et autres textes — (++++) —

    Observation :

    cf. supra extraits du texte grec et de traduction en français…

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    N. B. : numérisation : Internet Archive ; conservation : University of California Library – Los Angeles ; téléchargé depuis : archive.org.

    ROMAN — (+++++) —


    « La lecture de Salammbô est une des plus violentes sensations intellectuelles qu’on puisse éprouver. » : dans un ouvrage en 2 volumes, intitulé L’Orient (publication posthume, en 1877 ; articles et comptes rendus divers relatifs à des thèmes orientaux), compilation de textes de Théophile Gautier (1811-1872), un chapitre entier est consacré à Salammbô, le roman de Gustave Flaubert…

    EXTRAITS du volume 2 de L’Orient de Théophile Gautier :

    Extrait n°1 du volume 2 de L’Orient de Théophile Gautier :

    « […].

    « On ne saurait exiger de Salammbô, roman carthaginois, la peinture des passions modernes et la minutieuse étude de nos petits travers en habit noir et en paletot sac. Et ce pendant la première impression que semble produire le livre de M. Gustave Flaubert sur la généralité des lecteurs, et même des critiques, est une surprise désappointée. Ils sont tentés de s’écrier : « Peut-on être Carthaginois ! »

    « On le peut, l’auteur de Salammbô le prouve, mais ce n’est pas aisé. À la longue, le delenda Carthago du vieux Caton s’est accompli littéralement. Après bien des renaissances et des rechutes, Carthage a disparu, ne laissant pour ruines visibles que quelques arches d’aqueduc. Sa langue s’est perdue ; il n’en reste qu’un monologue et quelques mots dans le Pœnulus de Plaute, parodiés sans doute comme ces jargons hybrides par lesquels on imite dérisoirement au théâtre les idiomes étrangers. Les légendes des rares médailles puniques sont indéchiffrables ou d’une interprétation arbitraire. À défaut de monuments, M. Gustave Flaubert, avec une patience de bénédictin, a dépouillé toute l’histoire antique. Chaque passage se rapportant, de près ou de loin, à son sujet, a été relevé ; pour un détail, il a lu de gros volumes qui ne contenaient que ce détail. Non content de cela, il a fait une excursion investigatrice aux rives où fut Carthage, adaptant la science acquise à la configuration des lieux, interrogeant les flots rapides qui cachent tant de secrets, frappant le sable du talon pour en faire sortir une réponse à un doute, s’imprégnant de la couleur du ciel et des eaux, se logeant dans la tête la forme des promontoires, des collines, des terrains, de façon à bien planter le décor de son drame et de sa restauration, car Salammbô est à la fois l’un et l’autre.

    « La lecture de Salammbô est une des plus violentes sensations intellectuelles qu’on puisse éprouver. Dès les premières pages, on est transporté dans un monde étrange, inconnu, surchauffé de soleil, bariolé de couleurs éclatantes, étincelant de pierreries, au milieu d’une atmosphère vertigineuse, où se mêlent aux émanations des parfums les vapeurs du sang. Le spectacle de la barbarie africaine, avec ses magnificences bizarres, ses idoles bestiales, ses cultes féroces, son symbolisme difforme, sa stratégie de belluaire qui fait intervenir les monstres du désert dans les tueries humaines, son génie tortionnaire et mercantile tenant d’une main le fouet en lanières d’hippopotame, et de l’autre l’abaque à calculer, se déroule devant vous dans un éblouissement de lumière, comme si les rideaux du passé s’écartaient brusquement tirés par une main puissante, découvrant un théâtre où le décor des siècles a été laissé en place, au lieu de retourner au magasin de l’éternité. […].»

    (In : GAUTIER, Théophile. L’Orient. Tome second. Paris : G. Charpentier et E. Fasquelle, 1893. 390 p. P. 283-286 [le chapitre intitulé Salammbô dédié au roman de Gustave Flaubert s’étend de la p. 281 à la p. 322. Th. Gautier nous y livre, outre un certain nombre de considérations, un résumé du roman]).

    Extrait n°2 du volume 2 de L’Orient de Théophile Gautier :

    « De ce fourmillement colossal de multitudes remuées avec la plus magistrale aisance se détachent les figures du drame : Hamilcar, Hannon, Mathô, Spendius, Narr'Havas, Salammbô, Schahabarim : Hamilcar, héroïque et presque divin ; Hannon, résumant en sa hideuse personne le côté monstrueux du génie carthaginois ; Mathô, la passion impétueuse, aveugle et fatale ; Spendius, la finesse grecque luttant à force d’esprit contre les énormités du monde africain ; Narr'Havas, si élégamment perfide et d’une beauté si purement arabe ; Salammbô, cette chaste création macérée dans les parfums, les initiations et les extases, autour de laquelle semble s’arrondir, comme une auréole, un halo lunaire ; Schahabarim, contemplant toujours plus rêveur le gouffre sans fond des mysticités orientales et passant de Tanit à Moloch. Pour peindre ces personnages de types si divers, M. Gustave Flaubert a su trouver les teintes les plus délicates et les plus vigoureuses. Si rien n’est horrible comme le suffète lépreux, rien n’est plus suave que cette Salammbô faite de vapeurs, d’arômes et de rayons. La terreur et la grâce, il a tout, et il sait rendre les putréfactions des champs de bataille comme l’intérieur chatoyant et parfumé des chambres virginales. Quel tableau que celui du défilé de la Hache où sommeillent des lions repus, ennuyés, gras de chair humaine, et abattant d’une griffe nonchalante les derniers survivants des Mercenaires ! Le paysage, âpre, rugueux, farouche, sombre, sous un ciel à zébrures sanglantes, rappelle ces gorges d’Ollioules que Decamps a données pour fond à la bataille des Cimbres. Quant aux lions, ils valent les lions bibliques de Daniel dans la légende des siècles. Aucune imagination orientale n’a dépassé les merveilles entassées dans l’appartement de Salammbô. Les yeux modernes sont peu habitués à de telles splendeurs. Aussi a-t-on accusé M. Gustave Flaubert d’enluminure, de papillotage, de clinquant. Quelques mots de physionomie trop carthaginoise ont arrêté les critiques. Avec le temps, ces couleurs trop vives se tranquilliseront d’elles-mêmes, ces mots exotiques, plus aisément compris, perdront leur étrangeté, et le style de M. Gustave Flaubert apparaîtra tel qu’il est, plein, robuste, sonore, d’une originalité qui ne doit rien à personne, coloré quand il le faut, précis, sobre et mâle lorsque le récit n’exige pas d’ornement : le style d’un maître enfin. Son volume restera comme un des plus hauts monuments littéraires de ce siècle. Résumons, en une phrase qui dira toute notre pensée, notre opinion sur Salammbô. Ce n’est pas un livre d’histoire, ce n’est pas un roman : c’est un poëme épique ! »

    (In : GAUTIER, Théophile. L’Orient. Tome second. Paris : G. Charpentier et E. Fasquelle, 1893. 390 p. P. 320-322 [le chapitre intitulé Salammbô dédié au roman de Gustave Flaubert s’étend de la p. 281 à la p. 322. Th. Gautier nous y livre, outre un certain nombre de considérations, un résumé du roman]).


    Extraits de la Préface, par Jacques Suffel (1903-1992), de Salammbô, édition Garnier-Flammarion de 1964 (pages 17 à 23) :

    « « Je vais écrire un roman dont l’action se passera trois siècles avant Jésus-Christ, car j’éprouve le besoin de sortir du monde moderne, où ma plume s’est trop trempée et qui d’ailleurs me fatigue autant à reproduire qu’il me dégoûte à voir. »

    « C’est le 18 mars 1857 que Gustave Flaubert faisait cette confidence à mademoiselle Leroyer de Chantepie. Il avait trente-cinq ans et venait de triompher du sot procès que lui avait valu Madame Bovary. On sait combien la publication de ce roman dans la Revue de Paris avait fait sensation : l’auteur, inconnu la veille, était devenu célèbre, alors que son œuvre n’était pas encore éditée en volume.

    « Après ce coup de maître, qui l’avait porté au rang des meilleurs écrivains du temps, Flaubert voulut acquérir une autorité nouvelle en composant un livre entièrement différent du premier, aussi bien par le sujet que par la tonalité du récit. Il avait en réserve des manuscrits qu’il aurait pu certes publier, notamment la Tentation de saint Antoine, dont il venait de faire paraître des fragments dans une revue, et l’Éducation sentimentale, dans sa première version. Mais il rêvait depuis longtemps d’une « grande machine antique ». Le nom d’Anubis, divinité égyptienne à tête de chacal, est cité par lui, comme sujet possible, dès 1850 : il imaginait l’aventure d’une femme aimée par le dieu. D’Anubis, il passa à Baal, autre divinité à tête d’animal, et, finalement, il se fixa sur Carthage. »

    « […]

    « […]. C’est en se fiant à son sens critique et à son intuition de poète qu’il entreprit d’évoquer une ville, une civilisation, des personnages disparus depuis vingt siècles. Il fallait pour cela substituer à l’observation directe des choses une documentation historique minutieusement contrôlée. Vouloir faire de Carthage, enfouie sous sa poussière millénaire, une peinture aussi vivante que celle d’un village normand, c’était tenter une entreprise audacieuse. Mais Flaubert n’entendit point se soumettre uniquement aux méthodes de l’érudition : « L’étude de l’habit nous fait oublier l’âme, écrit-il à Feydeau… Quant à l’archéologie, elle sera « probable ». Voilà tout. Pourvu que l’on ne puisse pas me prouver que j’ai dit des absurdités, c’est tout ce que je demande. »

    « Dans son récit, l’histoire et la fiction sont étroitement liées. L’épisode historique, pris dans Polybe (Histoire, I) c’est la lutte des Carthaginois contre les mercenaires qu’ils avaient eux-mêmes recrutés, lors de la première guerre punique (241 avant J.-C.). L’épisode romanesque, c’est la fille d’Hamilcar, — « fille inventée par votre serviteur », reconnaît fièrement Flaubert, — c’est l’imaginaire Salammbô qui l’apporte, par son aventure avec Mâtho, le chef mercenaire. A cela s’ajoute un élément d’extrême importance qui, de chapitre en chapitre, accroît l’intensité tragique du tableau : la cruauté des mœurs de Carthage, la férocité de ses dieux sanguinaires qu’apaisent les immolations d’enfants offerts en holocauste, pratiques terribles, attestées par de nombreux témoignages et notamment par un texte décisif de Diodore de Sicile. C’est Moloch dans toute son horreur qui probablement tenta le bon Flaubert. On sait qu’il faisait profession, par haine des « bourgeois stupides », d’admirer Néron et Héliogabale au point de vue de l’art. « Soyons féroces, proclame-t-il. Versons de l’eau de vie sur ce siècle d’eau sucrée. Noyons le bourgeois dans un grog à XI mille degrés et que la gueule lui en brûle, qu’il en rugisse de douleur ! »

    « Tout d’abord, il fit des lectures, s’infligea « une indigestion de bouquins » et prit des notes durant plusieurs mois ; puis, « bourré de son sujet », il se mit à l’œuvre. »

    « […]

    « Les historiens Polybe et Appien lui fournissaient la base de son exposé ; les traits de mœurs, les détails multiples, il les puisait un peu partout, utilisant Pline, Xénophon, Plutarque, Hippocrate, Athénée, en même temps que des travaux récents, comme l’Hygiène des Arabes, du docteur Bertherand. Une de ses grandes sources fut la Bible, qu’il lisait dans la traduction de Cahen. Tel passage de Salluste (Jugurtha, XVIII-XIX) lui servit pour marquer l’influence assyrienne ; et lorsqu’il voulut montrer l’horrible condition des esclaves enchaînés au moulin, c’est un texte d’Apulée (Métamorphoses, IX) qui lui donna la note juste. « Quand je n’ai pas eu de textes, j’ai eu recours aux voyageurs modernes et à mes souvenirs personnels. » Ainsi pour décrire les tortures de la soif, il évoqua les heures qu’il avait passées avec Maxime Du Camp, dans le désert du Kosseir, en 1850, et compléta ses propres impressions par le récit du docteur Savigny, médecin du radeau de la Méduse.

    « Le climat, l’atmosphère, les couleurs de la terre et du ciel, le romancier croyait les connaître, ayant vécu plus d’un an au moyen Orient. Toutefois, il n’avait pas été en Tunisie : un scrupule le saisit et, en 1858, il alla visiter les ruines de Carthage et la région avoisinante.

    « Après ce voyage fructueux, qui se prolongea près de deux mois, il dit à Feydeau : « Je t’apprendrai que Carthage est complètement à refaire ou plutôt à faire. Je démolis tout. C’était absurde ! impossible ! faux ! Je commence à comprendre mes personnages et à m’y intéresser. C’est déjà beaucoup. »

    « Et dès lors, le travail de l’artiste se poursuivit sans relâche, durant quatre années. Travail colossal qu’attestent les manuscrits : on peut voir à la Bibliothèque nationale les cinq forts volumes réunissant les ébauches et les brouillons de Salammbô, au total près de deux mille feuillets in-folio écrits recto et verso. Le manuscrit définitif, qui compte seulement 340 pages, porte en exergue deux dates de la main de Flaubert : Septembre 1857-avril 1862.

    « C’est vers la fin de 1860 que le romancier atteignit son dixième chapitre, où la fille d’Hamilcar apparaît au premier plan. Salammbô (elle s’appela primitivement Pyra ou Pyrha), cette princesse qui s’ennuie, comme toutes les héroïnes et tous les héros chers au cœur de Flaubert, semble agir parfois comme une somnambule ; elle va, sur l’injonction du grand-prêtre Schahabarim, rechercher au camp des mercenaires le voile sacré de Tanit, dérobé par Mâtho. Elle pénètre sous la tente du guerrier (chapitre XI), s’abandonne, puis retourne vers Carthage avec son butin, après avoir esquissé le geste de Judith. Elle parle peu, reste pudique et secrète, même à l’instant suprême : « Moloch, tu me brûles… » Certains traits de son fin visage furent vraisemblablement empruntés par l’écrivain à la figure de belles mortelles qu’il admirait, et l’on cite à ce sujet le nom de Jeanne de Tourbey.

    « Au centre du prodigieux décor de Carthage, Salammbô paraît menue, malgré sa mort dramatique, qui l’humanise et la grandit. Mais il est évident que le roman de Flaubert n’est qu’en partie une histoire d’amour. C’est surtout un récit sanguinaire : « J’éventre des hommes avec prodigalité, disait l’auteur. Je verse du sang. Je fais du style cannibale. » Les derniers chapitres, « la grillade des moutards », l’agonie des barbares dans le défilé de la Hache (Polybe avait été mal traduit, il eût fallu lire : passage de la Scie), le supplice de Mâtho enfin, atteignent le paroxysme de l’atrocité.

    « — « Vous inventez des horreurs !… » s’exclama Sainte-Beuve.

    « Et Flaubert avouait : « On marche dans les tripes. »

    « Son goût pour les couleurs éclatantes s’unissait ici à sa misanthropie : après avoir montré, dans Madame Bovary, la sottise et la platitude de ses semblables, il se complaisait à étaler leur méchanceté, leur monstrueuse cruauté, leur avidité, qu’il compare à celle des requins, leur orgueil, leur lâcheté.

    « […]

    « […], Salammbô fit grand bruit et connut un succès immédiat ; mais les critiques se montrèrent souvent réticents, voire dénigrants. Ce fut le cas de Sainte-Beuve, qui considérait qu’on ne peut pas « recomposer la civilisation antique » : dans trois articles du Moniteur, il multiplia les réserves. Flaubert, piqué au vif, répliqua par une longue lettre, se défendant pied à pied. Il répondit aussi, très vertement, à Guillaume Frœhner, jeune archéologue allemand qui, gonflé de sa science et de sa cuistrerie, avait cru bon de discuter les sources. »

    « […]

    « Dans son décor superbe et sanglant, Salammbô n’a rien perdu de son éclat. On a continué, certes, à chercher ses défauts. Paul Valéry blâmait le détail archéologique, qui pèse quelquefois, pensait-il, sur sa robe étincelante. Cependant la jeune Parque, nourrie « du lait des rêveries », enlacée au serpent, « ce bras de pierreries », s’apparente visiblement à la fille d’Hamilcar.

    « […]

    « Observant que Flaubert, dans les textes sur lesquels il s’appuie, « n’a jamais tant cherché une documentation qu’une autorisation », André Gide a dit très justement : « Par horreur de la réalité quotidienne, il s’est épris surtout ici de ce qui en différait. Croit-il vraiment avec Théophraste que les escarboucles soient formées de l’urine des lynx ? Certes non ! mais il se réjouit de ce qu’un texte de Théophraste l’autorise à feindre d’y croire ; et ainsi du reste. »

    « […]

    « […] nombreux sont ceux qui ont essayé d’évoquer le monde antique ; mais on ne signale pas beaucoup de réussites. En ce genre difficile, le toc est fréquent et se délabre vite.

    « Salammbô seule conserve son charme mystérieux de figure chryséléphantine, l’or et les diamants qui la parent défient le temps, ses parfums ne sont pas éventés, ses flammes brûlent toujours. Poème unique dans la littérature française, il réalise le rêve de Flaubert, qui s’écriait, à son retour de Carthage : « Que toutes les énergies de la nature, que j’ai aspirées, me pénètrent et qu’elles s’exhalent dans mon livre. À moi puissance de l’émotion plastique ! Résurrection du passé à moi ! à moi ! Il faut faire, à travers le beau, vivant et vrai quand même. » »

    « Jacques Suffel. »

    (In : FLAUBERT, Gustave. Salammbô. Chronologie et préface par Jacques Suffel. Paris : Garnier-Flammarion, 1964. 311 p. P. 17-23.)


    Voici, extrait de la rubrique « Salammbô et les auteurs contemporains » (p. 503, 504 de l’édition Conard, 1921), un courrier envoyé à Flaubert par Auguste Vacquerie (écrivain et journaliste ; 1819-1895) :

    « Mon cher Ami,

    « Merci de votre envoi. J’avais lu votre livre, je l’ai relu, je suis encore plus ravi que la première fois. Ce qui m’a touché particulièrement, c’est la grandeur. Faire grand, cela est donné à bien peu, surtout dans ce temps où tous ont le dos courbé sous le poids de l’aimable régime que nous portons.

    « […]

    « Salammbô est presque une insulte pour le public actuel. Elle lui est une mesure de son amoindrissement ; elle lui rappelle qu’il y a autre chose que les cancans de coulisses ; elle l’offense dans son esprit et dans ses calembours. N’importe, vous avez porté un grand coup, et qui aura un long retentissement. Ceux que vous n’avez pas convaincus, vous les avez avertis, si malgré eux ils avaient désormais votre voix dans les oreilles. Et dès à présent vous êtes compris de tous ceux qui ne consentent pas à l’abaissement intellectuel que nous a fait l’abaissement politique ; je suis de ceux-ci et je vous félicite de Salammbô, et je vous en remercie. Après tous ces succès misérables et tous ces chefs-d’œuvre saugrenus qu’on admire à quatre pattes et en prenant bien garde de les écraser, c’est si bon et si sain d’admirer debout, la poitrine ouverte aux grands souffles et les yeux dans les étoiles !

    « À vous de plus en plus.

    « Auguste Vacquerie.

    « 6 janvier 1863. »

    (In : Flaubert, Gustave. Salammbô. Paris : Louis Conard, libraire-éditeur, MCMXXI [1921]. 506 p. [Coll. : Œuvres complètes de Gustave Flaubert]. P. 503-504 — extrait de la rubrique intitulée : « Salammbô et les auteurs contemporains »).


    Voici un autre courrier, rédigé celui-ci par Flaubert alors qu’il a entamé la rédaction de Salammbô (tandis que le roman est encore intitulé Carthage) adressé par Flaubert à l’une de ses connaissances, l’homme de lettres Ernest Feydeau (1821-1873) :

    « À Ernest Feydeau.

    [Croisset, janvier 1861].

    « Si je ne t’écris pas, mon bon, c’est que je n’ai absolument rien à te dire. Je m’oursifie et m’assombris de plus en plus — et ce qui se passe dans la capitale n’est pas fait pour m’égayer. J’ai un tel dégoût de ce qu’on y applaudit et de toutes les turpitudes qu’on y imprime, que le cœur m’en soulève rien que d’y songer. (Est-ce beau le tapage que l’on fait autour des deux ineptes vomissages des sieurs Lacordaire et Guizot ! ah ! ah !) — J’avance tout doucement dans Carthage avec de bons et de mauvais jours (ceux-là plus fréquents, bien entendu).

    « J’ai écrit un chapitre depuis six semaines, ce qui n’est pas mal pour un bradype de mon espèce. J’espère, avant le milieu de mars, en avoir fort avancé un autre, le XIᵉ ; après quoi il m’en restera quatre, c’est long ! Tous les après-midi je lis du Virgile, et je me pâme devant le style et la précision des mots. Telle est mon existence, — mais parlons de la tienne, qui va changer. Bénie soit-elle, cher ami ; accepte tous mes souhaits, tu dois savoir s’ils sont sincères et profonds.

    « Nous ne suivons guère les mêmes sentiers. As-tu fait cette remarque ? Tu crois à la vie et tu l’aimes, moi je m’en méfie. J’en ai plein le dos et en prends le moins possible. C’est plus lâche, mais plus prudent — ou plutôt il n’y a dans tout cela aucun système : chacun suit sa voie et roule sur la petite pente, comme le Maktoûb l’a résolu. Écris-moi quand tu n’auras rien de mieux à faire.

    « Mille bonheurs — et longs surtout.

    « Je t’embrasse.

    « Je suis ce soir éreinté à ne pouvoir tenir ma plume, c’est le résultat de l’ennui que m’a causé la vue d’un bourgeois. Le bourgeois me devient physiquement intolérable. J’en pousserais des cris. »

    (In : FLAUBERT, Gustave. CorrespondanceTroisième série (1854-1869). Paris : Bibliothèque-Charpentier. 1892. 408 p. P. 207).


    Gustave Flaubert travaillera plus de quatre ans donc, à la rédaction de Salammbô, jusqu’au début de 1862. Le roman sera publié par l’éditeur Michel Lévy à la fin du mois de novembre de cette même année. Le roman remportera un succès considérable.

    Nous-même, qui voilà près d’un demi-siècle avons lu cet ouvrage, pouvons en témoigner, il est extrêmement rare de se livrer à une lecture si prenante, provoquant de si intenses émotions…

    Et depuis lors, plusieurs dizaines d’années durant, avons-nous éprouvé le besoin de relire de temps à autre certains passages de ce texte remarquable, vénérable.

    Et maintes fois, en notre for intérieur, avons-nous exprimé l’avis que l’auteur d’un tel texte, n’eût-il écrit que ce seul roman, aurait par cela-même bien rempli sa vie, n’aurait pas vécu vainement !

    Récemment, après avoir procédé à un nouveau classement des ouvrages sur quelques rayons de notre bibliothèque, nous avons eu à déplacer le seul exemplaire de Salammbô que nous possédons (éditions Garnier-Flammarion, 4e trimestre 1964), et qui se trouvait en deuxième ligne, masqué par d’autres livres.

    Alors nous le compulsâmes, et « perdîmes » quelques longs moments à en relire les chapitres VII et VIII, puis le chapitre X, et enfin les dernières pages du chapitre XV, dernières pages de l’ouvrage.

    Alors nous étonnâmes-nous de ne point encore avoir ajouté ce roman au catalogue de notre site internet ; aussi entreprîmes-nous aussitôt (ou presque) de porter remède à cette grave négligence…


    Voici l’incipit, justement, le plus fameux, sûrement, de toute la littérature française :

    « C’était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d'Hamilcar. »

    C’est par cette phrase donc, par ce paragraphe, que s'ouvre Salammbô, le roman de Flaubert


    TABLE DES MATIÈRES de l’édition de Salammbô par Louis Conard de 1921 [FLAUBERT, Gustave. Salammbô. Paris : Louis Conard, MCMXXI (1921). (Coll. Œuvres complètes de Gustave Flaubert). 506 p.] — les chiffres romains correspondent aux numéros des chapitres ; les chiffres arabes, à la foliotation :

    I. Le Festin… p. 1
    II. À Sicca… p. 26
    III. Salammbô… p. 55
    IV. Sous les murs de Carthage… p. 66
    V. Tanit… p. 90
    VI. Hannon… p. 111
    VII. Hamilcar Barca… p. 138
    VIII. La Bataille du Macar… p. 188
    IX. En Campagne… p. 213
    X. Le Serpent… p. 233
    XI. Sous la Tente… p. 251
    XII. L'Aqueduc… p. 277
    XIII. Moloch… p. 304
    XIV. Le Défilé de la Hache… p. 352
    XV. Mâtho… p. 402.

    NOTICE… p. 415 :

    Sources et méthode :

    I. Source principale… p. 418
    II. Sources accessoires… p. 445.

    INDEX (sources diverses)… p. 450.

    NOTES :

    I. L'écriture de Salammbô… p. 465
    II. Les ébauches et le manuscrit… p. 475 .

    VARIANTES… p. 483.

    SALAMMBÔ ET LES AUTEURS CONTEMPORAINS… p. 501.


    Reproduction d'un tableau du peintre italien Glauco Combo, inspiré par le chapitre X du roman de Flaubert intitulé Salammbo.

    L'illustration de ce paragraphe
    n'est pas constituée d'une gravure tirée d'une édition du roman,
    mais consiste en une reproduction d'un tableau de 1906
    (inspiré par le chapitre X du roman)
    du peintre italien Glauco Combo (1875-1930).
    L'illustration provient de commons.wikimedia.org.

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  • Auteur : Socrate le Scolastique (Socrates Scholasticus – Sokrates Scholasticus).
  • N. B. : numérisation : Google ; livre issu des collections de : National Library of Naples ; téléchargé depuis : archive.org.

    HISTOIRE - RELIGION CHRÉTIENNE — (+++) —


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  • Auteur : Pierre-Joseph Proudhon.
  • N. B. : numérisation : Google ; livre issu des collections de : Oxford University ; téléchargé depuis : archive.org.

    HISTOIRE - RELIGION - POLITIQUE — (++++) —


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  • Auteur : Antoine Touron (Père).
  • N. B. : numérisation : Google ; livre issu des collections de : Bibliothèque publique de Lyon ; téléchargé depuis : archive.org.

    HISTOIRE - RELIGION CHRÉTIENNE (CATHOLIQUE) — (++) —


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  • Auteurs : Henricus Institoris, Jacobus Sprenger.
  • N. B. : numérisation : MDZ – Münchener DigitalisierungsZentrum - Digitale Bibliothek ; livre issu des collections de : Bayerische StaatsBibliothek ; téléchargé depuis : digitale-sammlungen.de (MDZ).

    RELIGION CHRÉTIENNE - SORCELLERIE - INQUISITION — (++++) —



  • Auteurs : Henricus Institoris, Jacobus Sprenger.
  • Traducteur : Montague Summers.
  • N. B. : numérisation : Internet Archive ; livre issu des collections de : Wellcome - Historical Medical Library ; téléchargé depuis : archive.org.

    RELIGION CHRÉTIENNE - SORCELLERIE - INQUISITION — (++++) —


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  • Auteur : Baruch [de] Spinoza (ou Benedictus [de] Spinoza).
  • N. B. : numérisation : e.rara.ch ; livre issu des collections de : Universitätsbibliothek Bern ; téléchargé depuis : e.rara.ch.

    PHILOSOPHIE - RELIGION - THÉOLOGIE - POLITIQUE — (++++) —


    Voici, tirée d'un « Dictionnaire encyclopédique » une courte biographie de Spinoza, une évocation de la substance de ses ouvrages, de sa philsophie…

    Extraits (dans les extraits cités infra, les éventuels appels de notes ne sont pas retranscrits ;
    et nous transcrivons le texte dans le respect de la lettre « ſ », lettre minuscule « s long latin »:

    Extrait n°1 (Tractatus Theologico-Politicus. Hamburgi, apud Henricum Künrath. MDCLXX ; chapitre XIII, p. 157-158 [p. 174-175 du fichier PDF]) :

    « […]. Deinde minime etiam mirum, quod sacra volumina ubique adeo improprie de Deo loquantur, eique manus, pedes, oculos, aures, mentem, & motum localem tribuant, & præterea etiam animi commotiones, ut quod sit Zelotypus, miſericors &c. & quod denique ipſum depingant tanquam judicem, & in coelis, tauquam in ſolio regio ſedentem, & Chriſtum ad ipsius dextram. Loquuntur nimirum secundum captum vulgi, quem Scriptura non doctum, sed obedientem reddere ſtudet. […]. »

    Extrait n°2 (Tractatus Theologico-Politicus. Hamburgi, apud Henricum Künrath. MDCLXX ; chapitre XIV, p. 160 [p. 177 du fichier PDF]) :

    « Ut hæc igitur ordine oſtendam, summum totius Scripturæ intentum repetamus, id enim nobis veram normam fidei determinandæ indicabit. Diximus in superiori Capite, intentum Scripturæ eſſe tantum obedientiam docere. Quod quidem nemo inficias ire poteſt. Quis enim non videt, utrumque Teſtamentum nihil eſſe præter obedientiæ disciplinam ? nec aliud utrumque intendere, quam quod homines ex vero animo obtemperent ? »

    Extrait n°3 (Tractatus Theologico-Politicus. Hamburgi, apud Henricum Künrath. MDCLXX ; chapitre XIV, p. 162 [p. 179 du fichier PDF]) :

    « […]. Sequitur denique fidem non tam requirere vera, quam pia dogmata, hoc eſt, talia, quæ animum ad obedientiam movent : Tametſi inter ea plurima ſint, quæ nec umbram veritatis habent, dummodo tamen is, qui eadem amplectitur, eadem falſa eſſe ignoret alias rebellis neceſſario esse ; […] »


  • Auteur : Baruch [de] Spinoza (ou Benedictus [de] Spinoza).
  • Traducteur : Émile Saisset.
  • N. B. : numérisation : Serge Schoeffert et David Bosman - édition H. Diaz ; livre issu des collections de : … ; téléchargé depuis : spinozaetnous.org.

    PHILOSOPHIE - RELIGION - THÉOLOGIE - POLITIQUE — (++++) —


    Traduction par Émile Saisset (1842 ; p. 125) de l’extrait n°1 du Tractatus Theologico-Politicus cité supra :

    « Il n’est pas non plus étrange que les livres sacrés parlent partout si improprement de Dieu, qu’ils lui donnent des mains, des pieds, des yeux, des oreilles, une âme, un mouvement local, et jusqu’aux passions du cœur comme la jalousie, la miséricorde, etc. ; et enfin qu’ils le représentent comme un juge assis dans le ciel sur un trône royal, ayant le Christ à sa droite. Un pareil langage est évidemment approprié à l’intelligence du vulgaire, à qui l’Écriture s’efforce de donner, non la science, mais l’esprit d’obéissance. »

    Traduction par Émile Saisset (1842 ; p. 127) de l’extrait n°2 du Tractatus Theologico-Politicus cité supra :

    « Pour exposer tous ces points avec méthode, revenons sur le véritable but de toute l’Écriture ; cela nous donnera la vraie règle pour déterminer la foi. Nous avons dit dans le chapitre précédent que le seul but de l’Écriture est d’enseigner l’obéissance ; et c’est une vérité que personne ne peut mettre en doute. Qui ne voit en effet que les deux Testaments ne sont, l’un et l’autre, qu’une doctrine d’obéissance, et qu’ils n’ont pas d’autre but que d’inviter les hommes à une obéissance volontaire ? »

    Traduction par Émile Saisset (1842 ; p. 128) de l’extrait n°3 du Tractatus Theologico-Politicus cité supra :

    « Il s’ensuit enfin que la foi ne requiert pas tant la vérité dans les doctrines que la piété, c’est-à-dire ce qui porte l’esprit à l’obéissance. Alors même que la plupart de ces doctrines n’auraient pas l’ombre de la vérité, il suffit que celui qui les embrasse en ignore la fausseté ; autrement, il serait nécessairement rebelle : […]. »


  • Auteur : Baruch [de] Spinoza (ou Benedictus [de] Spinoza).
  • Traducteur : J. G. Prat.
  • N. B. : numérisation : Google ; livre issu des collections de : Bibliothèque de la ville de Lyon ; téléchargé depuis : books.google.fr.

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    Traduction par J. G. Prat (1872 ; p. 295) de l’extrait n°1 du Tractatus Theologico-Politicus cité supra :

    « Il n’est nullement étonnant non plus que les livres sacrés parlent partout si improprement de Dieu, qu’ils lui attribuent des mains, des pieds, des yeux, des oreilles, une âme, le mouvement local, jusqu’aux passions de l’âme ; par exemple qu’il est jaloux, miséricordieux, etc. ; et, enfin, qu’ils le dépeignent comme un juge, assis dans les cieux, sur une manière de trône royal, ayant le Christ à sa droite. Ces livres s’expriment, sans contredit, selon la portée de l’intelligence du vulgaire, que l’Écriture ne vise pas à rendre savant, mais obéissant.  »

    Traduction par J. G. Prat (1872 ; p. 298-299) de l’extrait n°2 du Tractatus Theologico-Politicus cité supra :

    « Mais, pour montrer la chose avec ordre, redisons quel est le but dernier de toute l’Écriture : cela nous indiquera la vraie règle pour déterminer la nature de la foi.

    « Au Chapitre précédent, nous avons dit que le but de l’Écriture était seulement d’enseigner l’obéissance. À cet égard, personne ne nous peut contredire. Qui ne voit, en effet, que les deux Testaments ne sont qu’une règle d’obéissance, et n’ont, l’un et l’autre, d’autre fin, que de faire obéir les hommes d’un cœur sincère ? »

    Traduction par J. G.  Prat (1872 ; p. 302) de l’extrait n°3 du Tractatus Theologico-Politicus cité supra :

    « Il suit enfin de là que ce n’est pas tant des dogmes vrais que la foi exige, que des dogmes pieux ; c’est-à-dire des dogmes tels, qu’ils poussent l’esprit à l’obéissance, encore que, parmi ces dogmes, il s’en trouve quelques-uns qui n’aient pas l’ombre de vérité. Il faut, toutefois, que celui qui les embrasse, ignore qu’ils sont erronés ; autrement il serait nécessairement rebelle. »


  • Auteur : Baruch [de] Spinoza (ou Benedictus [de] Spinoza).
  • Traducteur : Jean Paul Guastalla.
  • N. B. : numérisation : J. P. Guastalla ; livre issu des collections de : … ; téléchargé depuis : academia.edu.

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    Traduction par J. P. GUASTALLA (p. 365) de l’extrait n°1 du Tractatus Theologico-Politicus cité supra :

    « Ensuite, il ne faut absolument pas s’étonner non plus, que les manuscrits sacrés parlent partout de Dieu à ce point improprement, et lui attribuent des mains, des pieds, des yeux, des oreilles, localement le mouvement et la pensée et en outre aussi des états d’âme, comme être maladivement jaloux, miséricordieux etc. et enfin le dépeignent en réalité comme un juge et assis dans le ciel sur un trône royal le Christ sur son côté droit. Ces manuscrits assurément parlent selon la capacité de la multitude que l’Écriture s’applique à rendre obéissante, mais non savante. »

    Traduction par J. P. GUASTALLA (p. 369) de l’extrait n°2 du Tractatus Theologico-Politicus cité supra :

    « Pour montrer cela dans l’ordre donc, répétons la suprême intention de l’Écriture tout entière, qui nous indiquera en effet la vraie règle de détermination de la foi. Nous avons dit dans le chapitre précédent que l’intention de l’Écriture est seulement d’enseigner l’obéissance. Ce contre quoi assurément, personne ne peut aller. Qui ne voit en effet que l’un et l’autre Testaments ne sont rien d’autre qu’une discipline d’obéissance, et ne tendent l’un et l’autre à rien d’autre que les hommes obtempèrent d’un cœur sincère ? »

    Traduction par Jean Paul Guastalla (p. 373) de l’extrait n°3 du Tractatus Theologico-Politicus cité supra :

    « Il suit enfin que la foi requiert non tant des dogmes vrais, que des dogmes pieux, c’est-à-dire tels qu’ils poussent l’âme à l’obéissance, même si parmi ces dogmes le plus grand nombre n’a pas l’ombre d’une vérité ; à condition toutefois que celui qui les embrasse ignore lui-même qu’ils sont faux, autrement il serait nécessairement insoumis. »

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  • Auteur : Paul-Henri Thiry [baron d'] Holbach (Ou bien : Paul Heinrich Dietrich von Holbach).
  • Auteur : Simon Nicolas Henri Linguet (auteur de : La Cacomonade).

  • Voici, tirée d'un « Dictionnaire encyclopédique » une courte biographie de Paul-Henri-Thiry d'Holbach, une très brève et tendancieuse évocation du style de la rédaction, de la substance de ses ouvrages, de sa philsophie…


    Avant que de parcourir une rubrique d'un catalogue (« bulletin 9/2023 ») de la « Librairire Hogier » (« Livres anciens & modernes ») sur le site Internet du SLAM (Syndicat national de la Librairie Ancienne et Moderne — URL : https://app.slamlivrerare.org/membres/librairie-hogier/ — consultation le : 15-01-2024), nous pensions ne jamais avoir eu l'occasion de lire le baron d'Holbach. Après exploration des rayons de notre bibliothèque, consultation rapide d'un vieux « Recueil de textes philosophiques » (RABAUDY, Christian de ; ROLLAND, Béatrice. Sophia. Recueil de textes philosophiques pour les classes terminales C, D et E, avec présentations, notes et questions, préface d'Yvon Belaval, professeur à la Sorbonne. La Connaissance et l'Action. Paris : Hatier, 1971. 543 p.), nous y avons trouvé un marque-page portant une mention « D'HOLBACH » et repérant la page 345, page où se trouve cité un texte du baron relatif à « L'utilitarisme », et extraite de « Système de la nature » ; nous reproduisons la note « (b) » de cette page 345 :

    « L'œuvre de d'Holbach est considérable et concerne de nombreux domaines du savoir. Il a écrit plus de trois cents articles de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, notamment sur des sujets de chimie. Ses principales œuvres sont : Système de la nature (1770), Politique naturelle (1773), Système social (1773), Ethocratie (1776), La morale universelle (1776), etc. »

    Ci-après nous citons l'intégralité de la rubrique considérée du catalogue de la « Librairie Hogier », à laquelle nous faisons référence plus haut (même si son troisième point, relatif à l'ouvrage intitulé Fragmens d'un poème moral sur Dieu et inclus dans la même reliure que les précédents, ne se révèle pas strictement utile ici…) :

    « 1/ [ATHÉISME. – HOLBACH, VROESEN, LUCAS, MARÉCHAL.] Recueil de 3 ouvrages en un volume in-8, solidement habillé de grosse toile verdâtre, étiquette manuscrite sur le dos, gardes de papier marbré, tranches rouges. Reliure du XVIIIe siècle.

    « 850 €

    « [HOLBACH (Paul-Henry Thiry, baron d')]. Le Bon sens, ou idées naturelles opposées aux idées surnaturelles. S.n., Londres, 1774. [2] ff., XII-302 pp.

    Seconde édition de cet ouvrage paru pour la première fois en 1772, après Le Système de la Nature et peu de temps avant Le Système social. On recense 2 éditions de 1774, celle-ci est différente de celle conservée à la Bnf.

    Grimm dit [de] cet ouvrage dans sa correspondance littéraire en janvier 1773 : « c’est le système de la nature dépouillé de ses idées abstraites et métaphysiques ; c’est l’athéisme mis à la portée des femmes de chambres et des perruquiers ; c’est le catéchisme de cette doctrine écrit sans prétention, sans enthousiasme, d’un style précis et simple, parsemé d’apologues pour l’édification des jeunes apprentis athées. » Cette édition sera condamnée en 1774 par le Parlement à être lacérée et brûlée, en même temps que De l’homme d’Helvétius, et sera mise à l’index en 1775. (cf. Jammes, Bucher, n°97.)

    Vercruysse, Bibliographie descriptive des écrits du Baron d’Holbach, 1774/A2.

    « Suivi de : Traité des trois imposteurs, s.l., s.n., 1775. 152 pp. (Sign. A-I8, K4.)

    Seconde édition de cet ouvrage anticlérical de la fin du XVIIe ou début du XVIIIe s. sur l’imposture des fondateurs des trois religions monothéistes. Composé probablement entre 1678 et 1688, il circula d’abord sous forme manuscrite, diffusé en diverses versions et sous des différents titres. Le titre primitif, L’esprit de Spinoza (en 8 chapitres), fut remanié en 1721 sous le titre De tribus impostoribus ou Traité des trois imposteurs (en six chapitres). Le texte fut fixé dans sa forme définitive en 1768 puis réédité de 1775 à 1796.

    Il a été attribué par certain à Jan Vroes, conseiller à la cour de Brabant, par d’autres, dont Barbier, à Jean-Maximilien Lucas, protestant établi en Hollande à partir de 1667. L’auteur y fait l’apologie de la méthode exégétique décrite dans le Traité théologico-politique de Spinoza. Le chapitre VI est consacré aux Esprits qu’on nomme Démon. La fin est occupée par : Sentimens sur le Traité des trois imposteurs, extrait d’une lettre ou Dissertation de M. de La Monnoye à ce sujet ; Réponse à la Dissertation de M. de La Monnoye. – La Réponse est signée : J. L. R. L. Elle est attribuée à Pierre-Frédéric Arpe, par une note imprimée, et à Jean Rousset, par Barbier et par Haag.

    Bnf : R-52698. Barbier IV, 788-789. Plessis, Essai d’une bibliographie de la sorcellerie…, n° 276.

    « Suivi de : [MARÉCHAL (Sylvain).] Fragmens d’un poème moral sur Dieu. A [A]theopolis, l’An premier du règne de la Raison, 1781. 91 pp.

    Édition originale. L’épigraphe du titre donne le ton : « L’Homme a dit : faisons Dieu ; qu’il soit à notre image. Dieu fut ; & l’ouvrier adora son ouvrage ».

    Personnage haut en couleurs, surtout le rouge, Sylvain Maréchal (1750-1803) : poète léger, érudit, athée, journaliste et dramaturge révolutionnaire, conspirateur communiste plutôt anarchisant, appartient tout à la fois au mouvement littéraire, au mouvement philosophique et au mouvement social de la fin du 18e.

    Cioranescu II, 42499. Maurice Dommanget, « Sylvain Maréchal, L’égalitaire, L’homme sans Dieu (1750-1803). Vie et œuvre de l’auteur du « Manifeste des Égaux », Paris, Spartacus : Cahiers mensuels, juill.-déc. 1950, in-8°, 516 p. »


    Si la lecture de certains auteurs, tels, par exemples, Salluste (Περι θεων και κοσμου [À propos des dieux et du monde]), Baruch Spinoza (Tractatus Theologico-Politicus [Traité théologico-politique]), Voltaire (Dictionnaire philosophique), Sigmund Freud (Der Mann Moses und die monotheistische Religion [L'Homme Moïse et la religion monothéiste]), Alain de Benoist (Comment peut-on être païen ?), Éric Stemmelen (La Religion des seigneurs)… vous insupporte, vous exaspère voire, alors, ménagez-vous !, épargnez-vous la lecture des ouvrages de l'athée baron d'Holbach.

    Quant à l'avocat et auteur plein de verve Simon Nicolas Henri LINGUET (auteur de : La Cacomonade ; un essai, un recueil, traitant de médecine, de théories médicales…), qui naquit à Reims en 1736 et décéda à Paris en 1794, il se montra un adversaire de la mouvance philosophique par la rédaction de quelques ouvrages (entre 1767 et 1792).


    N. B. : numérisation : Internet Archive ; livre issu des collections de : Library of the University of Toronto ; téléchargé depuis : archive.org.

    PHILOSOPHIE - RELIGION - ATHÉISME


    N. B. : numérisation : Internet Archive ; livre issu des collections de : Smithsonian Libraries ; téléchargé depuis : archive.org.

    N. B. : numérisation : Internet Archive ; livre issu des collections de : Wellcome Libraries… ; téléchargé depuis : archive.org.

    PHILOSOPHIE - RELIGION - ATHÉISME


    N. B. : numérisation : BNF-Gallica ; livre issu des collections de : BNF ou Bibliothèque municipale d'Alençon (?) ; téléchargé depuis : gallica.bnf.fr.

    N. B. : numérisation : BNF-Gallica ; livre issu des collections de : BNF ; téléchargé depuis : gallica.bnf.fr.

    PHILOSOPHIE - RELIGION - ATHÉISME

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  • Auteur : Sigmund Freud.
  • N. B. : numérisation : International Psychoanalytic University Berlin ; conservation : International Psychoanalytic University Berlin ; téléchargé depuis : archive.org.

    ESSAI — (HISTOIRE) — (RELIGION) — () —


    N. B. : numérisation : Internet Archive ; conservation : Welcome Library Institute ; téléchargé depuis : archive.org.

    ESSAI — (HISTOIRE) — (RELIGION) — () —


    Table des matières de l’ouvrage de Sigmund Freud (Amsterdam : Verlag Allert de Lange, 1939) :

    INHALT [Contenu ; ou : Table des matières]

    I. MOSES EIN ÄGYPTER [Moïse un Égyptien]…7

    II. WENN MOSES EIN ÄGYPTER WAR [Si Moïse était un Égyptien]… 27

    III. MOSES, SEIN VOLK, UND DIE MONOTHEISTISCHE RELIGION [Moïse, son peuple et la religion monothéiste]…95

    Erster Teil [Première partie]

    Vorbemerkung I [Note préliminaire I]…97

    Vorbemerkung II [Note préliminaire II]…101

    A. Die historische Voraussetzung [Prémisse historique ]…105

    B. Latenzzeit und Tradition [Temps de latence et Tradition]…119

    C. Die Analogie [Analogie]…130

    D. Anwendung [Exploitation]…144

    E. Schwierigkeiten [Difficultés]…165

    Zweiter Teil [Seconde partie]

    Zusammenfassung und Wiederholung [Résumé et récapitulation]…183

    a. Das Volk Israel [Le Peuple D'Israël]…186

    b. Der grosse Mann [Le grand Homme]…189

    c. Der Fortschritt in der Geistigkeit [Le Progrès dans la spiritualité]…197

    d. Der Triebverzicht [Le Renoncement aux pulsions]…204

    e. Der Wahrheitsgehalt der Religion [Véracité de la religion]…216

    f. Die Wiederkehr des Verdrängten [Le Retour du refoulé]…220

    g. Die historische Wahrheit [La Vérité historique]…225

    h. Die geschichtliche Entwicklung [Le Développement historique]…232


    Le mythe mosaïque, il convient de le noter, relève d’un type légendaire dont il se démarque peu…

    Voici donc un extrait de l'ouvrage présenté dans cette rubrique (de l'édition en langue allemande) : Sigmund Freud. Der Mann Moses und die monotheistische Religion – Drei Abhandlungen. Amsterdam : Verlag Allert de Lange, 1939. S. 14-17 (I. Moses ein Ägypter:

    « Im Jahre 1909 hat 0. Rank, damals noch unter meinem Einfluss, auf meine Anregung eine Schrift veröffentlicht, die betitelt ist „Der Mythus von der Geburt des Helden”.1) Sie behandelt die Tatsache, dass „fast alle bedeutenden Kulturvölker… frühzeitig ihre Helden, sagenhaften Könige und Fürsten, Religionsstifter, Dynastie-, Reichs-, und Städtegründer, kurz ihre Nationalheroen in Dichtungen und Sagen verherrlicht” haben. ,, Besonders haben sie die Geburts – und Jugendgeschichte dieser Personen mit phantastischen Zügen ausgestattet, deren verblüffende Ähnlichkeit, ja teilweise wörtliche Übereinstimmung bei verschiedenen, mitunter weit getrennten und völlig unabhängigen Völkern längst bekannt und vielen Forschern aufgefallen ist. » Konstruiert man nach dem Vorgang von Rank, etwa in Galtonscher Technik, eine „Durchschnittssage”, welche die wesentlichen Züge all dieser Geschichten heraushebt, so erhält man folgendes Bild :

    « ,, Der Held ist das Kind vornehmster Eltern, meist ein Königssohn.

    « Seiner Entstehung gehen Schwierigkeiten voraus, wie Enthaltsamkeit oder lange Unfruchtbarkeit oder heimlicher Verkehr der Eltern infolge äusserer Verbote oder Hindernisse. Während der Schwangerschaft oder schon früher erfolgt eine vor seiner Geburt warnende Verkündigung (Traum, Orakel), die meist dem Vater Gefahr droht.

    « Infolgedessen wird das neugeborene Kind meist auf Veranlassung des Vaters oder der ihn vertretenden Person zur Tötung oder Aussetzung bestimmt ; in der Regel wird es in einem Kästchen dem Wasser übergeben.

    « Es wird dann von Tieren oder geringen Leuten (Hirten) gerettet und von einem weiblichen Tiere oder einem geringen Weibe gesäugt.

    « Herangewachsen, findet es auf einem sehr wechselvollen Wege die vornehmen Eltern wieder, rächt sich am Vater einerseits, wird anerkannt anderseits und gelangt zu Grösse und Ruhm.”

    « Die älteste der historischen Personen, an welche dieser Geburtsmythus geknüpft wurde, ist Sargon von Agade, der Gründer von Babylon (um 2800 v. Chr.). Es ist grade für uns nicht ohne Interesse, den ihm selbst zugeschriebenen Be – richt hier wiederzugeben : » […].

    « […].

    « Die uns vertrautesten Namen in der mit Sargon von Agade beginnenden Reihe sind Moses, Kyros und Romulus. Ausserdem aber hat Rank eine grosse Anzahl von der Dichtung oder der Sage angehörigen Heldengestalten zusammengestellt, denen dieselbe Jugendgeschichte, entweder in ihrer Gänze oder in gut kenntlichen Teilstücken, nachgesagt wird, als : Odipus, Karna, Paris, Telephos, Perseus, Herakles, Gilgamesch, Amphion und Zethos u. a. »

    Note du bas de la page 14 :

    « 1) Fünftes Heft der „Schriften zur angewandten Seelenkunde”, Fr. Deuticke, Wien. Es liegt mir ferne, den Wert der selbständigen Beiträge Ranks zu dieser Arbeit zu verkleinern. »


    Voici comme est traduit par Olivier Mannoni cet extrait du texte de S. Freud (N. B. : nous indiquons en complément des appels des notes de bas de pages le n° de la page où il se trouve) :

    « En 1909, Otto Rank, encore sous mon influence à cette époque, a publié à mon instigation un texte intitulé Le Mythe de la naissance du héros 2 p18. Il traite du fait que « presque tous les peuples civilisés importants […] nous ont transmis, dans de multiples légendes et œuvres littéraires, des traditions dans lesquelles ils ont glorifié, depuis les temps les plus anciens, leurs héros, leurs rois et princes légendaires, leurs fondateurs de religions, de dynasties, d’empires et de villes, bref, leurs héros nationaux. C’est surtout l’histoire de la naissance et de la jeunesse de ces surhommes qui paraît dotée de traits fantastiques. La ressemblance de ces traits, voire leur concordance parfois littérale chez des peuples différents, parfois très éloignés les uns des autres et vivant dans une complète indépendance les uns par rapport aux autres, est depuis longtemps connue et n’a pas manqué d’attirer l’attention de nombreux chercheurs 1 p19 ».

    Si l’on reconstruit selon le procédé de Rank, par exemple dans la technique de Galton, une « légende type » qui ferait ressortir les traits essentiels de toutes ces histoires, on obtient le tableau suivant :

    « Le héros est l’enfant de parents des plus éminents ; c’est la plupart du temps un fils de roi.

    » Sa naissance est précédée par des difficultés, comme la continence, ou une longue période de stérilité, ou des rapports clandestins entre les parents à la suite d’interdits ou d’obstacles extérieurs. Au cours de la grossesse ou même avant, un présage (rêve, oracle) vient mettre en garde contre cette naissance, annonçant le plus souvent un danger pour le père.

    » En conséquence, le nouveau-né est destiné à la mort ou à l’exposition, le plus souvent à l’instigation du père ou d’une personne qui en tient lieu ; habituellement, il est confié à l’eau dans un coffret.

    » Il est ensuite sauvé par des animaux ou des gens de basse condition (des bergers) et allaité par un animal ou par une humble femme.

    » Devenu grand, il retrouve, à travers maintes aventures, ses nobles parents, se venge de son père et, d’autre part, il est reconnu et parvient à la gloire et à la renommée 1 p20 »

    « Le plus ancien des personnages historiques auxquels est associé ce mythe de la naissance est Sargon d’Agadé, le fondateur de Babylone (vers 2800 avant J.-C.). […] »

    « […]

    « Dans la série qui débute avec Sargon d’Agadé, les noms qui nous sont le plus familiers sont ceux de Moïse, de Cyrus et de Romulus. Par ailleurs, Rank a rassemblé un grand nombre de figures héroïques issues des textes poétiques ou de la saga, auxquels on prête la même histoire de jeunesse, ou bien totalement, ou bien sous forme de fragments très reconnaissables, qu’à Œdipe, Karna, Pâris, Télèphe, Persée, Hercule, Gilgamesh, Amphion et Zethos, etc. »

    Note de la page 18 :

    « 2. Loin de moi l’idée de diminuer la valeur des contributions autonomes de Rank à ce travail.

    Note de la page 19 :

    « 1. Otto Rank, Le Mythe de la naissance du héros (1909), Paris, Payot, 1983, p. 31. Traduction modifiée. (N.d.T.)

    Note de la page 20 :

    « l. Ibid., p. 89. »


    Il nous semble utile, dès maintenant, de rappeler à notre lecteur l’épisode biblique nous contant comment Moïse fut « sauvé des eaux » du Nil (nous citons la traduction de « La Bible Osty » ; Exode Chap. 2, 1-14:

    « Naissance et jeunesse de Moïse

    « 2

    « Un homme de la maison de Lévi s’en alla prendre une fille de Lévi. 2 La femme conçut et enfanta un fils. Voyant qu’il était beau, elle le cacha pendant trois mois. 3 Comme elle ne pouvait plus le tenir caché, elle prit pour lui une corbeille en papyrus, qu’elle enduisit de bitume et de poix, y mit l’enfant et la déposa dans les joncs, sur la rive du Nil. 4 La sœur de l’[enfant] se tint à quelque distance pour savoir ce qui lui adviendrait. 5 La fille de Pharaon descendit au Nil pour se baigner, tandis que ses suivantes marchaient le long du Nil. Elle vit la corbeille au milieu des joncs et envoya sa servante pour la prendre. 6 Elle ouvrit et elle le vit, lui, l’enfant ; c’était un petit garçon qui pleurait. Elle en eut compassion et dit : « C’est quelque enfant des Hébreux. » 7 La sœur de l’[enfant] dit à la fille de Pharaon : « Veux-tu que j’aille t’appeler parmi les femmes des Hébreux une nourrice qui t’allaitera l’enfant ? » – 8 « Va », lui dit la fille de Pharaon, et la jeune fille s’en fut appeler la mère de l’enfant. 9 La fille de Pharaon lui dit : « Emmène cet enfant et allaite-le ; et moi je te donnerai ton salaire. » La femme prit l’enfant et l’allaita. 10 Quand l’enfant eut grandi, elle l’amena à la fille de Pharaon. Il devint pour elle un fils et elle l’appela du nom de Moïse ; « car, dit-elle, je l’ai tiré des eaux ».

    « Moïse tue un Égyptien et s’enfuit en Madiân

    « 11 Or, en ces jours-là, Moïse, qui avait grandi, se rendit chez ses frères et vit leurs corvées. Il vit un Égyptien qui frappait un Hébreu, un de ses frères. 12 S’étant tourné de tous côtés et voyant qu’il n’y avait personne, il frappa l’Égyptien et l’enfouit dans le sable. 13 Il sortit le lendemain, et voici que deux Hébreux se querellaient. Il dit à celui qui avait tort : « Pourquoi frappes-tu ton prochain ? » 14 Celui-ci dit : « Qui t’a établi chef et juge sur nous ? Penses-tu me tuer comme tu as tué l’Égyptien ? » Moïse prit peur et se dit : « À coup sûr, la chose est connue ! » […] »

    (In : La Bible. Traduction française sur les textes originaux par Émile Osty avec la collaboration de Joseph Trinquet. Introductions et notes d’Émile Osty et de Joseph Trinquet. Paris : Seuil, 1973. 2620 p. P. 146 col. 2 ; p. 147 col. 1-2.)

    Ci après, la teneur des notes de bas de pages [situées p. 146 (col. 1 et 2) ; p. 147 (col. 1)] correspondant au texte biblique cité :

    « 2

    « La majeure partie de ce chapitre est formée par les documents élohiste (v 1-15a ; ou, selon d’autres, v 110) et yahviste (v 15b-23a ; ou, selon d’autres, v ll-23a), auxquels s’ajoute un fragment du document sacerdotal (v 23b-25).

    « 1-10 Récit bien connu sur « Moïse sauvé des eaux », souvent rapproché des légendes antiques relatant enfances et destinées des fondateurs d’empire ou de religion (Sargon, Cyrus, Persée, Romulus et Rémus) ; tout en possédant son originalité propre, c’est avec la légende de Sargon, roi d’Akkad (3e millénaire av. J.-C.). qu’il offre le plus de ressemblances.

    « 1 « prendre » en mariage. – Lit : « la fille de Lévi », c’est-à-dire une femme de la descendance de Lévi. Mais voir la généalogie de 6,20, et la note. – Récit tout centré sur Moïse : on n’apprendra qu’incidemment au v 4 qu’il a une sœur bien plus âgée que lui ; ce serait Miryam, sœur d’Aaron, 15,20 ; Nomb 12,1 ; 26,59. – Au ch 6,18.20, le document sacerdotal nomme les parents de Moïse, et le frère de celui-ci, Aaron (cf 3,14), de trois ans son aîné (7,7).

    « 2 « il était beau (lit : bon) » : comparer avec Ac 7,20, et He 11,23. – Elle le cacha pour le soustraire aux mesures édictées en 1,16.22.

    « 3 « corbeille » : traduction (d’après vulg fiscella) d’un terme hébreu tébah, « caisse », qu’on ne rencontre qu’ici et en Gn 6,14 s, où il désigne la construction flottante édifiée par Noé : cette dernière est traditionnellement appelée (d’après vulg arca) l’Arche de Noé. Un autre terme hébreu est usité pour « l’arche » d’alliance, voir 25,10, et la note. – Le papyrus est employé même pour la construction de barques légères (cf Is 18,2). – « la rive », lit : « la lèvre ».

    « 5 « ses suivantes », lit : « ses jeunes filles ». – « le long », lit : « la main », « le côté ».

    « 7 « femmes des Hébreux », lit : « Hébreues », cf, 15 ; « une nourrice » (cf Gn 24,59 ; 35,8), lit : « une qui allaite ».

    « 8 « la jeune fille » : le terme hébreu ('almâh) désigne une jeune fille nubile, une adolescente (Gn 24,43). Elle a donc au moins douze à quinze ans de plus que Moïse.

    « 9 « allaite-le », lit : « allaite-le pour moi ».

    « 10 « eut grandi » : à l’âge du sevrage, environ trois ans cf Gn 21,8. – Moïse est adopté par la fille de Pharaon qui se charge de l’éduquer. D’après la tradition juive « il fut instruit dans toute la sagesse des Égyptiens » (Ac 7,2122). – Le nom de Moïse (en hébreu môchèh, que l’étymologie populaire rapproche ici du verbe hébreu mâchâh, « tirer ») est probablement d’origine égyptienne et signifie « garçon, fils » (comme’dans Thut-mosis, Ramsès, « fils de Thot », « fils de Ra », divinités égyptiennes).

    « 11 « en ces jours-là » : ceux de l’oppression des Hébreux par Pharaon (1,8-14). Moïse est devenu un homme. – La vue des « corvées » (cf 1,11) est cause de chagrin et de sympathie douloureuse. – « un Égyptien », peut-être un des « chefs de travaux » (1,11). – « un de ses frères » : Moïse connaît ses origines et ne les a pas reniées. – Pour ces versets 11-16, voir la présentation des faits en Ac 7,23-29.35 ; He 11,24-26.

    « 12 « de tous côtés », lit : « de-ci de-là ».

    « 13 « le lendemain », lit : « le second jour ». – « se querellaient » : ce verbe en hébreu suggère aussi l’échange de coups, cf 21,22 ; Lev 24,10 ; 2 Sam 14,6 ; Deut 25,11. – « à celui qui avait tort », lit : « au méchant », au coupable ; voir 9,27 ; 23,7, note.

    « 14 L’Hébreu n’a vu dans le geste de Moïse que celui d’un meurtrier, et non celui d’un futur libérateur du peuple. […] »

    (In : La Bible. Traduction française sur les textes originaux par Émile Osty avec la collaboration de Joseph Trinquet. Introductions et notes d’Émile Osty et de Joseph Trinquet. Paris : Seuil, 1973. 2620 p. Notes au bas des pages 146 [col. 1 et 2] et 147 [col. 1]).


    « 1.6 • Trois millénaires durant

    « Le régime profitait en fait essentiellement au clergé, qui en Égypte, trois millénaires durant (jusqu’à la conquête romaine), économiquement au moins, bénéficiant d’immunités accumulées au cours des âges, fut un « état dans l’état », les rois 217 ayant concédé aux dieux, à leurs temples donc, au clergé, aux clergés, en définitive, des possessions immenses 218, et au roi lui-même ; et indirectement à ceux qui dépendaient de lui : son entourage, son administration. Le roi était théoriquement propriétaire de l’Égypte entière, sol, animaux, êtres humains, et se réservait certains monopoles comme l’extraction des métaux, des pierres précieuses, l’exploitation des carrières nécessaires aux constructions des bâtiments, à la statuaire, le butin des razzias de son armée, le bénéfice des guerres étrangères.

    « Le pays était éminemment centralisé, et l’ancienne aristocratie, privée de pouvoir effectif surtout dès le Nouvel Empire, puis les classes moyennes, quand timidement elles apparurent enfin, fournirent en fonctionnaires (scribes), une administration omniprésente, dont chaque secteur, la justice et ses tribunaux n’en constituant pas le moindre, était soumis à l’autorité d’un ministre. Au sommet de la structure gouvernementale se trouvait donc le roi entouré de ses conseillers, de ses ministres. La Basse Égypte et la Haute Égypte étaient chacune placée sous l’autorité d’un vizir dépendant directement du roi. Des gouverneurs étaient chargés de l’administration des nomes, aidés en cela par un corps de fonctionnaires ; c’était au niveau des nomes que se rendait la justice, réglée par la coutume et la jurisprudence ; de l’administration des nomes relevait aussi la surveillance des grands travaux de différentes natures entrepris par la monarchie, la levée des troupes, et le prélèvement des impôts. Ce dernier office permit l’immense fortune des rois du Nouvel Empire, leurs grands travaux, l’édification de temples gigantesques et nombreux, les guerres, l’entretien d’une administration colossale, à l’époque du moins, et l’entretien du harem du souverain, le train de vie pharaonique de la cour. »

    Notes, de bas de pages, n° 217 et 218. P. 133 [A4] ; p. 200-201 [A5] — il s'agit des notes de bas de pages correspondant au texte cité ci-dessus —, qui permettront d’apprécier plus finement encore les éléments à prendre en considération :

    Note n° 217 :

    « 217 Le pharaon est un roi-prêtre, fils d’Amon, il règne siégeant sur le trône d’Horus des Vivants ; il préside aux cérémonies les plus essentielles du culte (par exemple celles appelant la crue du Nil) ; et le clergé n’officie, en quelque sorte, que par sa délégation.

    « Il se trouva que l’un de ces pharaons, dotés de pouvoirs immenses et sans guère d’entrave, entreprit de prendre en main totalement la destinée religieuse, et non seulement religieuse mais artistique aussi, de l’Égypte. Il érigea un nouveau culte dont il fit assumer la charge, par la création de nouveaux impôts, par la taxation des autres cultes. Amenophis IV fut ce pharaon hérétique.

    « Ce nouveau culte fut celui d’Aton. Aton était le disque solaire, conçu par Amenophis IV comme le symbole ou la manifestation visible d’un dieu suprême, ou unique sûrement selon de très nombreux auteurs. Le culte d’Aton débuta probablement sous l’apparence d’une simple hétérodoxie, avant d’être ressenti comme une hérésie sans doute, avant d’acquérir tous les caractères d’une réforme religieuse fondamentale, d’un hénothéisme, d’une nouvelle religion hégémonique indubitablement, ou exclusive voire. Amenophis IV (nom évoquant Amon, et signifiant « Satisfaction d’Amon »), qui choisit de se nommer Akhenaton (nom faisant référence à Aton, et signifiant « Serviteur d’Aton », « Serviteur du disque solaire » (les anglo-saxons transcrivent généralement ce nom sous la forme : Ikhnaton), est considéré par de nombreux auteurs, souvent ceux-là mêmes évoqués ci-dessus, comme le fondateur du monothéisme (cf. FREUD, Sigmund. Moise et le monothéisme. Paris : Gallimard, 1980.(Idées nrf). 183 p.). Akhenaton fit construire une nouvelle capitale : Akhetaton (« Horizon du disque ») et prit l’initiative de provoquer la naissance d’une nouvelle esthétique, d’un art nouveau à la fois naturaliste et presque caricatural.

    « Une dizaine d’années après le début de son règne, Akhenaton créa un « traumatisme profond. Des milliers de textes et d’images d’Amon furent martelées dans tout le pays et pour ses successeurs, Akhenaton devint un souverain maudit : celui dont le cartouche est ignoré sur les listes royales des Ramsès ! » (In TRAUNECKER, Claude. Akhenaton théologien et économiste. Religions & histoire, novembre-décembre 2009, n° 29. P. 43).

    Note n° 218 :

    « 218 Par exemple, vers le milieu du XIIe siècle av.n.è. (à l’époque de Ramsès III, vers la fin de la XXe dynastie), le dieu Rê d’Héliopolis jouissait du service de 13 000 hommes, de l’exploitation de domaines de 45 000 ha, possédait 45 000 bestiaux, le dieu Amon, quant à lui, de 80 000 hommes, 240 000 ha, 420 000 bestiaux. »



    L ’Homme Moïse et la religion monothéiste, l’ouvrage de Sigmund Freud, comporte trois essais.

    Les deux premiers de ces essais nous intéressent ici au premier chef : ils s’appuient sur des considérations linguistiques et historiques, archéologiques, et nous invitent à nous interroger en particulier sur l’identité de Moïse, et sur son unicité ; un seul homme nommé Moïse (Mosche en langue hébraïque) exista-t-il, ou bien en exista-t-il deux, un premier qui conduisit le peuple « hébreu » hors d’Égypte, un second qui vit sa carrière s’interrompre avant la conquête de Canaan, « la Terre promise » ?

    Ces deux premiers essais nous invitent à nous interroger également, notamment, sur l’origine de la tribu des Lévites.

    Selon les hypothèses développées, l’origine du nom même de Moïse apparaît ainsi être d’origine égyptienne, et Moïse se révèle-t-il être en fait très probablement, voire indubitablement, un Égyptien des plus cultivés et d’un rang social relativement élevé, ayant donc connaissance de la tentative amarnienne de réformer la vie politique et religieuse de l’Égypte, ayant lui-même des ambitions politiques et religieuses ; la tribu des Lévites aurait été composée, à l’origine, de la suite de Moïse, de ses gens, de son personnel, des Égyptiens qu’il aurait pu entraîner dans son aventure.

    La glorification du « héros » Moïse dans le mythe se trouve exposé dans le texte biblique au chapitre 2 du livre de l’Exode (comme cela se trouve rappelé plus haut).

    Toutefois il convient, nous semble-t-il, de remarquer (chapitre 2 du livre de l’Exode, versets 11 à 14) le fait que Moïse, se rêvant en nouvel Akhenaton, se rêvant maître d’un peuple qu’il se choisit, maître des corps et des esprits, ne paraît pas avoir en cela suscité chez ses nouveaux compatriotes un accueil très favorable, ni laissé dans les mémoires (le témoignage des rédacteurs du texte biblique en fait foi) une adhésion, un enthousiasme très spontané ; ce qui pourrait nous porter à considérer les hypothèses de S. Freud concernant la fin de l’homme Moïse, comme recevables…


    P. 202-204 [A4] :

    « 3.9 • Sargon l’Ancien, sauvé des eaux, élu d’Ishtar ; le divin, et sacrilège, Naram-Sin, pilleur et destructeur de l’E-kur

    « Sargon, le roi puissant, le roi d’Akkad, je suis.

    « Ma mère était grande-prêtresse ; quant à mon père jamais je ne le connus. Le frère de mon père vivait dans le pays des monts. Ma ville est Azupiranu, qui se trouve sur la rive de l’Euphrate. Elle me conçut, la grande prêtresse, ma mère, dans le secret, et secrètement me donna le jour. Elle me déposa dans une corbeille d’osier, dont elle assura le colmatage par du bitume, et me livra aux flots du fleuve, auxquels je ne pouvais me soustraire. Et le fleuve me porta ; vers Aqqi, le puiseur d’eau, il me conduisit. Aqqi le puiseur d’eau, qui abaissa son baquet, et qui, le relevant, me porta vers l’en haut. Aqqi le puiseur d’eau, m’adopta et m’éleva comme son fils. Aqqi le puiseur d’eau, me forma à sa fonction de jardinier. Alors que je n’étais qu’un jardinier, Ištar, pourtant, se prit pour moi d’une affection qui ne cessa de croître. Et alors, ainsi, pendant quarante ans je régnai en tant que roi ; et le peuple des têtes-noires je régissais et gouvernais.

    « Avec des pics de cuivre, je vous le dis, je dus tailler ma route par les plus difficiles montagnes. Je vous le dis, je dus gravir les hautes montagnes, je vous le dis, traverser les monts à leurs pieds ; et les contrées marines, je vous le dis, par trois fois je cinglais vers elles et les visitais. Dilmun, je vous le dis, me fut soumise (…). La Grande Muraille des Cieux et de la Terre, je vous le dis, je la gravis. Ses nombreuses et lourdes pierres, je vous le dis, je les déposai.

    « Un roi qui après moi viendra, peu importe qui il sera, qu’il exerce donc la royauté pour (…) années ! Qu’il gouverne le peuple des têtes-noires ! Qu’il taille sa route par les plus difficiles montagnes avec des pics de cuivre ! Qu’il gravisse les montagnes les plus hautes ! Qu’il traverse les monts à leurs pieds ! Qu’il cingle vers les contrées marines et les visite, par trois fois ! Qu’il soumette Dilmun ! Qu’il gravisse la Grande Muraille des Cieux et de la Terre ! Qu’il en dépose les nombreuses et lourdes pierres ! […] ». 335.

    « Les commencements de la carrière de Sargon ne nous sont connus que par des textes, à connotations légendaires, qui semblent ne s’être développés qu’après son règne 336. « Bien sûr un individu extraordinaire peut occuper le trône sans être fils de roi et, dans ce cas, ses qualités, notamment militaires, ainsi que le choix divin d’autant plus invoqué que la légitimité dynastique fait défaut, jouent un rôle particulièrement important. » 337. Selon le peu que nous pouvons ainsi connaître de ses origines, Sargon aurait été un enfant abandonné, recueilli par un humble travailleur, et serait devenu jardinier avant de parvenir à la fonction d’échanson du souverain de Kiš ; qu’il aurait ensuite servi dans une fonction militaire ou il se serait illustré, avant de prendre le pouvoir, puis de conquérir, comme nous l’avons évoqué plus haut, exploit alors inédit, la Mésopotamie entière, l’Elam, et les contrées entre Euphrate et Méditerranée. Sargon l’Ancien usurpa donc le trône de Kiš et en bon propagandiste se forgea une histoire avantageuse, où la divinité se montre pour lui propice, où, non content de se voir de la sorte déjà distinguée, sa personnalité singulière et remarquable lui permet de se saisir avec bonheur de toutes les opportunités que lui offrit le destin ; son histoire « C’est l’histoire populaire des fondateurs de religion ou d’empire : l’histoire de Moise confié aux eaux et recueilli par la fille de Pharaon, l’histoire de Cyrus et de Romulus exposés et nourris par un berger jusqu’à l’adolescence. » 338. »

    Note 335 (p. 202 [A4]) :

    « 335 GOODNICK WESTENHOLZ, Joan. Legends of the Kings of Akkade. Winona Lake : Eisenbrauns, 1997. 410 p. P. 38-45 (s’y trouvent une translittération du texte antique, une traduction de ce texte antique en langue anglaise et des notes). La traduction-adaptation (de l’anglais vers le français) que nous donnons ici est de notre fait ; nous y faisons figurer par « (…) » les passages perdus, altérés, ou à la signification trop incertaine du texte antique, et par « […] » les passages que nous omettons sciemment.

    « N.B.1 : le texte que nous citons ici, emprunté à l’ouvrage de Joan Goodnick Westenholz, est originellement un texte rédigé en vieux-babylonien, et porté sur des tablettes de la collection de Kuyunjik (tell sur le site de l’ancienne Ninive qui fut capitale de l’Assyrie) et qui furent peut-être découvertes dans la librairie du palais de Sennachérib (au sud du tell) ou dans le palais d’Aššurbanipal… Pour plus de précision : cf. GOODNICK WESTENHOLZ, Joan. Legends of the Kings of Akkade. Winona Lake : Eisenbrauns, 1997. 410 p. P. 37 (§ intitulé Circumstances of Discovery).

    « N.B.2 : Dilmun correspond peut-être à l’île actuelle de Bahreïn.

    Note 336 (p. 203 [A4]) :

    « 336 « On n’oubliera pas que les recherches dans ces contrées sont conduites dans des contextes politiques rarement propices à un travail serein. Malgré ces difficultés, la Mésopotamie demeure la région où l’on peut aborder les dossiers qui sont au cœur de la question de la naissance de l’État, de la fin du VIIe à la fin du IIIe millénaire. Pendant ces quatre mille ans, on est passé, dans ce pays, d’un tissu léger de communautés villageoises à un État au sens moderne du terme.

    « La chronologie absolue du début de cette période ne peut être établie que par des méthodes archéologiques alors qu’à partir de la date de l’invention de l’écriture, au tournant du IVe et du IIIe millénaire, on dispose de textes. Mais les dates fournies par ces derniers ne remontent pas, pour les plus solides, au-delà du milieu du IIe millénaire. Le débat actuel porte sur le règne du roi Hammurabi de Babylone, qu’un consensus plaçait, jusqu’à ces dernières années, entre 1792 et 1750 avant J.-C. Des travaux récents 3 proposent – et la discussion ne semble pas terminée – une chronologie plus courte selon laquelle il aurait régné un siècle plus tard, de 1696 à 1654. Tous les calculs portant sur une époque antérieure dépendent de ce choix. Si l’on remonte à la troisième dynastie d’Ur (fin du IIIe millénaire), la chronologie devient flottante. Au-delà, les difficultés croissent. Pour l’époque d’Akkad (XXIVe – XXIIe siècle), on connaît la succession des souverains, mais très mal la durée de leur règne. Les dates de Sargon d’Akkad sont donc controversées. Ce prince assure son autorité vers 2340 avant J.-C. selon les uns, un peu plus tard selon les autres. Antérieurement, la chronologie de l’époque sumérienne archaïque (de 2900 à 2300 av. J.C.) est appuyée sur deux sources différentes : les inscriptions royales, qui documentent bien l’histoire de la dynastie de Lagash (entre 2550 et 2350) et la Liste Royale Sumérienne, élaborée au début du IIe millénaire, qui énumère des rois « d’avant le Déluge » et les dynasties d’après le Déluge. À la suite de cet événement, « la royauté descendit à nouveau du ciel, la royauté fut à Kish ». Mais les compilateurs de ce document ont sans doute présenté comme successives des dynasties contemporaines et rivales. À l’intérieur de ce cadre, quelques faits « historiques » peuvent être retracés. La plus ancienne inscription royale, « Mebaragesi, roi de Kish », n’est qu’une simple marque de propriété incisée sur un fragment de vase d’albâtre. On connaît les noms des quatre premiers « rois » d’Uruk, mais ces « événements » ne constituent pas un tissu historique continu 4. » In : HUOT, Jean-Louis, Vers l’apparition de l’État en Mésopotamie. Bilan des recherches récentes. Annales. Histoire, Sciences Sociales, 2005/5, p.953-973 ; le texte cité se trouve aux p. 954, 955 : nous reproduisons ci-dessous les notes (n° 3, p. 954 et 955 ; n°4, p. 955) de bas de pages relatives à ce texte :

    « « 3 – HERMANN GASCHE et alii, Dating the fall of Babylon. A reappraisal of second millennium chronology, Gand-Chicago, University of Ghent/Oriental Institute of the University of Chicago, 1998. Voir les commentaires de DOMINIQUE CHARPIN, « La politique hydraulique des rois paléo-babyloniens », Annales HSS, 57-3, 2002, pp. 545-559, ici p. 545 et n. 2, à compléter par HERMANN GASCHE, « La fin de la première dynastie de Babylone : une chute difficile », Akkadica, 124, 2003, pp. 205-220. »

    « « 4 – Voir JEAN-LOUIS HUOT, Les Sumériens : entre le Tigre et l’Euphrate, Paris, Éditions Errance, 1989, pp. 229-242 ; ID. (dir.), « Sumer », in J. BRIEND et M. QUESNEL (éd.), Supplément au « Dictionnaire de la Bible », t. XIII, fasc. 72-73, Paris, Letouzey & Ané Éditeurs, 1999-2002, col. 77-359 [Sumer]. »

    Note 337 (p. 203 [A4]) :

    « 337 GRANDPIERRE, Véronique. Histoire de la Mésopotamie. Paris : Gallimard, 2010. 541 p. (Folio histoire). P. 128. »

    Note 338 (p. 204 [A4]) :

    « 338 MASPÉRO, Gaston. Histoire ancienne des peuples de l'Orient. Paris : Librairie Hachette et Cie., 1912. 912 p. P. 190.


    « 612 TITE LIVE. Histoire romaine de Tite Live. Traduction nouvelle par MM. A. A. J. Liez, N. A. Dubois, V. Verger. Paris : C. L. F. Panckoucke, 1830. Tome premier. XIV p. et 401 p. (Bibliothèque Latine-française – Collection des classiques latins avec traduction en regard). P. 9, 11.

    « N.B.1 : la page 10 est consacrée au texte latin ; l'orthographe est celle du temps de la traduction.

    « N.B.2 : les récits mythologiques et légendaires relatifs à la fondation de Rome et concernant Romulus et Remus tout particulièrement, suivent un schéma très comparable à celui nous contant la naissance (et les péripéties qui la suivirent) de Sargon l'Ancien dont nous avons pu prendre connaissance plus haut.

    « Tite-Live (Titus Livius) naquit aux environs de l'an 60 av.n.è. Son décès eut lieu en 17 de notre ère. Historien, il se consacra entièrement, dès 27 av.n.è., à la rédaction d'une histoire de Rome, qu'il laissa inachevée (les événements dépeints ne dépassent pas la date de la mort de Drusus Nero Claudius, frère de Tibère et père de Germanicus, en 9 av.n.è.). Une large partie de l’œuvre de Tite-Live ne nous est pas connue : sur 142 livres rédigés, 35 seulement nous sont parvenus. »


    Relativement au même thème, encore, celui des anciennes légendes contant les destinées remarquables, extraordinaires, de certains personnages historiques, citons cette fois-ci un texte évoquant un autre personnage n’ayant pas été mentionné plus haut, Scyld, le fils de Scef, fondateur de l’une des dynasties danoises, et auquel aucun des auteurs mentionnés plus haut ne fait référence… :

    « Eh quoi ! nous avons entendu parler de la valeur des rois qui gouvernèrent jadis les Danois des Lances et de l’héroïsme dont firent preuve ces princes ! Souvent Scyld, fils de Scef, remporta la victoire sur des foules d’ennemis et de nombreuses tribus. Lui qui avait été jadis recueilli dans le dénûment, il devint un redoutable seigneur ; ses malheurs furent réparés, car il grandit, sa renommée s’étendit dans le monde et un jour vint où tous ses voisins lui furent soumis et lui envoyèrent le tribut par-dessus les mers. Oui, c’était un excellent roi ! — Il eut un enfant que Dieu envoya pour être la consolation de ses sujets, car le Seigneur avait été témoin des maux que leur avaient causés pendant bien longtemps leurs ennemis. C’est pourquoi Dieu leur donna de la gloire en ce monde. Beowulf fut célèbre ; le nom du descendant de Scyld retentit au loin dans le Scedeland. (C’est ainsi qu’il sied à un jeune guerrier de se montrer prodigue de bienfaits et de trésors envers les amis de son père afin que, dans sa vieillesse, il trouve aussi des compagnons volontaires qui puissent le servir en cas de guerre : ainsi sa renommée grandira dans chaque tribu par des actions d’éclat).

    « Quand le moment fatal fut venu Scyld partit, sous la garde de Dieu, pour le long voyage. Ses chers compagnons le portèrent à la mer, ainsi qu’il l’avait ordonné pendant qu’il régnait ; — son temps de puissance avait été long. Dans le port se trouvait une barque bien équipée, — la barque du roi. Ils y placèrent, près du mât, leur souverain. La barque était remplie d’objets précieux et de trésors venant de lointains pays. Jamais, à ma connaissance esquif ne reçut une plus belle parure d’armes et d’habits de guerre : cette masse de trésors devait partir avec lui sur les flots. Ils ne furent pas moins prodigues de dons envers lui que ne l’avaient été ceux qui l’avaient livré seul, après sa naissance, au caprice des vagues. — Ils firent flotter une bannière d’or au-dessus de sa tête, puis l’abandonnèrent à la mer. L’esprit tout rempli de tristesse ils n’auraient pu dire en vérité qui recevait la charge du navire. […] »

    • N.B. 1 — C’est nous qui mettons en gras certains passages du texte cité.

    • N.B. 2 — Il convient de remarquer que la traduction du texte en vieil-anglais (old-english) du Beowulf par Hubert Pierquin, [in : PIERQUIN, Hubert.Le Poème anglo-saxon de Beowulf — I - Introduction — Les Saxons en Angleterre — II - Le Poème de Beowulf - Texte et traduction – Notes - Index - Bibliographie rythmique - Grammaire – Lexique. Paris : Alphonse Picard & Fils, éditeurs. 1912] se montre, relativement au thème qui nous intéresse ici, plus équivoque, ambiguë, évasive, que la traduction de L. Botkine et de nombreuses autres traductions anglaises (new-english), françaises (par exemple celles d’André Crépin, de Daniel Renaud ou Jean Queval) ; le texte vieil-anglais correspondant au premier passage que nous mettons en gras dans la citation de la traduction de L. Botkine figurant ci-avant, H. Pierquin le traduit ainsi  : « […] ainsi le comte les terrifiait-il, quand ils l'avaient, une première fois, rejeté. » ; quant au second passage mis en gras, voici la traduction correspondante de H. Pierquin : « Ils le chargèrent de présents, avec le même bon vouloir que d'autres avaient mis à l’envoyer, jadis, à l'aventure, dans la misère, et à l'abandonner, seul, sur les vagues. ».

    Quant à la traduction du Beowulf par le très sérieux mais peu lyrique André Crépin, voici quelle est sa traduction des passages considérés ; le premier : « […] il fit trembler le noble guerrier après s’être jadis trouvé fort démuni. » ; le second : « Non, ils ne lui prodiguèrent pas moins d’offrandes, richesses de tout un peuple, que ne le firent ceux qui au début de sa vie le lancèrent solitaire sur les vagues encore enfant. » (In : CRÉPIN, André. BEOWULF – Édition diplomatique et texte critique, traduction française, commentaires et vocabulaire. Göppingen : Kümmerle Verlag, 1991. 2 volumes, 1051 p. — vol. 1 : 498 p. ; vol. 2 : de la p. 499 à la p. 1051. Premier passage : p. 602 ; second passage : p. 604).

    • N.B. 3 — Le personnage éponyme de l’épopée anglo-saxonne n’est pas le roi danois Beowulf mentionné dans l’extrait cité plus haut, mais un Goth (un Suédois), héros, apparaissant un plus tard au cours du récit et qui connaîtra un grand et tragique destin, venu prêter son secours au roi des Danois, Hrothgar.


    Ci-après vous trouverez une brève présentation de l’ouvrage de Sigmund Freud relevée sur le site « persee.fr »: Löwy Michael. Freud (Sigmund) L’Homme Moïse et la Religion monothéiste, trois essais. (In : Archives de sciences sociales des religions, n°62/2, 1986. pp. 273-274 ; https://www.persee.fr/doc/… ; fichier pdf généré le 14/03/2022) :

    « FREUD Sigmund

    « L’Homme Moïse et la Religion monothéiste, trois essais. Paris Gallimard 1986, 256 p.

    « Cette nouvelle traduction par (Cornélius Heim) rend à nouveau disponible une des œuvres les plus surprenantes du fondateur de la psychanalyse terminée peu avant sa mort (1939). Dans sa préface (par ailleurs très admirative) Marie Moscovici en parle comme un texte insensé et un livre « à vrai dire assez fou ».

    « La thèse centrale de l’ouvrage est suffisamment connue : Moïse n’était pas juif mais égyptien. Partisan du culte monothéiste du dieu Aton (établi de façon éphémère sous le règne du pharaon Akhenaton) il a transmis cette nouvelle foi aux Juifs et les guidés dans leur exode. Malgré l’assassinat de Moïse par les Juifs (hypothèse qu’il reprend à l’historien Sellin), la nouvelle religion survivra, fusionnée avec le culte du dieu Yahvé pratiqué par certaines tribus du Sinaï.

    « Dans Totem et Tabou (1912) Freud avait déjà analysé les religions par rapport au meurtre du père dans la horde primitive. Examinant la tradition judéo-chrétienne dans cette optique il avance maintenant l’hypothèse suivante : le repentir suscité par le meurtre de Moïse donna son impulsion au désir d’un Messie qui devait revenir et apporter à son peuple la délivrance. Le Christ est devenu ce Moïse ressuscité, son substitut et son successeur.

    « L’argument historique est discutable et repose comme le reconnaît honnêtement Freud sur des bases fragiles. On est néanmoins étonné de la créativité d’un esprit universel qui brasse l’herméneutique, l’histoire des religions, l’anthropologie, l’histoire sociale et la psychologie collective. Le premier titre que Freud a voulu donner à son essai était « L’Homme Moïse, un roman historique » : il s’agit en effet d’un texte où l’imagination a une place essentielle. Il n’en reste pas moins une des tentatives les plus originales et les plus passionnantes de retrouver les sources inconscientes des grandes religions monothéistes.

    « Un aspect moins connu du livre est la façon inhabituelle dont Freud interprète la résurgence de l’anti-sémitisme dans l’Europe des années 30. Loin de l’expliquer par la tradition chrétienne (« l’enseignement du mépris »), il le perçoit comme la réaction de certains peuples devenus tardivement chrétiens, restés sous une mince teinture chrétienne « épris d’un polythéisme barbare ». Ils n’ont pas surmonté leur aversion contre la religion nouvelle et par conséquent « leur anti-sémitisme est au fond de l’anti-christianisme » (p. 185)…

    « Michael Löwy. »


    En quoi donc le texte de Freud peut-il paraître révéler un caractère « insensé » ou « assez fou », en quoi le texte de Freud n’en reste-t-il « pas moins une des tentatives les plus originales et les plus passionnantes de retrouver les sources inconscientes des grandes religions monothéistes » ?

    Si le règne d’Amenhotep IV (ou, selon une terminaison hellénisante, Amenophis IV), qui prendra le nom d’Akhenaton, n’était pas connu, et que ce pharaon hérétique ayant initié la réforme amarnienne, une réforme religieuse majeure (culte d’Aton), ayant ordonné la construction d’une nouvelle capitale, ayant provoqué un renouveau des plus remarquables sur le plan artistique, n’apparaissait pas dans les listes dynastiques égyptiennes, alors, de telles appréciations de la part de certains commentateurs de l’ouvrage de Sigmund Freud auraient-ils pu se montrer recevables…

    Les commentaires cités plus haut concernant l’ouvrage, procèdent, à notre sens, de certains partis-pris.

    Les commentateurs, s’exprimant ici, ou uniquement évoqués, sont à n’en point douter, en considération de leurs appartenances à certains milieux, tributaires, par leurs formations, voire par atavismes éducatifs, didactiques, victimes d’une certaine sidération devant les textes bibliques (et plus particulièrement l’Ancien Testament ou même la Torah seulement, une part de celui-ci [i. e. le Pentateuque, ses cinq premiers livres : Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome]), comme d’autres le sont devant les mythes compilés par les Bollandistes ou leurs adeptes, ces commentateurs sont, à n’en point douter, victimes d’une certaine subjugation, qui les condamnent à abdiquer plus ou moins une démarche raisonnante à l’égard des thèmes abordés ; alors, ils ne se montrent plus capables de simplement raisonner, mais de résonner seulement.

    Quant à nous, qui ne sommes point universitaire, point historien de renom, point avide de découvrir un nouveau concept, nous estimons, et depuis longtemps déjà, avant même d’avoir lu l’ouvrage de Sigmund Freud, que la loi mosaïque procède de la réforme amarnienne, en est une résurgence. Nous estimons, comme nombre de personne s’étant un tant soit peu intéressées au sujet, qu’il est non seulement possible, mais probable, voire indubitable, que la réforme amarnienne se trouve à l’origine de la religion mosaïque.

    Une telle hypothèse ne nous semble pas relever d’une folle imagination, mais, sans avoir une âme policière pourtant, ni une mentalité de juge d’instruction, relever de la simple logique. Et quand bien même serions-nous affligé d’un esprit religieux et monothéiste, et inféodé à la lettre du texte biblique, serions-nous tenté de considérer que la divine Providence aurait bien pu, sinon susciter l’initiative réformatrice d’Akhenaton, du moins l’utiliser, en tirer parti…

    Que Sigmund Freud, dans la présentation de ses arguments dont l’originalité ne se révèle pas aussi flagrante que d’aucuns le prétendent (cf., relativement à l’appartenance de Moïse au monde égyptien, les théories de J. H. Breasted, et, en particulier en ce qui concerne la mort de Moïse, les hypothèses d’Ernst Sellin ; les travaux de ces deux historiens se trouvent évoqués par Freud lui-même), prenne de grandes précautions afin de ménager sa communauté ne nous paraît nullement en soi répréhensible ou infâme ; ainsi, pouvait-il raisonnablement penser ne pas s’aliéner les siens, contrairement à Spinoza, par exemple, ou penser ne pas s’aliéner nombre d’autres personnes.

    N. D. É. :

    • Akhenaton (ou : Akhnaton, Ikhnaton…), et son épouse Néfertiti (ou : Nofretete…) : XIVe siècle av.n.è. ;

    • « amarnien », « amarnienne » : du toponyme « Tell el-Amarna », site où se trouvent les ruines de la capitale (Akhetaton) bâtie sur l’ordre d’Akhenaton-Amenhotep IV, et où fut découvert le célèbre buste de la reine Néfertiti ;

    • Moïse : circa 1100 av.n.è. ;

    • l’école « bollandiste » (du nom du Jésuite Jean Bolland [XVIIe siècle] ; les Jésuites relèvent d’un ordre religieux catholique [la Compagnie de Jésus ; en latin : Societas Jesu] ; le catholicisme est une obédience chrétienne) : entreprit de compiler les vies écrites des Saints chrétiens et reconnus en tant que tels par l'Église catholique.

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